Tout savoir sur l’habitat participatif

Concevoir et gérer son futur logement à plusieurs, dans le respect de valeurs communes, telle est la philosophie de ce nouveau mode de vie.

Restez informée

Historiquement plus proche des cités ouvrières du XIXe que des communautés hippies qui l’ont inspiré, le concept d’habitat participatif a pris de l’ampleur dans les années 2000, en réponse à la flambée des prix de l’immobilier et à la revendication écologique du partage des ressources. En France, 250 projets ont déjà abouti et plus de 700 sont en cours. Pour faciliter leur création, la loi Alur de 2014 a défini un cadre juridique sous forme d’autopromotion immobilière ou de coopérative d’habitants. Le chantier du premier immeuble porté par une telle coopérative, Utop, vient de démarrer à Paris : les occupants seront propriétaires d’un droit de jouissance de 60 ans.

Une démarche collective innovante et éthique

Le cohabitat est un projet immobilier porté par un collectif qui fait réhabiliter ou construire un lieu pour y habiter ensemble. Durant la phase d’élaboration, le groupe définit les règles de gestion durable qu’il souhaite mettre en place, ainsi que les espaces en commun : une terrasse, un jardin, une buanderie, un atelier… Les projets réunissent en moyenne une quinzaine de familles qui partagent les décisions, l’organisation et la responsabilité de ces espaces. Ces carrefours de vie créent une véritable communauté et des services d’entraide (garde d’enfants, courses…).

Des espaces partagés et des économies à la clé

En mutualisant certaines pièces plutôt qu’en étant individuellement propriétaires du foncier correspondant, les cohabitants acceptent de réduire leur espace privatif. Ce qui représente une économie substantielle de loyer ou d’investissement financier. Les coûts de la buanderie, des bureaux de coworking ou du jardin partagé sont répartis entre les propriétaires à parts égales (1/10e du prix s’ils sont dix). « Certaines études considèrent que cela représente une économie de 15 % sur le budget logement« , précise Ludovic Parenty, coordinateur national d’Habitat Participatif France. Au-delà de ce gain foncier, les résidents peuvent aussi économiser les salaires liés au gardiennage ou à l’entretien (ménage…), en se partageant ces missions.

Un concept adapté à tous

Familles, couples, jeunes, vieux… Cet habitat « sur mesure » s’adresse à toutes les catégories de population, sans distinction d’âge ou de moyens. De fait, les sexagénaires en sont friands. « Plus de la moitié des candidats à l’habitat participatif sont des seniors, qui cherchent une alternative à la maison de retraite et veulent rester à domicile le plus longtemps possible« , souligne Ludovic Parenty. Attention, toutefois, plusieurs années sont nécessaires pour voir aboutir un projet.

Solidarité et lien social

Bien que la vie en communauté soit source de conflits (personnalités autoritaires, exigences de propreté variables, abus sonores…), ces copropriétés d’un autre genre se gèrent en démocratie et permettent de créer du lien. « Si c’était à refaire, je recommencerais sans aucune hésitation : ce mode d’habitat est un fantastique barrage à la solitude« , estime Véronique Brom, mère célibataire et l’une des 15 résidents de l’immeuble Lieu Commun, à Strasbourg, inauguré en 2018.

Monter son projet de cohabitat

Il vous faut rejoindre un groupe déjà constitué ou, plus courant, le créer vous-même. La plateforme Habitat Participatif France propose un accompagnement et des mises en relation de candidats. Vous devrez ensuite identifier un terrain ou un bâtiment. « Certaines collectivités –Nantes, Grenoble, Strasbourg, Lille– ont choisi de réserver du foncier au cohabitat, ce qui permet de répondre à des appels à projets« , indique Ludovic Parenty, coordinateur de la plateforme. N’hésitez pas à visiter des lieux lors de journées portes ouvertes ou à vous rendre aux conférences des Journées nationales, qui se tiendront à Lyon en juillet 2021.

L’avis de l’expert

Thomas Huguen, architecte chez Archi’Ethic

« Dans un projet d’habitat participatif, l’architecte s’apparente plus à un collaborateur qu’à un presta aire de services. Quant au collectif des futurs habitants, sans aller jusqu’à devenir le concepteur du bâtiment, il s’implique en tant qu’utilisateur ou maître d’ouvrage. Charge à ces personnes de préciser un programme qui définit le rôle de chacun, les moyens financiers disponibles et les objectifs qualitatifs et techniques attendus. Même si ces projets prennent en moyenne 6 à 9mois de plus qu’un programme de construction conventionnel, ils sont passionnants, car tout est à créer. Ainsi, ne vous interdisez aucune piste de réflexion, notamment sur les espaces collectifs formels (salon, chambre d’amis…) et informels (paliers, entrée…), que vous pouvez choisir de réunir à un endroit ou de disséminer.« 

A lire aussi :

Le coliving: la nouvelle forme d’habitat partagé
Tourisme participatif, on se lance ?
Ces quadragénaires qui préfèrent vivre en colocation

Source: Lire L’Article Complet