Tout savoir sur le pangolin

Le coronavirus a fait de lui l’ennemi public N°1. Sacré et pourchassé, ce mammifère est le symbole d’une nature fragilisée.

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La terreur planétaire

Menacé d’extinction car victime du plus gros trafic animalier au monde, le pangolin peinait jusqu’ici à se faire connaître du grand public… C’est chose faite, depuis le début de la pandémie du coronavirus ! Soupçonné d’être l’agent transmetteur de la maladie, l’exotique fourmilier a fait la une des médias. Bien que l’équipe scientifique qui avait avancé cette théorie se soit rétractée, la notoriété toute fraîche du bouc émissaire ne s’est pas écornée… Ni le braconnage dont il est encore l’objet.

Un animal-esprit au Congo

Pour plusieurs peuples de la République démocratique du Congo, il a une dimension sacrée. Chez les Lele du Kasaï, dans le sud du pays, l’animal est surnommé le « chef ». Il représente un résumé de l’univers, car il réunit des caractéristiques terrestres, aquatiques et célestes. Ce mammifère a quatre pattes, mais il a un corps de poisson recouvert d’écailles et évolue dans les arbres au même titre que les oiseaux. Les femelles ne mettant au monde qu’un seul petit à la fois, il est considéré comme différent des autres bêtes. Il est le médiateur entre les hommes et les esprits, le village et la forêt.

Un porte-bonheur au Zimbabwe

Connu dans le dialecte Jindwi sous le nom de « harakabvuka », signifiant quelque chose de rare, le pangolin est l’un des emblèmes du pays, reproduit sur les pièces de deux dollars. Il est censé porter chance. Lorsqu’un habitant en trouve un blessé, il doit le rapporter au chef local qui le réintroduit dans son milieu. Le Zimbabwe possède l’une des législations les plus strictes concernant son trafic, qui est passible de plusieurs années de prison. En 2016, la fondation Tikki Hywood a produit un documentaire intitulé The Pangolin Men, visant à sensibiliser l’opinion internationale sur le sort de ce martyr.

Un mets (trop) prisé en Chine

Bien que son commerce soit interdit à l’échelle planétaire depuis 2016, l’espèce est la plus recherchée par les braconniers, en particulier aux frontières de la Chine, de la Birmanie, du Laos et du Vietnam. Sa chair est consommée en ragoût et ses écailles en bouillon pour leurs prétendues vertus thérapeutiques. Elle stimulerait la virilité, favoriserait les montées de lait chez les femmes et contribuerait à guérir des maladies, comme l’asthme, le psoriasis ou même certains cancers. Ce « médicament-miracle » a un prix : 800 euros le kilo d’écailles sur les marchés clandestins.

Un héros Disney aux Etats-Unis

Dans son remake du Livre de la Jungle sorti en 2016, Disney projette le fourmilier sur grand écran. L’ours Baloo s’attendrit : « Il n’y a pas une espèce plus menacée que toi ». Le studio d’animation californien a suivi les nombreuses pétitions lancées sur Internet et les recommandations du zoo de Los Angeles, offrant une formidable caisse de résonance aux défenseurs de ce héros méconnu.

Pierre Desproges en parlait déjà…

Un « artichaut à l’envers prolongé d’une queue à la vue de laquelle on se prend à penser que le ridicule ne tue plus ». C’est ainsi que Pierre Desproges règle son compte au pangolin dans son Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis paru en 1985. Un an après, il lui présente ses excuses officielles dans une de ses Chroniques de la haine ordinaire, sur France Inter.

Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Voyages n°43 octobre-novembre 2020

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