Tout savoir sur la saline d'Arc-et-Senans
Singulier témoin de l’architecture industrielle, le surprenant ensemble voulu par Louis XV à Arc-et-Senans (Doubs) connaît une deuxième vie culturelle.
Restez informée
Le rêve industriel de Louis XV
Au XVIIIe siècle, le sel est une denrée précieuse et un monopole d’Etat : la taxe prélevée sur cet or blanc, la gabelle, représente plus de la moitié des revenus royaux. Louis XV charge donc Claude-Nicolas Ledoux, architecte visionnaire, d’imaginer une saline moderne proche de la forêt de Chaux, réservoir de bois servant à la cuite de la saumure, dérivée de Salins-les-Bains par une canalisation. Elle voit le jour en 1779. Son architecture, qui se distingue par une forme en demi-cercle suivant la course du soleil, inclut onze bâtiments. La maison du directeur est au centre de la composition, entre les espaces de production appelés berne – où l’on «cuit» une eau à 330 grammes de sel par litre – et face aux habitations des ouvriers, qu’elle toise de son oculus. Derrière les colonnes doriques du péristyle flanquant le bâtiment de garde, figure une grotte artificielle, entourée de sources sculptées sur la façade. L’ensemble illustre la force du monde souterrain et la lumière des lieux.
Des colonnes étonnantes
Pour marquer le statut du directeur, représentant du roi, Ledoux bâtit sa demeure au centre du diamètre de 370 mètres. A l’avant de cette villa palladienne (néo-romaine) surmontée d’un lanternon, les colonnes du fronton sont constituées d’un empilement de pierres rondes et carrées offrant un jeu subtil d’ombre et de lumière. «Seul un accès de délire peut expliquer ces assemblages fantastiques» critiquait pourtant un contemporain de l’architecte. Les anciens bureaux administratifs abritent aujourd’hui l’exposition permanente Histoires du sel ; les remises, en sous-sol, celle consacrée à l’invention du patrimoine mondial. Quant à l’escalier monumental, alors prolongé par un autel, il faut imaginer qu’il menait à la chapelle, dont la nef se prolongeait jusqu’au péristyle.
De l’âge d’or à la fermeture
Dans les bernes, ateliers de 80 mètres de long et 18 mètres de haut où chauffait la saumure dans quatre poêles par une chaleur de 50°C, on revit l’activité de la saunerie grâce à des tablettes tactiles qui en restituent l’ambiance. En 1895, la saline ferme ses portes, dépassée technologiquement. Abandon, incendie et dynamitage volontaire ruinent toute une partie des bâtiments. Jusqu’à ce que le département du Doubs s’en porte acquéreur en 1927, début d’une longue restauration.
Une deuxième jeunesse
Dès avant-guerre, l’audacieuse charpente en béton armé des bernes est classée monument historique. En 1941, la saline devient camp d’internement de Tziganes. Dans les années 1960, elle s’ouvre à l’art, la culture, la science et l’éducation. En 1982, elle devient la première architecture industrielle inscrite au patrimoine mondial par l’Unesco. La tonnellerie abrite désormais le musée Ledoux, le seul en Europe consacré à un architecte. Et un hôtel permet de séjourner dans le site.
Un tour en montgolfière
Pour apprécier l’hémisphère parfait de la saline, le mieux est de prendre de la hauteur. Un club de montgolfière situé à proximité propose des vols, au petit matin ou au crépuscule. La montgolfière, une invention contemporaine de la saline !
ventsdufutur.fr
A lire aussi :
⋙ Jura : zoom sur la Grande Saline
⋙ Sel : pourquoi il faut réduire sa consommation sans l’exclure totalement
⋙ 10 astuces pour manger moins salé
Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Régions n°22 décembre-janvier 2021
Source: Lire L’Article Complet