Toulouse : une Iranienne ayant fui le régime incarcérée puis menacée d'expulsion

La situation des Iraniennes, oppressées par le régime de leur pays qui leur impose un code vestimentaire strict et les prive de leurs libertés, a ému le monde entier. En France, à la suite de la mort de Mahsa Amini, des célébrités et même des politiques se sont insurgés de la répression exercées par les chefs religieux du pays sur sa jeunesse.

Pourtant, à Toulouse, la justice française a prononcé l’obligation de sortie de territoire pour Farideh, 38 ans, qui avait choisi de fuir l’Iran en novembre 2022.

Placée en détention pendant sa fuite vers l’Angleterre

La réfugiée, écrit 20 Minutes, avait transité depuis l’Italie, puis avait atterri à Chambéry. Elle prévoyait de rejoindre Londres, où l’attendait son fiancé, mais elle aurait été interpellée à la sortie de l’appareil par les forces de l’ordre. Le quotidien national précise qu’elle aurait passé 48h au centre de rétention de Cornebarrieu car elle était en situation irrégulière.

Trois jours plus tard, mercredi 18 janvier 2023, Farideh aurait comparu au tribunal judiciaire de Toulouse pour défendre son cas. « Je préfère mourir ici que de repartir en Iran », aurait-elle confié à la juge des libertés et de la détention pendant son audience, avec l’aide d’une traductrice en persan.

D’après son avocat cité par 20 Minutes, Me Alexandre Mazeas, la préfecture de Savoie, en « moins de quarante-huit heures », aurait saisi le consulat d’Iran à Paris « pour obtenir un laissez-passer » afin de « la mettre dans un avion et la renvoyer ».

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Une deuxième réfugiée iranienne arrêtée

Selon France Bleu Occitanie, c’est la deuxième fois en trois mois qu’une Iranienne est enfermée au centre de rétention administrative de Cornebarrieu. Sa défense, écrit le journal régional, a exposé les dangers qui attendent Farideh si elle était reconduite dans son pays d’origine : « Elle appartient au mouvement pour la liberté en Iran. Elle risque, si elle y retourne l’incarcération, les femmes qui ont manifesté sont violées, torturées en prison ».

En Iran la prévenue avait défilé dans les rues de Teheran pour les droits de ses concitoyennes, dit-elle, aux côtés de son frère, actuellement détenu par les forces de l’ordre, mais aussi sa soeur qui, elle, aurait été libérée.

Par ailleurs, ajoute 20 Minutes, Farideh est également une survivante de violences conjugales : « Elle était mariée et avait deux enfants avec son conjoint. Celui-ci la battait, un jour il lui a fracassé le nez, elle a alors décidé de s’enfuir et de porter plainte. » Mais, aurait-elle expliqué à la barre, « la plainte a été étouffée par son mari » et la réguiée aurait « perdu la garde de ses enfants ». Elle ne les aurait pas vu depuis cinq ans.

Farideh sommée de quitter la France

Mercredi en fin d’après-midi, la juge des libertés et de la détention a prononcé la remise en liberté de l’Iranienne, mais Farideh fait toujours l’objet d’une obligation de quitter le territoire français, sur laquelle le tribunal administratif devra statuer début mars 2023, après un recours de ses avocats relate 20 Minutes.

Pour Alain Cwiklinski, membre de l’association Le Cercle des voisins du centre de rétention de Cornebarrieu, qui s’engage contre l’enfermement des étrangers sans titres de séjour ou papiers en règle, « le ministre de l’Intérieur aurait dû délivrer des ordonnances aux préfets pour que les femmes iraniennes soient correctement traitées, même si elles n’ont pas de passeport. » Le militant exprime, sa « honte » de la France face à cette situation.

L’association doit se charger de lui trouver un hébergement temporaire.

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