This Is Us : les dessous de l’adaptation française

Avec Je te promets, diffusé à partir du lundi  1er février à 21 h 05, TF1 propose son remake de This Is Us, l’une des séries les plus vues au monde. La productrice Aline Panel nous explique comment elle a relevé le défi.

Après Sam, adaptée de la série danoise Rita, Aline Panel, patronne d’Authentic Prod, s’attelle à This Is Us. L’histoire d’une fratrie et de leurs parents racontée sur deux époques. Diffusée sur Canal+ en 2017 puis sur M6 en 2020, la série n’a pas battu des records d’audiences chez nous. Dès lors, pourquoi donner une nouvelle chance au public français d’y revenir ? "Parce qu’elle fait écho à mon histoire familiale et aux blessures transmises, malgré eux, par nos parents, confie la productrice. ‘On peut faire un très bon vin à partir d’un raisin très amer.’ C’est ce que dit Patrick Chesnais à Hugo Becker dans le premier épisode de Je te promets et c’est ma philosophie personnelle." Si l’universalité des problématiques développées n’est plus à démontrer, encore faut-il rendre cette adaptation accessible en l’ancrant dans nos propres repères, notre propre culture. La Turquie et les Pays-Bas s’y sont déjà essayé en signant les premiers remakes.

Les Américains veillent

"Avec TF1, nous nous sommes retrouvés sur l’idée de raconter aussi la France de ces quarante dernières années. Si c’était juste pour faire un copié-collé, ça n’avait pas grand intérêt !" Aline Panel s’est placée sur la ligne de départ pour acquérir les droits de This Is Us auprès de la 20th Century Fox, propriété du groupe Disney. Lors du contrat établissant les conditions d’adaptation, elle obtient un accord sur le principe de douze épisodes par saison – contre dix-huit dans la version originale -, s’engageant à accorder un droit de regard à ses homologues américains sur ses intrigues.

"À partir du moment où, dans la note d’intention de ma candidature, ils ont considéré je respectais l’esprit de la série, les validations ont été assez faciles à obtenir. Je dois aussi préciser que le producteur associé de Dan Fogelman – créateur de la série – est venu sur le tournage. Nous avons beaucoup discuté des intrigues à venir, qui doivent rester compatibles avec l’évolution de la série aux États-Unis, qui en est à sa cinquième année. Pour résumer, chaque saison que nous adaptons ne doit pas déborder sur celle d’après." Question distribution, emmenée aux États-Unis par Mandy Moore et Milo Ventimiglia pour les parents, Chrissy Metz, Sterling K. Brown et Justin Hartley pour les enfants, elle a été remplacée en France par Camille Lou et Hugo Becker, ainsi que Marilou Berry, Narcisse Mame et Guillaume Labbé pour leurs descendants. "Aucune contrainte à respecter de ce côté-là, précise Aline Panel. Connus ou pas, je voulais uniquement des comédiens capables d’incarner les personnages." Afin de "franciser" le format, la production a changé la profession des protagonistes, leurs localisations géographiques, leur façon de parler, et introduit des grands standards de la chanson française.

De l’OM à Johnny

C’est ainsi, par exemple, que l’un des frères, comédien aux prises avec l’industrie hollywoodienne dans la version originale, est devenu une star du football marseillais, bien plus identifiable. Les décors naturels du littoral atlantique ont été préférés aux tournages en studio, pour mieux localiser l’intrigue dans l’Hexagone, avec un antagonisme Paris-province. La bande originale, disponible en téléchargement, a été anticipée dès l’écriture : "Nous avons prévu des séquences muettes où la musique fait office de pont musical pour relier les personnages. De Johnny Hallyday à Nino Ferrer, en passant par Jean-Jacques Goldman, les chansons seront toujours en lien avec la thématique de l’épisode." Quant à savoir si l’adaptation d’une série culte porte en elle un gage de succès ou un risque de décevoir une attente, Aline Panel répond : "Sans aucune prétention, je n’ai pas la notion de peur. Je fais d’abord les choses par envie, sinon je ne ferais pas ce métier !"

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