Test Resident Evil 8 Village : Un autre chef d’œuvre pour la licence
Avec le précédent opus, Capcom effectuait un retour aux sources horrifiques de Resident Evil. Et avec Village, on retrouve l’évolution typique de ce que l’on peut attendre de la licence et on en redemande.
En 2017, Capcom tentait un renouveau drastique pour sa vénérable licence de survival horror avec Resident Evil 7. Le résultat était un jeu résolument tourné vers l’horreur et une superbe ambiance, bien loin des égarements 100% action des opus précédents. Au final, un retour aux sources extrêmement bien réussi qui avait conquis les fans malgré sa faible durée de vie. Depuis Capcom a compris deux choses : les joueurs voulaient retrouver un jeu de survival horror et ils sont très nostalgiques de l’âge d’or de Resident Evil. Proposer des remakes de Resident Evil 2 et 3 en 2019 et 2020 s’inscrit dans cette stratégie et on commence déjà à espérer un traitement similaire pour RE4, jeu mythique qui paradoxalement, marquait clairement à son époque le tournant action qui prenait la licence. Et au milieu de tout ça, voici venir Resident Evil Village, suite directe de RE7 qui va justement proposer le meilleur des deux mondes : l’ambiance horreur retrouvée de Resident Evil 7 mélangée avec l’action et les mécaniques qui vont avec.
Le bel engine
À chaque fois que je teste un jeu de Capcom, je me répète mais le RE Engine est l’une des meilleures choses qui soient arrivées à l’éditeur japonais. Que ça soit la licence Resident Evil, DMC5 ou même Monster Hunter Rise, ce moteur maison donne toujours un résultat bluffant et Resident Evil Village n’échappe pas à la règle. Les environnements sont sublimes, la lumière et les effets météo sur les panoramas nous donne instinctivement envie de faire des screens et même si certains personnages manquent toujours un peu d’expression sur leurs visages et leurs cheveux maintenus avec deux kilos de gel, difficile de ne pas apprécier la qualité graphique de cet opus. Que ça soit sur PS5 ou sur PC (nos deux supports de test), le résultat est impeccable, le jeu est fluide et les temps de chargement minimes. Mention spéciale à l’utilisation de la Dual Sense de la PS5, qui donne de la résistance sur les gâchettes quand on utilise une arme et qui est vraiment cool sur le couteau.
Trouver l’équilibre
Quand Resident Evil Village a été annoncé, on s’attendait à une suite tout aussi horrifique que le précédent opus. C’est bien plus tard, quand on a commencé à découvrir plus d’éléments de gameplay ou la présence d’un marchand, que l’on pouvait entrevoir que le jeu aurait aussi une composante action et le résultat penche au final vers le second. On retrouve la vue FPS qui facilite tellement l’immersion dans le jeu, des moments gores et/ou flippants, des ennemis charismatiques et infernaux et des lieux qui n’inspirent pas confiance. Mais on a toujours le moyen de bloquer les coups et repousser nos ennemis, mais surtout un arsenal d’armes plus complet et riche et c’est beaucoup plus compliqué d’être en dèche de munitions dans cet opus.
L’utilisation du couteau pour achever les ennemis aide beaucoup comme d’habitude mais la plupart des ennemis lâchent des objets de crafting ou à revendre à leur mort, facilitant grandement la gestion de l’inventaire. D’ailleurs, pas mal de changements de ce côté là par rapport à RE7 puisqu’on dit adieu à notre coffre de stockage au profit d’un inventaire plus grand qui en plus va séparer les objets de crafts des armes, munitions et soins. Les nombreuses ressources que l’on ramasse pour se faire des soins ou des munitions sont donc mise à part et c’est tellement plus agréable de gérer tout ça, puisqu’on peut se permettre de garder nos matériaux pour les utiliser au moment où l’on en a le plus besoin sans encombrer son inventaire.
Le résultat, c’est qu’à moins de viser très mal et dans tous les sens, ça va être très difficile de se retrouver totalement à sec et mine de rien, ça enlève pas mal de stress en jeu puisqu’avec ces ressources et un arsenal bien fourni, on retrouve le côté plus action de la licence. Mais le jeu parvient à trouver le bon équilibre en proposant des ennemis très résistants et flippants ou alors complètement insensibles aux armes classiques et s’offre même tout un acte absolument mémorable reposant totalement sur l’ambiance horrifique pour en venir à bout. Est-ce que Village est moins flippant que RE7 ? Assurément. Est-ce que ça le rend moins intéressant pour autant ? Pas du tout, mais préparez-vous à un jeu plus tourné vers l’action avec un acte final explosif.
Un peu de tourisme
Pour ce qui est du gameplay pur et dur, rien de bien à nouveau à signaler et les sensations de tir n’ont pas changé. Forcément, notre arsenal plus varié va diversifier le gameplay tout comme les différents ennemis rencontrés avec des points faibles spécifiques, mais Capcom n’avait aucun intérêt à revenir sur quelque chose qui fonctionne déjà très bien. L’aspect sur lequel RE Village est bien plus ambitieux, c’est sur son level design est son univers. L’ensemble est beaucoup plus vaste et intéressant à explorer avec beaucoup de trésors à trouver, de secrets à découvrir et d’animaux à chasser. Si vous voulez explorer à fond tout ce que le village et ses alentours peuvent vous offrir, préparez-vous à faire pas mal d’aller-retours.
Mais ça reste hyper agréable de faire une pause dans l’histoire de temps en temps pour fouiller des maisons, trouver des nouvelles armes ou de la viande à ramener au marchand (on y reviendra) et apporte des moments de calme qui vont être plus contemplatifs et si le peu d’énigmes proposées ne sont jamais bien compliquées, ça reste des bons moments. Mon plus grand regret et probablement le gros point négatif du jeu : certaines zones ne peuvent pas être revisitées à partir de moments clés du scénario comme le château par exemple et c’est fort dommage. L’autre élément qui incite à l’exploration approfondi du jeu, c’est la présence du marchand, dont on a déjà parlé plusieurs fois.
Un marchand dans Resident Evil, ça fait forcément penser au mythique vendeur de RE4 et c’est exactement le même rôle que va remplir ce dernier. Au-delà de l’achat de munitions ou de heal, c’est surtout chez lui qu’on peut acheter les recettes de crafting, l’agrandissement de notre inventaire ou des accessoires pour nos armes. Mais c’est surtout l’artisan qui va améliorer toutes nos armes et acheter nos trésors. Et ce n’est pas tout puisqu’après quelques heures de jeu, il fera même la cuisine pour nous si on lui ramène les bons morceaux de viande pour nous donner des bonus permanents pour augmenter sa vie ou réduire les dégâts subis des blocages. Et en plus, il a aussi un rôle dans l’intrigue du jeu faisant de ce marchand notre meilleur ami et une grosse raison pour faire un peu de tourisme.
Pas de doute, c’est bien RE
Puisqu’on parle du scénario, continuons sur cette lancée. Rien à faire, Ethan a toujours aussi peu de charisme et sa capacité à subir les blessures les plus terribles sans broncher est toujours aussi dérangeante. On s’attache toujours aussi difficilement au personnage, même dans sa quête désespérée pour sauver sa fille. Mais la présence de Chris Redfield fait forcément plaisir aux fans de longue date et des ennemis hyper charismatiques font que l’on se fait happer par le jeu terriblement facilement. Lady Dimitrescu a déjà passionnée les foules avant la sortie du jeu, mais des persos comme Heisenberg ou Mère Miranda sont aussi géniaux et intéressants.
Dans sa structure narrative, Resident Evil Village ne surprend pas vraiment dans le sens où on va devoir tuer chaque antagoniste en allant dans son domaine comme c’est souvent le cas dans cette licence. Mais l’ambiance est tellement différente pour chacun d’entre eux non seulement dans le lieu mais également dans le gameplay que ça renouvelle l’intérêt de Village bien plus efficacement que le faisait RE7. Gros coup de cœur pour le deuxième antagoniste que l’on affronte, qui propose quelque chose de vraiment à part et qui reste l’un des meilleurs passages du jeu et on s’arrêtera là pour ne pas spoiler.
En parlant de spoilers, même si la structure de progression est relativement classique, Resident Evil Village propose des gros plot-twists dès les premières minutes de jeu jusqu’à sa conclusion. On ne vous dira bien évidemment rien de plus mais certaines révélations risquent de ne pas plaire à tout le monde et vont probablement faire couler beaucoup d’encre et de larmes, soit parce que c’est un peu facile soit un peu trop gros. Autre gros point positif pour les fans de la licence : On a droit à un énorme lien avec l’univers de Resident Evil très discret mais qui fait forcément sourire. La conclusion du jeu laissera en tout cas peu de place au doute sur le fait que Capcom veut continuer sur sa lancée et ça nous va tout à fait.
Alors ça vaut le coup ?
Après un retour aux sources très horrifique avec RE7, Capcom décide déjà de repartir vers quelque chose plus tourné action. On se retrouve donc avec une tentative d’hybride entre ces deux aspects proposant des ennemis intéressants et nouveaux et des antagonistes charismatiques dans des lieux flippants et très recherchés. On a un arsenal plus fourni, plus de munitions et un système de crafting moins chiant pour des ennemis plus nombreux et plus coriaces. Resident Evil Village est un jeu sublime qui donne envie d’être explorer pour sa beauté et les nombreux trésors cachés et même si la structure scénaristique ne surprend pas, l’ambiance fait énormément le travail pour nous captiver. Au final, il m’aura fallu un peu plus de 12h pour en venir à bout en mode normal, un temps tout à fait dans la norme des Resident Evil. Village n’est pas le meilleur opus de la licence mais l’expérience était mémorable, très belle et vu la fin de l’histoire on sait déjà que Capcom prépare une suite et on a déjà hâte d’y être.
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