TEMOIGNAGE. Peterson Ceus : "Le sport peut être représenté par tous les genres"

Peterson Ceus, 21 ans, est victime du sexisme. Il se bat pour que l’égalité hommes-femmes soit reconnue en gymnastique rythmique, une discipline toujours réservée aux filles, et témoigne dans Sexisme : ils cassent les codes, mardi 6 avril à 21 h 05 sur France 5.

Télé Star : Vous êtes licencié en gymnastique rythmique (GR) et ne pouvez que participer aux compétitions féminines car il n’existe pas de compétitions masculines en France. Pourquoi ?

Peterson Ceus : La Fédération française de gymnastique (FFG) considère qu’il n’y a pas assez de licenciés masculins en gymnastique rythmique pour créer des compétitions masculines. Nous sommes un peu plus de 300. Les Espagnols ont tenu leur première compétition avec seulement trois participants. La FFG dit devoir attendre que la Fédération internationale de gymnastique (FIG) officialise la discipline pour organiser des compétitions nationales. Les Espagnols n’ont attendu personne pour le faire. Et la FIG, favorable à l’intégration des hommes dans la GR, dit que c’est aux fédérations nationales de faire le premier pas. Finalement, tout le monde se renvoie la balle.

Sans compétition, pas de médiatisation. Comment avoir plus de licenciés quand personne ne sait que cette discipline existe ?

C’est ce que je ne cesse de répéter. Un parent qui veut inscrire son fils dans un sport ne pensera pas à la GR s’il ne sait pas que la GR existe pour les garçons. Et un parent ne voudra pas inscrire son fils dans une discipline où il n’y aura que des filles autour de lui. Et où il risque de se prendre des insultes par rapport à ça.

Vous avez commencé à 10 ans. Comment avez-vous tenu face aux moqueries et insultes ?

Je n’ai jamais vraiment été touché par ce que les autres pensent. J’ai rapidement fait la différence entre les critiques constructives et les négatives. C’est facile de distinguer les personnes qui ont un problème chez eux et qui font l’effet miroir sur vous et ceux qui veulent vraiment vous aider. Je n’ai jamais eu ce message dans mon cerveau qui disait : "Les gens n’aiment pas ça, donc je ne devrais pas le faire."

Vous avez co-créé l’association de Défense de l’égalité hommes-femmes en GR. Avez-vous déjà quelques victoires ?

En 2019, nous nous sommes associés à l’organisation d’un tournoi international à Amsterdam. De mon côté, j’ai tenté de créer un tournoi international en France mais on m’a fait comprendre que le public français n’était pas prêt à voir des garçons faire de la GR. Et qu’il n’y avait pas le temps d’inclure des galas de GR masculine aux compétitions officielles internationales de gymnastique. Nous avons lancé un recours administratif contre la FFG et le Premier ministre qui s’occupe du code du sport. Et les médias s’intéressent à nous.

Êtes-vous optimiste sur l’issue de votre combat ?

Je suis réaliste. L’intégration des hommes en gymnastique rythmique finira par arriver car c’est dans la logique des choses. Le sport est une activité physique que tout le monde peut pratiquer. Il n’y a rien qui est genré, à part l’image et les constructions sociales associées au sport. Le sport n’a pas de genre. Ou plutôt, il peut être représenté par tous les genres.

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