TEMOIGNAGE. Jean-Philippe Vanwalleghem : "Je me sens plus conservateur de la gare que propriétaire"

Jean-Philippe Vanwalleghem a racheté une gare SNCF désaffectée pour la rénover et la rouvrir aux voyageurs. Il vit un rêve éveillé, à découvrir dans Grands reportages : changement de propriétaires, samedi 6 février à 13 h 40 sur TF1.

D’où vous vient votre passion pour le chemin de fer ?

Jean-Philippe Vanwalleghem : Enfant, je passais mon temps à la gare pour regarder les trains de marchandises. Un jour, un cheminot m’a fait monter dans une loco et ma passion a commencé. J’aurais aimé en faire mon métier mais j’étais destiné au commerce.

Comment en êtes-vous venu à acheter une gare ?

En 2017, à 55 ans, j’en ai eu assez de vendre de l’électroménager. Un ami m’a dit que la gare de Pontivy était en vente. Elle a été construite en 1864 sous Napoléon. Pontivy s’appelait alors Napoléonville. La gare est le seul bâtiment de la ville à encore avoir ce nom gravé sur un mur.

Avez-vous pensé l’habiter ?

Non. Je voulais la rendre au public, la rouvrir aux voyageurs en cars – il y a une des plus grandes gares routières de Bretagne devant – et, peut-être, aux voyageurs en train. Je fais partie du collectif Centre-Bretagne en train qui défend la réouverture de la ligne Vannes-Saint-Brieuc.

Quels travaux avez-vous engagés ?

J’ai repris les plans de 1864 pour refaire l’intérieur. Il y a une grande salle d’attente, un guichet et un local technique loués à la SNCF, une pièce que je prête à l’association Chemins de fer du Centre-Bretagne qui gère le train touristique et des logements à l’étage en location. Je veux qu’elle reste une gare. Des trains de marchandises s’y arrêtent toujours. Les portes extérieures ont été refaites en bois et il reste les façades à rénover. Je me sens plus conservateur de la gare que propriétaire.

Combien vous coûte cette aventure ?

J’ai acheté la gare 70 000 €. J’ai 1,2 M€ de travaux. Il me restait de l’argent de la vente de mon entreprise et j’ai emprunté. Les différents loyers devraient permettre de rembourser et de faire que la gare s’autofinance.

En quoi votre vie a-t-elle changé ?

Quand je vais en ville, je porte mon costume de chef de gare. Les habitants et les commerçants m’appellent M. le chef de gare. C’est génial. (Rires.)

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