TEMOIGNAGE. Jacqueline : "À 95 ans, il vaut mieux regarder en avant qu’en arrière"

Depuis huit ans, Jacqueline vit à la Fondation Dosne, une maison de retraite dans un quartier chic parisien, réservée jusqu’à il y a peu aux femmes. Un lieu où il fait bon vivre comme le montre le documentaire Les Belles Dames (lundi 12 avril, à 00 h 15, sur France 5).

Télé Star : Comment est-ce de vivre dans une communauté de femmes ?

Jacqueline : C’est très sympathique mais il faut être patiente car certaines dames sont fatiguées. J’ai fait entrer trois de mes amies. Nous sommes entre gens qui ont eu un peu la même vie, les mêmes problèmes. C’est toujours intéressant d’accueillir de nouvelles dames car chacune apporte quelque chose à sa façon. Même si plus vous êtes âgée, moins vous apportez, évidemment. (Rires.)

Que pensez-vous apporter ?

La bonne humeur. Un certain optimisme. Pas beaucoup de choses. Enfin, un peu. J’ai essayé d’organiser de petites réunions autour de la lecture, de la peinture. Mais à ces âges-là, les dames ne sont pas enthousiastes, forcément. J’ai de la chance de l’être mais je n’y suis pour rien. (Rires.)

Que faites-vous pour vous occuper ?

Je vais dans un atelier faire de la peinture, ça m’occupe beaucoup. Avant de peindre, il faut y penser, réfléchir à ce que vous voulez faire, dessiner des petits brouillons, des esquisses. Cela m’occupe l’esprit. Je regrette d’avoir commencé si tard, il y a quinze ans. Quinze ans, ce n’est pas beaucoup dans une vie.

Quel est votre parcours de vie justement ?

J’ai élevé quatre enfants, nous avions une grande propriété à la campagne, tout cela vous occupe. Là, je n’ai plus d’obligation. J’ai beaucoup de temps devant moi et c’est appréciable. Je suis aussi des conférences qui meublent beaucoup l’esprit. Et je lis énormément. Entre une émission de télévision et un livre, je choisis le livre. L’esprit est plus en alerte, l’imagination participe et vous décidez ce que vous voulez. Vous êtes plus libre avec un livre.

Qu’est-ce qui est important à 95 ans ?

Préparer l’avenir. (Rires.) C’est ce que je fais. À 95 ans, il vaut mieux regarder en avant qu’en arrière. (Rires.)

Êtes-vous devenue plus sage avec l’âge ?

Oui. La religion joue aussi un très grand rôle dans ma vie. Je vis dans l’espoir. Je suis plutôt sereine, grâce à la religion et à ma famille qui s’occupe beaucoup de moi, qui est très attentionnée et très gentille. C’est très important. Il y a des gens qui n’ont personne.

Qu’est-ce qui vous manque ?

Mon mari. Et puis, j’ai beau aller très bien pour une femme de 95 ans, je sens quand même tous les jours que je descends d’une marche. Il arrivera un jour où je serai dépendante et c’est cela qui me fait un peu peur. Enfin, j’essaie de ne pas trop y penser. (Rires.) En fait, j’y pense parce que je vous parle. (Rires.)

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