"Syndrome du cœur brisé" : le nombre de cas est en hausse avec la Covid-19, de quoi s’agit-il ?

Nos émotions négatives peuvent avoir un impact sur notre santé et parfois même, avoir des conséquences mortelles. Preuve en est avec le « syndrome du cœur brisé », dont le nombre de cas augmente depuis le début de l’épidémie de Covid-19. De quoi s’agit-il exactement ? On fait le point avec le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue.

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« Mourir de chagrin » est une expression que l’on utilise couramment au sens figuré, pour parler de quelqu’un qui ressent une profonde tristesse. Mais peut-on mourir de chagrin au sens propre ? Cette hyperbole serait en fait une réalité médicale.

Lorsqu’il est confronté à une émotion intense, physique ou psychologique, comme un décès, une rupture sentimentale, une opération chirurgicale ou encore une catastrophe naturelle, le corps, et plus particulièrement le cœur, peut réagir. Les expressions « mourir de chagrin » et « avoir le cœur brisé » prennent alors tout leur sens : on parle de « Tako- Tsubo » au Japon, de « broken heart syndrom » en Grande-Bretagne et de « syndrome du coeur brisé » en France.

Cette période d’épidémie de Covid-19 serait particulièrement propice à cette maladie encore mal connue, à cause du stress qu’elle génère. C’est ce que révèle le fond de dotation Agir pour le Cœur des Femmes. Une « étude américaine parue en juillet 2020, souligne que pendant la pandémie Covid-19, le nombre de nouveaux cas de Tako-Tsubo a été multiplié par 4,58 dans plusieurs pays touchant des personnes peu ou pas malades du Covid », peut-on lire dans un communiqué. Mais de quoi s’agit-il et comment se manifeste le « syndrome du cœur brisé » ?

Tako-Tsubo : quels sont les symptômes qui doivent alerter

Cette maladie du muscle cardiaque ou cardiomyopathie de stress est surnommée « faux infarctus du myocarde » car elle mime les symptômes de la crise cardiaque à savoir une douleur intense dans la poitrine, un essoufflement ou encore une arythmie. « Il s’agit en réalité d’une réaction à un stress aigu entrainant une libération brutale de catécholamines, les hormones du stress, qui se fixent sur des récepteurs spécifiques du muscle cardiaque. Il y en a tellement que le cœur est sidéré, paralysé et ne se contracte plus », nous explique le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue et cofondatrice d’Agir pour le Cœur des Femmes.

Cette pathologie est rare et survient généralement chez des individus fragiles sur le plan de l’humeur, c’est-à-dire anxieux ou dépressifs. Mais il existe des facteurs aggravants : « Les femmes ménopausées sont les plus touchées, car leurs artères ne sont plus protégées par les œstrogènes », précise le Pr Claire Mounier-Vehier.

Les symptômes qui doivent alerter ? « Essoufflement, douleur brutale dans la poitrine en étau mimant celle de l’infarctus irradiant dans le bras et la mâchoire, palpitations, perte de connaissance, malaise vagal », précise Agir pour le Cœur des Femmes dans son communiqué.

Le syndrome du coeur brisé est réversible s’il est pris à temps

Le syndrome du cœur brisé comptabilise un faible taux de mortalité – 3,7% -, mais constitue une véritable urgence, d’autant que les examens classiques tels que l’électrocardiogramme, l’échographie cardiaque ou encore les tests sanguins ne suffisent pas toujours à différencier le syndrome du cœur brisé de l’infarctus du myocarde. Pour cela, une angio-coronarographie et une IRM cardiaque sont nécessaires.

Si elle est prise en charge rapidement, cette forme d’insuffisance cardiaque aiguë est réversible : au bout de quelques mois, le patient peut récupérer ses fonctions cardiaques. Prudence tout de même : le syndrome du cœur brisé peut récidiver. Par contre, « si le diagnostic n’est pas posé assez rapidement, des caillots sanguins peuvent se former au sein des cavités cardiaques et être à l’origine d’un accident vasculaire cérébral parfois massif s’ils se déplacent dans les artères du cerveau », met en garde le Pr Claire Mounier-Vehier.

Mourir de chagrin est donc possible, mais ce n’est pas la seule émotion pouvant avoir des conséquences sur notre santé. Preuve en est : en 2016, une étude révélait que sur 485 cas de syndrome du cœur brisé, 4% étaient en fait liés à une joie intense. C’est ce qu’on appelle le « happy tako », « happy heart syndrome » ou encore… « syndrome du cœur heureux » !

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