Superstition : zoom sur le chat noir
Avec les sorcières, il est la star d’Halloween et les superstitieux redoutent d’en croiser un. Le chat noir pâtit d’une réputation sulfureuse encore aujourd’hui.
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En Egypte, une divinité vénérée
Le chat, dans l’Egypte antique, est d’abord un animal utile, qui tue les rongeurs et protège ainsi les récoltes de blé et d’orge. Il est considéré comme une incarnation divine. De nombreuses momies de chats datant de cette époque ont été découvertes, et même des nécropoles. L’Egypte antique vénère une déesse protectrice du foyer, représentée en chat, ou femme à tête de chat : Bastet. Les statuettes qui figurent la déesse et nous sont parvenues sont noires, le plus souvent. Pourtant, les analyses scientifiques sur des chats momifiés ont montré que l’espèce présente en majorité à l’époque était tigrée et couleur fauve !
Le complice des sorcières
Au Moyen Age, l’Eglise catholique veut lutter contre les cultes païens pour assoir son autorité et lance la chasse aux sorcières. En 1233, le pape Grégoire IX dans sa bulle « Vox in Rama » décrit le sabbat des sorciers dans des assemblées nocturnes, leurs orgies et leur culte de Lucifer, incarnée par un chat noir. Les chats sont exterminés par millions, jetés en haut des tours ou brûlés vif. En 1344, à Metz, en milieu de Carême, treize chats vivants sont enfermés dans une cage en fer et livrés aux flammes. Cette terrible tradition du « mercredi des chats » perdure jusqu’en 1777 ! La simple possession d’un chat noir tient lieu de preuve de sorcellerie et peut conduire sa maîtresse au bûcher.
Un porte-bonheur parfois ambigu
Certaines communautés considèrent pourtant le chat noir comme un porte bonheur. Du XVIIIe au XXe siècle, les Britanniques s’assurent d’en avoir un par bateau de guerre ou de commerce. En France, en Bretagne, on raconte l’histoire du « chat d’argent », apportant la fortune sur la maison. Pour en trouver un, il faut se poster à un carrefour de 5 routes et invoquer Satan. Celui-ci arrive sous la forme d’un chat noir. De retour à la maison, obligation de choyer la bête. La nuit elle disparaît et, au matin, rapporte à son maître des pièces d’or.
Une journée pour l’adopter
Chaque année, le 17 août, le monde célèbre le Black Cat Appreciation Day, la Journée internationale de valorisation du chat noir. En effet, selon la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals – RSPCA), l’équivalent britannique de notre SPA, Société de protection des animaux, les chats noirs ont plus de risques que les autres d’être abandonnés. Ils attendent également plus longtemps avant de trouver une famille d’adoption dans les refuges à travers le monde.
Paroles d’experte
Marie-Charlotte Delmas, sémiologue, spécialiste des superstitions populaires
Pourquoi le chat noir s’est-il mis à porter malheur ?
Les superstitions s’appuient sur la croyance en une force magique agissante, issue d’une conception animiste de l’univers. Cette conception existait dès la plus Haute Antiquité et sans doute au-delà. Dans ce cadre, un objet, l’observation de signes ou l’attitude d’un animal peuvent faire sens. Or, le chat, moins docile que le chien, garde un aspect inquiétant, car on ne peut le dresser. Son lien supposé avec le diable au Moyen Age a fini par stigmatiser peu à peu les chats de couleur noire.
Y a-t-il d’autres animaux assimilés à Halloween ?
La fête anglo-saxonne d’Halloween est peut-être un vestige des fêtes celtes de Samain. A cette occasion, les vivants entraient en communication avec les morts et les forces de la nature. Aucun autre animal que le chat n’y est rattaché.
Reste-t-il des superstitions liées aux bêtes ?
Il y a en a beaucoup ! La chouette, par exemple, avec son cri, restera longtemps de mauvais augure. En revanche, la coccinelle, dite « bête à bon dieu » est censée porter chance…
Dictionnaire de la France mystérieuse, éd. Omnibus, 29 €.
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Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Animo n°4 novembre-décembre 2020
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