Sucreries, shopping en ligne, jeux vidéo… Est-ce un plaisir ou une addiction ?
Les confinements successifs et la perte de relations sociales ont accentué notre besoin d’échappatoires… au risque de ne plus pouvoir s’en passer. Certains signes ne trompent pas. Explications.
Grignoter des sucreries m’apaise
Biscuits, bonbons, barres chocolatées… Le sucre vous donne un regain d’énergie et vous réconforte. Difficile de vous arrêter, tellement c’est bon ! Et tant pis pour la ligne, vous suivrez une séance de fitness pour éliminer un peu plus tard…
Est-ce un problème ? « Il existe aujourd’hui suffisamment de données scientifiques pour confirmer l’addiction au sucre, observe Serge Ahmed, chercheur au CNRS. Il agit sur les circuits neuronaux de la récompense en nous poussant à désirer et à répéter l’expérience. » Attention si l’envie de sucre devient récurrente et/ou si insistante qu’elle incite à cesser de travailler, à sortir acheter un gâteau… Se lever la nuit pour grignoter montre aussi que le sucre dépasse son rôle d’aliment pour devenir un produit apaisant.
Je fume quelques cigarettes dans la journée
Avant la pandémie de Covid-19, vous fumiez uniquement à l’occasion d’une soirée entre amis. Mais depuis qu’il n’est plus question d’organiser des fêtes, vous vous autorisez deux ou trois cigarettes chaque jour, pour faire des pauses en télétravail.
Est-ce un problème ? On ne devient pas forcément dépendant au tabac. « Si 30% des fumeurs tombent dans l’addiction (en fonction de facteurs génétiques et environnementaux), certaines personnes réussissent à garder une consommation réduite et occasionnelle, souvent très ritualisée autour d’un moment précis », informe Serge Ahmed. C’est l’augmentation de la quantité de cigarettes journalières qui doit alerter. « Et à partir du moment où l’on s’affole quand le paquet est vide, la dépendance s’est installée », avertit Elsa Taschini, psychologue et cofondatrice de l’association Addict’elles. Traverser toute la ville pour trouver un bureau de tabac ouvert un dimanche soir est le signe d’une addiction.
Le coca zéro m’aide à me concentrer
Vous appréciez son goût unique, mais aussi le petit coup de fouet qu’il vous procure. Et vous avez l’excuse du « zéro impact » sur la ligne pour abuser de ce soda allégé. Pourquoi vous restreindre, si cela vous fait du bien ?
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Est-ce un problème ? Il existe des témoignages d’addiction au Coca Zéro. Les personnes voient leur consommation augmenter de une à cinq ou huit canettes par jour. Elles prévoient des réserves pour ne jamais en manquer et apportent leur propre boisson quand elles se déplacent. A 35 ans, Julien admet ressentir un manque lorsqu’il n’en boit pas, ne serait-ce qu’une seule journée. « Dès lors qu’une personne perd sa liberté et que le produit prend le contrôle de la relation, puis qu’il induit une souffrance, on peut suspecter une dépendance », résume le Dr Aymeric Petit, psychiatre et addictologue.
Je décompresse avec un verre après le travail
Les derniers mois ont été difficiles et l’apéritif vous apparaît comme un moment presque attendu. Après la vogue des « apéros Zoom », vous sirotez maintenant votre verre seul pour vous délasser en fin de journée.
Est-ce un problème ? Si l’apéro devient quotidien et que vous l’attendez avec une certaine impatience, oui. « Attention notamment si vous commencez à vous trouver des excuses, à vous dire par exemple que vous avez bien mérité de prendre un verre », alerte Elsa Taschini. L’envie d’arrêter, mais l’incapacité d’y parvenir, est également un indice signalant un état de dépendance. Résultat : on se ressert un verre, puis un autre… Mais tout va bien, puisque l’on ne se sent pas saoul ! Ce n’est pas un argument. Au contraire, cela signifie que l’on a développé une tolérance accrue à l’alcool.
Mon fils joue aux jeux vidéo tous les soirs
Durant le premier confinement, il s’ennuyait, comme beaucoup d’ados, et s’est mis devant l’ordinateur. Il pouvait y rester toute la nuit ! Maintenant, dès qu’il rentre du lycée, il s’enferme dans sa chambre, et parfois vous ne le voyez plus de la soirée.
Est-ce un problème ? Bien que discutée, l’addiction aux jeux vidéo est désormais reconnue par l’OMS. C’est un comportement de plus en plus extrême qui doit alerter. « Le jeu occupe alors toutes les pensées et remplace les loisirs, y compris les sorties avec les amis », décrit Elsa Taschini. Le sommeil en souffre, les repas aussi. L’OMS estime qu’il faut douze mois de jeu compulsif pour forger le diagnostic d’addiction. « Même si elle paraît extrême, la relation excessive avec le jeu peut simplement faire partie du processus d’expérimentation propre à l’adolescence, souligne la psy. Elle n’est alors que transitoire. »
Le shopping en ligne, j’adore !
Les achats sur Internet ont explosé avec les confinements et les couvre-feux successifs, et le plaisir du clic est devenu pour vous un loisir comme un autre. Ou comment assouvir sa soif de nouveautés sans avoir à sortir de chez soi…
Est-ce un problème ? Cela peut le devenir. Les scientifiques ont montré que l’addiction à un comportement conduisait aux mêmes modifications cérébrales que celles observées avec un produit. Les Anglo-Saxons ont d’ailleurs un terme pour désigner l’addiction aux achats en ligne : the onlinebuying-shopping-disorder (OBSD). L’usage que l’on fait de ses acquisitions permet de savoir si l’on est concerné. « Ainsi, certaines personnes peuvent acheter des vêtements qu’elles ne porteront jamais, explique le Dr Petit. Par exemple, elles se retrouvent avec dix pulls verts qui ont toujours leur étiquette, car l’objet en lui-même ne présente aucun intérêt : c’est l’acte d’achat qui déclenche le plaisir. »
Où s’adresser ?
« Il faut savoir que l’on ne sort pas seul d’une addiction. Le sevrage expose à des symptômes dépressifs, à une forte irritabilité, voire à des accès de colère », détaille la psychologue Elsa Taschini. Premier réflexe : en parler à son généraliste, qui redirigera si besoin vers une prise en charge adaptée. Si le problème touche l’alcool ou la cigarette, le suivi par un psychiatre spécialiste en addictologie (en cabinet privé ou dans une unité hospitalière d’addictologie) est indispensable.
Ce qui n’empêche pas de consulter parallèlement un psychologue. « Cela permet de mettre le doigt sur des facteurs de vulnérabilité en lien avec des événements passés », indique Elsa Taschini. On peut aussi contacter directement un centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) près de chez soi. Plus d’infos sur drogues-info-service.fr.
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