Sofiane Bennacer accusé de viols : Valeria Bruni Tedeschi l'a voulu dans son film "malgré des rumeurs"
Il avait décroché sa place parmi les talents retenus pour le prix de la « révélation » des César 2023 avec sa prestation dans le film Les Amandiers de Valeria Bruni Tedeschi, sorti le 16 novembre.
Mais le 23 novembre 2022, l’Académie des arts et techniques du cinéma a décidé de retirer l’acteur Sofiane Bennacer de sa sélection. Une décision qui survenait au lendemain d’une publication du Parisien, qui révélait que l’homme de 25 ans est mis en examen par un juge de Mulhouse (Haut-Rhin) et fait l’objet d’un contrôle judiciaire. Quatre ex-compagnes l’accusent de viols, agressions sexuelles ou violences conjugales. Le concerné conteste ces allégations.
Au surlendemain de ce premier article, Libération a publié les accusations de deux nouvelles femmes. Puis a interrogé des techniciens et des alternants de l’équipe du film, qui ont décrit une omerta sur le plateau de tournage.
D’après leurs témoignages, certains membres des Amandiers étaient au fait des accusations de violences sexuelles visant l’acteur principal sélectionné dès les auditions.
Valeria Bruni Tedeschi « prend pleinement la responsabilité » de son choix
Vendredi 25 novembre, jour-même de la publication cette enquête en Une de Libération titrée « Le scandale des Amandiers », Valeria Bruni Tedeschi a dénoncé un « pur lynchage médiatique » dans un communiqué cité par l’Agence France-Presse (AFP).
La cinéaste, qui « a un immense respect pour la libération de la parole des femmes et un attachement très profond au fait qu’elles puissent être entendues », déclare être « indignée qu’un journal comme Libération puisse piétiner à ce point la présomption d’innocence, donner honteusement en spectacle cette affaire et mettre en première page la photo d’un jeune homme avec du sang sur la main ».
« J’ai été impressionnée artistiquement par Sofiane Bennacer dès la première seconde du casting de mon film. J’ai voulu qu’il en soit l’acteur principal malgré des rumeurs dont j’avais connaissance », écrit-elle. Avant de révéler : « Mes producteurs ont exprimé des craintes et des réticences, mais je leur ai indiqué que ces rumeurs ne m’arrêtaient pas et que je ne pouvais pas envisager de faire le film sans lui. »
Elle poursuit : « Ils m’ont fait confiance, dans le respect qu’ils cultivent des choix artistiques de leurs réalisateurs et réalisatrices. Je les en remercie, et prends pleinement la responsabilité de mon choix. «
Valeria Bruni Tedeschi assure aussi que, comme elle, les producteurs n’ont eu connaissance d’une plainte déposée contre Sofiane Bennacer qu’après le début du tournage des Amandiers. Il était juridiquement inenvisageable […] de changer d’acteur. »
Dans ce communiqué, la réalisatrice se montre certaine de l’innocence de son acteur : « Pour ma part, j’avais depuis quelques mois appris à connaître Sofiane Bennacer dans le travail et notamment pendant la longue période de répétitions, et être tout à fait confiante sur ses qualités humaines : lorsqu’on filme quelqu’un, on ‘voit’ qui on a en face de soi. »
La réponse des producteurs du film
Alexandra Henochsberg de la société Ad Vitam production, coproductrice et distributrice du film Les Amandiers, pointée par l’enquête de Libération, a quant à elle accordé une interview à Télérama pour livrer sa version des faits.
« Au moment du casting, nous avons eu en effet connaissance d’une rumeur concernant le comportement violent qu’aurait eu Sofiane envers une jeune comédienne deux ans avant d’avoir intégré le Théâtre national de Strasbourg (TNS). Patrick Sobelman [d’Agat Films, société qui co-produit le film, ndlr] a alors contacté le directeur de l’école, Stanislas Nordey, qui a confirmé avoir convoqué Sofiane suite à ces accusations, et lui avoir conseillé de quitter l’établissement », retrace-t-elle.
« Mais – et je tiens à insister là-dessus – à aucun moment Stanislas ne nous a parlé de plainte pour viol – alors qu’elle existait déjà – ni d’un signalement auprès du procureur de la république ». Le directeur Théâtre national de Strasbourg a expliqué au Monde avoir utilisé un « devoir de réserve » et respecté le souhait de la plaignante qui ne souhaitait pas que cette affaire devienne publique.
Alexandra Henochsberg affirme avoir découvert « cette histoire de signalement (…) il y a seulement quelques jours, dans Le Parisien. »
Dans un dense communiqué partagé le 26 novembre et rédigé par les deux producteurs, ces derniers martèlent : « Il n’ y a pas de scandale Les Amandiers« .
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