"Si vous m'appelez encore une fois maîtresse, vous sortez", la maire de Paimpol recadre un conseiller municipal
«Je te parle comme je veux ma cocotte». Lundi 26 avril, Fanny Chappé, maire de Paimpol, a rappelé à l’ordre un conseiller municipal pour ses propos sexistes. Comme Mathilde Panot et Ursual Van der Leyen ces dernières semaines, elle dénonce le machisme qui règne en politique.
Si, dans les chiffres, la parité progresse en politique, dans la pratique, certains comportements sexistes perdurent. Preuve en est, les récents propos de Jean-Yves de Chaisemartin, ancien maire UDI de Paimpol, à l’égard de Fanny Chappé, actuelle maire socialiste de la commune. Le 26 avril, lors du conseil municipal, le ton est monté entre madame le maire et le chef de l’opposition. Agacé d’être recadré, ce dernier a interrompu l’édile à plusieurs reprises par des phrases telles que : «Je te parle comme je veux ma cocotte», «oui, maîtresse», «non maîtresse». Sans répondre à ces provocations, Fanny Chappé lui alors intimé le respect. «Si vous m’appelez encore une fois « maîtresse », vous sortez du conseil municipal. Je suis la maire, je mérite le respect», lui a répondu Fanny Chappé avec calme et fermeté.
« On en est encore là en 2021 »
La maire socialiste a ensuite dénoncé le «sexisme» de son collègue de l’opposition, en partageant la vidéo du conseil municipal sur son compte Twitter. «On en est encore là en 2021. Être femme maire, c’est aussi vivre cela», écrit-elle en commentaire. De son côté, Jean-Yves de Chaisemartin se défend de tout sexisme. «Il n’y a aucun caractère sexiste dans mon propos. Je concède une remarque désinvolte et provocatrice», écrit-il dans un message envoyé à 20 Minutes. Comme en attestent les échanges de messages partagés par Paimpol Politique, l’ancien maire de Paimpol battu en 2020 par la socialiste maintient ses propos. «Se complaire dans le rôle de victime (…) On peut être femme et incompétente. (…) Je ne suis ni misogyne, ni méprisant, ni même désagréable. Simplement affligé par un comportement de maîtresse d’école qui ne supporte ni la contradiction ni même le débat».
« Comportements déviants »
Sexisme, impolitesse, esprit revanchard ? Interviewée par RTL, Fanny Chappé maintient qu’il s’agit bien de sexisme. Quant à la question de revanche politique, l’élue répond qu’«au-delà d’un clivage politique, il y a des propos qu’on ne peut pas tenir. Sinon, on trouvera toujours une excuse.» Pour elle, cette forme d’impolitesse est une façon «de banaliser ce genre de propos». L’élue appelle aussi à la vigilance vis-à-vis de ces «comportements déviants», contre lesquels «il faut reposer le cadre».
En février dernier, la députée de la France Insoumise, Mathilde Panot, avait elle aussi appelé au respect de la fonction et des institutions, après avoir été traitée de «poissonnnière» et de «folle» par Pierre Henriet, élu LREM. «Ce n’est pas une question personnelle. C’est notre institution qui ne doit pas laisser passer ça. Il y a beaucoup trop de sexisme à l’Assemblée nationale», avait-elle expliqué.
En vidéo, Ursula von der Leyen privée de chaise à Ankara
Le sofagate, « cela s’est produit parce que je suis une femme »
Début avril, l’affront diplomatique fait à Ursula von der Leyen, lors de sa visite à Ankara, illustre lui aussi le machisme ambiant en politique, même au plus haut niveau de responsabilités. Le 6 avril, lors de sa rencontre avec Recep Tayyip Erdogan, la présidente de la Commission européenne s’était vue privée de siège, quand Charles Michel, président du Conseil européen, lui, siégeait à côté du président turc. L’incident protocolaire et sexiste désormais appelé «sofagate», a depuis fait l’objet d’une mise au point au sein des instances européennes.
Lors d’un débat consacré aux relations UE-Turquie, Ursula von der Leyen s’est dite «blessée et seule en tant que femme et en tant qu’Européenne». «Je suis la présidente de la Commission européenne et c’est en tant que tel que je m’attendais à être traitée quand je me suis rendue en Turquie. Comme une présidente de la Commission. Mais ce ne fut pas le cas. Je ne trouve aucune justification à ce traitement dans les traités européens. Je dois donc en conclure que cela s’est produit parce que je suis une femme», a-t-elle expliqué.
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