Shygirl, la rappeuse que la mode s'arrache | Vogue Paris

Shygirl était à l’honneur de la présentation de la collection femme automne-hiver 2021-2022 de Burberry. La musicienne nous parle de sa collaboration avec le directeur artistique Riccardo Tisci, qui nous livre ses pensées sur cette artiste à part.

Voilà cinq ans que Blane Muise, alias Shygirl, a sorti son premier single éclectique Want More. Depuis, la Londonienne, musicienne, DJ et fondatrice du label Nuxxe — qu’elle gère en partenariat avec ses amis producteurs et musiciens Sega Bodega et Coucou Chloe — a donné naissance un univers artistique futuriste et progressiste qui s’appuie sur l’expérimentation sonore, l’innovation et l’autonomie sexuelle.

Avec Cruel Practice, son premier EP sorti en 2018, l’artiste de 28 ans a conquis de nombreux fans, que ce soit sur les dancefloors d’avant-garde ou dans les défilés les plus glamour : Rihanna l’a fait participer, avec les autres artistes de l’écurie Nuxxe à différents défilés, dont le Fenty x Puma en 2017, ainsi qu’à des publicités pour Fenty Beauty. Son morceau Want More s’est également retrouvé dans un film récent pour la collection printemps-été 21 de Mugler, et Shygirl est apparue, aux côtés de Rosalía et Björk sur l’album marquant d’Arca intitulé KiCk i paru en juin 2020.

© Courtesy of Burberry

Toujours en 2020, son deuxième EP, Alias, est sorti. On y retrouve des instrumentaux d’Arca et de l’artiste Sophie, tragiquement disparue en janvier 2021. On retrouve sur cette œuvre pleine d’inventivité et d’intelligence les morceaux Tasty et Slime, que Riccardo Tisci, directeur artistique de Burberry a découvert et adoré, ce qui l’a conduit à proposer à Shygirl de collaborer à la présentation de la collection femme automne-hiver 21 de la maison.

« Évidemment, je connaissais le travail de Riccardo Tisci, mais j’ignorais qu’il connaissait le mien, nous dit l’artiste, interviewée par Zoom depuis son domicile londonien. Lors de notre première rencontre, je me suis rendu compte qu’on avait beaucoup de passions communes. C’est très agréable d’être sur la même longueur d’onde. C’est ce que j’ai toujours cherché dans la musique, rencontrer des individus qui partageaient le même état d’esprit ». La présentation Burberry qui rendait hommage à la force indomptable de mère Nature ainsi qu’au mouvement britannique Art & Craft du début du 20ème siècle a été dévoilée sur YouTube, Instagram et Burberry.com le 21 avril. 

« Shygirl est une femme d’un talent et d’une force incroyable, qui n’a aucun complexe. Par sa musique et sa production artistique, elle fait entendre la voix des jeunes d’aujourd’hui, explique Riccardo Tisci. C’est ce qui m’a attiré vers elle et c’est ce que j’admire chez elle, à la fois en tant qu’artiste et qu’être humain. C’est une force de la nature, éblouissante de confiance en soi. Elle n’a pas peur de s’exprimer et de vivre selon ses idéaux, en s’appropriant la puissance de la féminité avec romantisme et sensualité. »

Dans la présentation, une Shygirl immense habillée sur mesure en Burberry déclamait dans l’atrium du magasin londonien de Regent Street son titre Divine, offrant une performance de spoken word inoubliable. 

Nous avons rencontré l’artiste pour nous entretenir avec elle de mode, de cinéma, et de son aura lumineuse.

© Courtesy of Burberry 

Depuis un an et demi, votre popularité a explosé. Selon vous, à quoi est-ce dû ?

« Je pense qu’il s’agit d’une évolution naturelle. C’est en étant le plus authentiquement soi-même, qu’on touche le plus grand nombre de personnes. On ne peut les toucher si on essaie d’être quelqu’un que l’on n’est pas. Je pense que tout le monde peut se retrouver dans la découverte et l’expression de sa personnalité, même si tout le monde n’approuve pas entièrement le mode d’expression. La pulsion à se faire entendre se reconnaît instantanément. »

« Au cours ces derniers mois, j’ai l’impression que le public a été plus attentif, peut-être parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire. C’est un climat parfait pour qu’une œuvre soit absorbée par le public sans les limites que pouvait imposer l’industrie auparavant. Habituellement, il y a beaucoup de choses à faire, des concerts, des DJ sets. Mais en ce moment, on ne peut pas se produire en concert, donc il y a eu une sorte de profusion artistique. Ça a été un très bon tremplin pour moi et ma manière de travailler, ça m’a fait affronter de nouveaux défis créatifs ».

Comment découvre-t-on sa véritable identité ? Est-ce intimidant de l’exprimer par l’art ?

« Je dois avoir une certaine dose d’ego pour m’être lancée là-dedans. J’ai toujours été poussée à croire que je faisais quelque chose d’intéressant ou de bien. J’ai des parents qui me soutiennent et qui m’ont encouragée dans tous les chemins que j’ai pris.

Parfois, on sort un morceau et on pense qu’il ne pourrait pas être meilleur. Mais si quelqu’un a quelque chose à redire, ça fait partie du circuit de la consommation. J’aime le débat qui s’engage. Je n’attends pas des gens qu’ils m’aiment automatiquement. Je veux qu’ils me fassent part de leur ressenti, qu’ils interrogent leurs attentes à mon sujet. »

© Courtesy of Burberry

Comment était-ce de travailler avec Riccardo Tisci pour Burberry?

« Je me suis sentie incroyablement privilégiée quand Riccardo m’a dit qu’il avait vraiment accroché sur mon clip pour Slime. Je suis heureuse qu’il m’ait découverte par l’un de mes travaux plutôt que sur Instagram ou autre. L’aspect visuel fait intégralement partie de mon travail artistique et il est rare que les gens l’apprécient à sa juste valeur. Certains ont tendance à simplement chercher ce qui est cool et à essayer de m’utiliser – ça ne m’intéresse pas du tout ».

Comment a évolué votre style au fur et à mesure de l’évolution de Shygirl?

« J’ai sans aucun doute gagné en confiance en moi. Je m’habille plus pour coller à mon humeur et à mon confort. Se sentir à l’aise, ça ne signifie pas forcément de s’habiller en survêtement tout le temps, ça peut aussi être de porter une tenue sexy ou décolletée. J’en tire une forme de puissance parce que c’est moi qui contrôle. Me rendre dans des lieux où je sais que je vais être regardée – même pas en tant que musicienne, mais en tant que femme – cela signifie pour moi de choisir ma tenue pour me sentir bien dans un espace que je peux contrôler.

C’est une chose que j’ai amenée dans mon travail auprès des marques, comme dans mes conversations avec Riccardo, ou les gens de Burberry. La mode a progressé dans les types de corps qui sont représentés. Et il ne s’agit pas simplement de mettre un certain type de corps dans un défilé pour cocher une case. Il s’agit de faire une mode inclusive. Quand on réfléchit à la coupe et au dynamisme, on ne peut pas se contenter de penser qu’une femme plus ronde va chercher à couvrir son corps. Aujourd’hui, j’ai l’impression de pouvoir davantage expérimenter, parce qu’avant il n’y avait pas de place pour que je m’exprime de cette façon dans la mode. Je me sens bien plus à l’aise aujourd’hui.

Votre performance chez Burberry tournait autour de l’idée de femmes inoubliables et puissantes. Qui sont ces femmes dans votre vie ?

« Il y a [la styliste et créative] Mischa Notcutt, avec qui je travaille. J’ai été marquée par sa façon d’être lorsque je l’ai rencontré, il y a environ sept ans. J’étais assistante sur un shooting – j’étais assistante-photographe à l’époque – et j’ai été éblouie par sa maîtrise. Ce n’était pas de l’autoritarisme, mais c’était vraiment grâce à elle que tout avançait. Elle m’a également mis en lien avec beaucoup d’autres gens, mes amis, ma communauté et ma communauté artistique.

« Ensuite, il y a ma mère, et ma grand-mère, qui continuent à énormément m’influencer. Il y a chez les femmes une forme de résilience que je ne vois que rarement chez les hommes. Les femmes se dépassent et font bouger les choses sans avoir besoin d’être encouragées tout le temps. »

© Courtesy of Burberry 

Avec l’histoire d’amour entre Fenty et vous, vous ne voudriez pas écrire une chanson pour Rihanna ?

« J’adorerais écrire une chanson pour Rihanna. Je suis une fan maniaque donc si la presse continue à en parler, peut-être que ça arrivera un jour. Ce serait comme si toutes les planètes s’alignaient. »

Votre activité consiste principalement à vous produire sur scène et à faire la DJ, deux secteurs ravagés par le Covid-19. Comment avez-vous survécu à cette année ?

« J’ai passé une bonne année. Pour ma carrière et mon parcours, ça a même été une année exceptionnelle. Je sais qu’on n’est pas nombreux à pouvoir en dire autant. Il y a toujours beaucoup d’adversité et on ne sait jamais ce qui nous attend au tournant. Je n’avais pas vraiment d’attentes concernant ma carrière musicale, donc je n’attendais pas forcément grand-chose de 2020. J’ai accueilli tout ce qui s’est présenté et j’ai essayé de m’en servir de la meilleure des façons. C’est quelque chose que je continuerai à faire, quel que soit mon état d’esprit. Je suis certaine qu’un imprévu pourrait venir et me pousser par surprise dans une autre direction, mais cette année on a tous appris que quels que soient nos plans, il faut garder les pieds sur terre. Je compte continuer ainsi. »

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