Sexting : quels sont les risques de cette pratique fréquente chez les adolescents ?
Certaines personnes aiment envoyer des messages coquins ou des photos dénudées afin de faire monter l’excitation chez leurs partenaires. Connue sous le nom de sexting, cette pratique est très courante chez les adolescents et les jeunes adultes. Plusieurs études suggèrent cependant que ce procédé peut avoir des risques pour la santé mentale et la sexualité.
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Apparu au début des années 2000, le mot « sexting » est la contraction de deux termes anglo-saxons : « sex » et « texting ». Cette pratique se caractérise par des messages, des photos, des vidéos à caractère sexuel envoyés ou reçus par le biais des nouvelles technologies (téléphones portables, ordinateurs, tablettes). Les contenus envoyés ou reçus sont généralement appelés « sextos ».
Sexting : une pratique qui repose sur la confiance mutuelle
Selon plusieurs études, la pratique du sexting est très présente chez les adolescents et les jeunes adultes. Une thèse sur l’évolution du sexting chez les jeunes a notamment été menée entre 2016 et 2019 par Yara Barrense-Dias, une chercheuse suisse. La responsable de recherche à Unisanté, un centre universitaire de médecine générale et de santé publique situé à Lausanne (Suisse), a notamment réalisé une enquête nationale sur le sexting. Près de 5.000 jeunes adultes âgés de 24 à 26 ans ont été interrogés. Selon les résultats, une personne sur deux avait déjà envoyé une photographie d’elle-même à caractère sexuel.
Selon la spécialiste, les adolescents seraient de grands adeptes du sexting pour plusieurs raisons : « L’application Snapchat, sortie en 2011, a été un véritable tournant dans la pratique. Comme elle est largement utilisée par des plus jeunes, cela peut expliquer le fait qu’on parle plus du sexting chez les adolescents. En période de découverte sexuelle comme ils le sont, et avec la facilité de communication que représentent pour eux les réseaux sociaux, cela peut aussi amener un contexte favorable, surtout pour des individus qui vivent chez leurs parents ou sont parfois éloignés de leur partenaire« , explique Yara Barrense-Dias à nos confrères du Monde.
« En soi, le sexting n’est pas un mal. Il peut faire partie de la sexualité d’aujourd’hui, une pratique que l’on pourrait considérer comme des préliminaires 2.0 », complète la chercheuse sur RTS. Cette nouvelle forme de séduction repose donc sur une confiance mutuelle. Il est important de s’assurer que le récepteur soit une personne de confiance avant d’envoyer une photo dénudée ou un texte à caractère sexuel. La notion de consentement est également très importante. Une personne peut ne pas souhaiter recevoir une image des parties intimes de son ou sa partenaire, et inversement elle peut ne pas vouloir en envoyer.
Quels sont les risques du sexting chez les plus jeunes ?
Le sexting présente cependant plusieurs risques notamment celui du revenge porn, qui « consiste à se venger d’une personne en rendant publique des contenus dits pornographies l’incluant dans le but évident de l’humilier », comme l’explique la plateforme e-Enfance.
Des scientifiques de l’Observatoire Universitaire International d’Éducation et de Prévention (OUIEP) et du Centre Hubertine Auclert ont réalisé une étude sur le cybersexisme, les violences faites à travers le cyberespace. Au cours des recherches, 17% des filles et 11% des garçons ont déclaré avoir été victimes de cyberviolences à caractère sexuel par le biais de photos, de vidéos et de SMS envoyés sous la contrainte et/ou diffusés sans l’accord et/ou reçus sans en avoir envie.
Trois à quatre élèves par classe ont reconnu avoir reçu des sextos sans leur consentement. Selon l’étude, les filles sont deux fois plus nombreuses à avoir réalisé sous la contrainte des photos d’elles-mêmes par rapport aux garçons. Leurs petits-amis étaient souvent à l’origine de cette pression.
Une étude canadienne, publiée dans la revue JAMA Pediatrics, a également suggéré que le sexting pouvait avoir des effets négatifs sur la sexualité et la santé mentale des jeunes. Les chercheurs de l’Université de Calgary ont observé les données de 23 études regroupant 41.723 participants âgés de 12 à 17 ans.
Résultats : la pratique du sexting a été associée à des comportements dangereux surtout chez les jeunes adolescents. Ils étaient plus susceptibles de consommer de la drogue et de fumer du tabac. Les adolescents qui pratiquent le sexting auraient également tendance à avoir plusieurs partenaires sexuels et à ne pas utiliser de moyens de contraception pour se protéger lors des rapports. Les scientifiques ont également identifié des troubles psychologiques comme une dépression ou de l’anxiété.
Pour les chercheurs, il est important d’informer massivement les plus jeunes sur les sextos et la citoyenneté numérique avant de prévenir des risques de cybersexisme. Ils ont notamment recommandé d’instaurer des campagnes de prévention dans les écoles à propos de la sécurité, de l’éthique, du respect et des comportements sur Internet.
Les parents ont également un rôle à jouer pour protéger leurs enfants, en prenant le temps de les écouter et de dialoguer avec eux sur des sujets tels que la sexualité et la sphère numérique. « Le sexting fait partie des développements de notre ère technologique moderne. Le traiter de façon punitive n’est peut-être pas la manière la plus efficace d’intéresser les jeunes à ce sujet », a souligné Camille Mori, chercheuse en psychologie à l’Université de Calgary et co-auteur de l’étude.
Sexting : quelles sont les lois qui protègent de la divulgation des contenus à caractère sexuel ?
Plusieurs articles du code pénal permettent de protéger les victimes de cybersexisme ainsi que de cyberviolences et de condamner les auteurs d’atteintes volontaires à l’intimité de la vie privée. L’article 226-6 du code pénal indique notamment qu’il « est puni d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende le fait, au moyen d’un procédé quelconque, volontairement de porter atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui : (…) En fixant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de celle-ci, l’image d’une personne se trouvant dans un lieu privé. »
Dans le code pénal, l’article 227-23 réprime également la diffusion, la fixation, l’enregistrement et la transmission de l’image ou la représentation d’un mineur avec un caractère pornographique. Ce délit est passible de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende. « Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et à 100.000 euros d’amende lorsqu’il a été utilisé, pour la diffusion de l’image ou de la représentation du mineur à destination d’un public non déterminé, un réseau de communications électroniques », précise le site LégiFrance.
Il est également possible de signaler des comportements ainsi que des contenus malveillants et illégaux sur la plateforme www.pointdecontact.net.
Sources : La plateforme e-Enfance, l’Observatoire Universitaire International d’Éducation et de Prévention (OUIEP) et du Centre Hubertine Auclert, JAMA Pediatrics, LégiFrance
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