Sexe à la télévision : pourquoi ça nous gêne ?

Quand nous sommes installées avec notre homme devant le petit écran, la moindre scène un peu torride nous donne l’irrépressible envie de zapper. C’est quoi cet étonnant malaise ? Essayons d’en faire quelque chose plutôt que de le subir.

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Face à des ébats télévisés particulièrement enflammés mettant en scène des jouvenceaux à l’esthétique parfaite, il nous arrive d’être tout émoustillée si nous les regardons en solo – celles qui ont visionné avec gourmandise La Chronique des Bridgerton, sur Netflix, sauront de quoi on parle ! Mais si notre amoureux fait canapé commun avec nous à ce moment-là, le plaisir est gâché et la gêne s’installe. Bizarre, bizarre, car nous ne sommes pas particulièrement pudibonde ou coincée. Peut-être est-il tout simplement question de nostalgie… « Ces images peuvent nous renvoyer à des épisodes de notre jeunesse, nous faire repenser à un ex avec lequel nous avons connu une passion ardente il y a longtemps. Et pour évoquer pleinement ces moments forts et pouvoir nous y laisser aller en toute liberté et en toute tranquillité, nous ne souhaitons pas le moindre parasitage ni la moindre présence à nos côtés à cet instant précis », avance Valérie Cordonnier, sexologue.

Attention, pas de malentendu : on n’est pas dans le registre des regrets et de la nostalgie plombante, dans le refrain déprimant « c’était tellement mieux avant ! » « Les jolis souvenirs, même ceux qui ne sont pas en relation avec notre conjoint, sont porteurs, car ils nourrissent et stimulent notre vie sexuelle du moment », insiste-t-elle. Quand ils surviennent, délicieusement convoqués par le petit écran, il est donc tout à fait normal que nous ayons envie d’en profiter sans être dérangée.

Stop aux comparaisons !

Parfois, notre trouble est provoqué par le spectacle de notre homme littéralement captivé par ces séquences osées. Les yeux écarquillés et rivés à la petite lucarne, il paraît être dans un état second. On se doute bien qu’il n’a pas attendu le téléfilm du samedi soir pour fantasmer, mais nous n’avons aucune envie d’y assister en direct. On aimerait alors pouvoir couper net la télé au nez et à la barbe de notre amoureux pour que cesse cette insupportable attraction ! Notre malaise provient aussi sûrement des petites voix insidieuses qui nous vrillent le cerveau… Et si ça lui donnait des idées ? Et s’il se disait que, dans les bras d’une jeunette, il pourrait, tout comme l’acteur, éprouver une telle félicité ? « Les femmes sont nombreuses à se laisser happer par le cercle infernal de la comparaison jalouse et anxieuse, analyse Valérie Cordonnier. Cette actrice semble tellement libre dans son corps, elle fait des choses que je n’ai jamais faites, que je n’oserai jamais faire, que je ne sais pas comment faire et qui semblent plaire à mon mari. Je me sens dévalorisée, renvoyée à ce que je pense être mes insuffisances, et c’est insupportable. » Pourquoi tant de défaitisme ? Plutôt que de fermer nos écoutilles, nous pourrions scruter ces scènes dans le but d’en tirer la substantifique moelle. Et pourquoi pas, reprendre à notre compte telle façon de bouger ou de se positionner, tel petit caraco enjôleur…

Des mâles et des maux !

Nous connaissons peut-être une situation exactement inverse : à la première scène d’amour à la télé, notre homme a comme par hasard quelque chose d’urgentissime à faire dans une autre pièce. Il se lève comme un ressort et ne revient qu’une fois l’acte consommé. La force de son rejet a de quoi nous interpeller… Que ne veut-il surtout pas voir ? Les performances d’un jeune et bel étalon, le plaisir qu’il donne à sa partenaire ? « Les hommes eux aussi peuvent avoir tendance à se prêter au jeu des comparaisons, souvent sur le mode de la rivalité, observe la sexologue. Et comme, face à un héros de fiction, ils ne font évidemment pas le poids, cela peut les mettre profondément mal à l’aise.

De même, les images de cet amant “parfait” et surimpliqué dans la relation sexuelle peuvent confronter un homme à sa propre paresse. Il sait bien qu’il ne rejoue pas tous les soirs la grande scène du deux à sa partenaire, que souvent, il se contente d’une partition minimaliste, pas forcément très généreuse. Il sait bien qu’il devrait se remettre au sport et surveiller davantage son alimentation pour canaliser ses poignées d’amour sans repousser sans cesse au lendemain. » Acculé par ces fâcheux constats, il opte pour le : « Courage, fuyons ! »

Petit écran et grands émois

Évidemment, on peut zapper à la seconde où les acteurs amorcent un rapprochement annonciateur ou ne plus regarder la télé ensemble pour éviter à coup sûr les situations embarrassantes. Ou bien se conduire en adultes désireux de faire évoluer leur sexualité dans le bon sens ! Lorsque nous sentons l’embarras poindre chez nous ou chez notre voisin de canapé, passons outre et prenons l’initiative de nous rapprocher de lui pour lui effleurer la cuisse ou poser notre tête sur son épaule. « Dans un tel contexte, les mots ne sont pas forcément adaptés, car ils pourraient être trop intrusifs. Mais le contact physique, lui, est très judicieux, car il est apaisant et rassurant. Il vient dire à l’autre, tout en douceur mais sans ambiguïté, que nous avons toujours du désir pour lui », conseille Valérie Cordonnier.

Nous serons d’autant plus décontractés devant les scènes d’amour à la télé que nous aurons foi dans notre sexualité réelle, celle de la vraie vie. « Soyons bien conscients que la sexualité à 60 ans n’est pas de la sous-sexualité ! Elle est plus érotique que strictement performante, pleine et accomplie, faite de connaissance de l’autre, de complicité et de confiance. Bref, jubilatoire », s’enthousiasme Valérie Cordonnier. C’est compris ?

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