Sept conseils pour vivre au mieux avec son hypersensibilité

Depuis 2019, le 13 janvier sonne la journée nationale de l’hypersensibilité. L’occasion de demander à deux professionnels les clés pour transformer cette caractéristique en atout majeur.

Un quart de la population française serait «hypersensible», selon Saverio Tomasella, docteur en sciences humaines, psychanalyste et auteur de Hypersensibles : trop sensibles pour être heureux ? (1). Cette caractéristique consiste à ressentir les émotions de manière intense, amplifiée et surtout sans filtre. Le psychanalyste classe ces personnes en «trois grandes familles». Celle des «hypersensoriels», très sensibles à la lumière, aux bruits, aux odeurs et aux textiles, les «émotifs», qui ressentent une «palette d’émotions plus large», les leurs et celles de leur entourage, puis pour finir celles et ceux qui «pensent tout le temps, qui doutent et ressassent ce qu’on leur dit».

Par définition, l’hypersensible est sujet aux stimuli extérieurs du quotidien, ce qui peut parfois compliquer les journées et les rapports aux autres. Mode d’emploi pour vivre au mieux son hypersensibilité au quotidien.

Se connaître

La première chose à faire est de reconnaître sa grande sensibilité et d’accepter sa différence. «Tant que la personne ne reconnaît pas qu’elle est hypersensible, elle va avoir tendance à en souffrir, à vouloir être comme les autres alors qu’elle ne l’est pas», précise Saverio Tomasella.

Autre point important : «Être au clair avec la perception de son hypersensibilité. Quelle image, quelle représentation a-t-on de soi ?», explique Nathalie Clobert, psychologue hypnothérapeute et auteure de Domptez votre hypersensibilité, c’est malin (2).

Arrêter de considérer qu’il s’agit d’un défaut

Cette «caractéristique de la personnalité», comme le définit la psychologue, ne compte pas uniquement des aspects négatifs. Voyons notre hypersensibilité comme un atout dans certaines situations. Si nous avons l’impression d’être une éponge à émotions, regardons cela différemment. Retenons plutôt que nous sommes capables de beaucoup d’empathie, et que nous comprenons particulièrement bien les personnes qui nous entourent.

Pour tirer parti de ses émotions, les deux professionnels s’accordent sur l’importance d’entretenir sa sensibilité. «Pour les personnes qui aiment les arts, c’est un véritable atout. Elles vont pouvoir développer une sensibilité avec beaucoup plus d’intensité, de subtilité et de finesse», décrit Nathalie Clobert. «Tout ce qui est manuel et créatif va aider les personnes hypersensibles à se recentrer sur elles-mêmes, à se sentir bien dans leur corps», ajoute Saverio Tomasella. N’hésitons pas non plus à développer notre sens artistique en tant que spectateur en nous rendant à des expositions, au cinéma et en tant qu’acteur en pratiquant une activité telle que la danse ou le dessin.

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Dédramatiser

«Tu es trop émotif», «ne pleure pas devant les autres»… Les hypersensibles sont familiers de ce genre de remarques. Or, il n’y a pas de honte à avoir lorsque nous exprimons nos émotions. Pleurer après une rude journée, chez soi ou en public, ne fait pas de nous des personnes fragiles ou faibles. La honte de son hypersensibilité est liée «au regard qu’avaient nos parents ou nos éducateurs sur la sensibilité», souligne le psychanalyste. Si nous n’arrivons pas à nous défaire de l’humiliation que nous pouvons ressentir en exprimant nos émotions, la méditation ou la thérapie peuvent aider.

Vivre pleinement son émotion

«Dans un environnement favorable, au travail avec des collègues bienveillants, accueillants ou respectueux, la personne peut pleurer devant tout le monde», explique Saverio Tomasella. Si les larmes nous montent aux yeux en public, il n’y a aucun mal à pleurer ou à exprimer l’émotion qui arrive. Le plus important est de «mettre des mots sur ce qui se passe et sur ce que l’on ressent. On peut aussi rassurer les personnes qui nous entourent sur ce que l’on est en train de vivre, cela peut être impressionnant», ajoute la psychologue.

Cependant, en présence de personnes non compréhensives ou si, «par pudeur», on ne souhaite pas laisser transparaître ses émotions, «on se retourne ou se retire, en allant aux toilettes, dans un couloir ou dehors», conseille le psychanalyste.

Prendre du recul face à la colère

Lors d’une dispute avec son ou sa partenaire ou avec une personne qu’on connaît de longue date, il est primordial de dire ce que l’on ressent. Si l’on sait que la dispute sera inutile, «plutôt que de répéter la même scène tout le temps, mieux vaut quitter la pièce, attendre que la colère ou les pleurs soient passés», prévient le psychanalyste. Le professionnel suggère ainsi de prendre du recul sur la situation et de dire à la personne que l’«on en reparlera plus tard quand on se sera calmés l’un et l’autre».

Penser à se reposer

Pour éviter le trop-plein d’émotions, Saverio Tomasella préconise le repos, «les hypersensibles ont des besoins de repos bien supérieurs à la moyenne». Dans la journée, le professionnel recommande de prendre une pause de dix minutes après le repas de midi. Si on est chez soi, une petite sieste convient, si on est au travail, on met un casque sur les oreilles et on ferme les yeux.

S’entraîner à calmer ses émotions

Pour aider à calmer ses émotions, le psychanalyste invite à pratiquer trois exercices simples. Nous pouvons respirer en allongeant le temps de l’expire par rapport à celui de l’inspire en fermant les yeux. Cet exercice répété trois à six fois permet de ralentir le rythme de sa respiration. «La respiration aide vraiment à limiter l’impact émotionnel», explique le psychanalyste.

Le second exercice est une reprise de contact avec trois appuis du corps. On peut penser à ses pieds posés sur le sol, son fessier installé sur la chaise et ses mains positionnées sur la table, tout en fermant les yeux. Si on est en pleine réunion et qu’on sent l’émotion arriver, on se concentre sur ses trois appuis et on ferme ses paupières. «Fermer les yeux calme le cerveau», développe Saverio Tomasella.

Le troisième exercice consiste tout simplement à marcher. Lorsqu’on sent les émotions arriver, on va faire un tour pendant cinq minutes. «Si on sent qu’on est énervé, on marche vite pour expulser l’énervement, quitte à souffler fort. Si, au contraire, on cherche à se calmer, on marche et on respire lentement», ajoute le spécialiste.

Se créer une bulle protectrice

Chez soi ou au travail, entretenir un environnement bienveillant peut permettre de nous rassurer. «Cela fait du bien de s’entourer de choses qui font qu’on se sent dans une bulle protégée», explique le psychanalyste. Disposer des plantes, des pierres semi-précieuses et/ou des photos de personnes qu’on apprécie ou de lieux nous rappelant de bons souvenirs sur son bureau, peut permettre de se sentir bien dans un «environnement familier». Pour les personnes hypersensibles se servant des huiles essentielles telles que les fleurs de Bach, le professionnel suggère d’en mettre sur les poignets ou sur un petit mouchoir et de les utiliser «à chaque fois qu’elles se sentent dépassées par quelque chose», précise Saverio Tomasella.

*Initialement publié en janvier 2019, cet article a fait l’objet d’une mis à jour.

(1) Hypersensibles : trop sensibles pour être heureux ?, de Saverio Tomasella, Éd. Eyrolles, 208 pages, 18 euros.
(2) Domptez votre hypersensibilité, c’est malin, de Nathalie Clobert, Éd. Leduc.s, 176 pages, 6 euros.

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