Sarah Espeute : « La broderie est un loisir accessible au plus grand monde »

La créatrice marseillaise collabore avec Le Tanneur et signe une nappe brodée, disponible sur le site de la marque. Rencontre une passionnée d’arts en général et de broderie en particulier.

C’est l’histoire d’une rencontre. Entre Le Tanneur, maison spécialisée dans le cuir, et Sarah Espeute, jeune créatrice marseillaise. Pour la marque, cette adepte de la broderie a réalisé une nappe en lin ancien. Avec cette collaboration, c’est tout un savoir-faire qui est mis en avant. Tous les bénéfices sont reversés à Sarah Espeute. Un bon moyen pour Le Tanneur de montrer son soutien à l’artisanat français.

ELLE. Comment présenterez-vous votre approche de la broderie ?

Sarah Espeute : Je fais beaucoup de broderie mais je tiens à ce que l’on me considère comme une artiste designer et non pas comme une brodeuse. À l’origine, j’ai fait du graphisme mais j’ai souhaité m’orienter vers d’autres domaines d’activités comme la peinture. Ce fut un vrai coup de cœur ! Mon approche de la broderie (et du design, de manière générale) est assez simple. Selon moi, la décoration doit s’inspirer de l’art. Je me nourris de mes références, notamment picturales, pour proposer des objets qui vont nous accompagner au quotidien. 

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ELLE. Comment est née votre collaboration avec Le Tanneur ?

SR : Une connaissance a pensé à moi pour imaginer une nappe lors d’un de leurs shootings. J’ai été retenu et il s’est trouvé que la marque a aimé mon travail. Ils ont été convaincus par ce que je proposais et ont donc voulu faire un bout de chemin avec moi. Finalement, ma collaboration avec eux n’était pas prévu au départ mais ça s’est fait comme ça, par un concours de circonstances (rires).

« Ma mère achetait ses cartables chez Le Tanneur »

ELLE. Aviez-vous des souvenirs particuliers de cette marque avant de travailler avec elle ?

SR : Oui, des images assez anciennes. Je me souviens de ma mère qui achetait ses cartables dans leurs boutiques. Je dirais que ce sont des souvenirs à la fois proches et loin de moi. Parce qu’en travaillant avec eux, je me suis rendu compte que je ne connaissais pas cette enseigne aussi bien que je le pensais.

ELLE. À travers votre association avec l’enseigne française, c’est finalement tout un savoir-faire artisanal qui est mis en avant…

SR : Absolument. On valorise un savoir-faire national. De prime abord, je n’en étais pas forcément consciente même si, effectivement, c’était clairement l’enjeu de départ. De manière plus large, j’aime proposer des choses autour de la création. C’est vraiment le cœur de mon métier.






© Fournis par ELLE
Nappe

La nappe brodée de Sarah Espeute est fabriquée en lin ancien. © Le Tanneur

ELLE. Il y a cette surprise de voir une maison comme Le Tanneur, spécialisée dans le cuir, proposer une nappe brodée…

SR : C’est une marque qui souhaitait s’ouvrir à d’autres domaines de création. Sortir de l’industrie du cuir stricto sensu. Le Tanneur est une enseigne surprenante, qui a à cœur de ne pas se réduire à de la maroquinerie. Il y a un vrai travail de prospection, afin de venir chercher des créateurs qui, comme moi, n’étaient pas forcément liés à l’univers du cuir au départ.

ELLE. Quid de la question du Made in France ?

SR : Le Tanneur valorise des modèles avec des artisans locaux. C’est l’une des règles essentielles de leur travail. Sensibiliser leurs acheteurs à la question du Made in France est une de leurs priorités. Alors oui, c’est un fait, lorsque l’on fabrique un produit dans l’hexagone, forcément il coûte un certain prix. Ma nappe est à 280 euros mais je pense que c’est un tarif cohérent. Il faut prendre en compte le cas des matières premières comme ici le lin et le coton, le travail de redimension puis l’étape décisive de la broderie. C’est un travail fascinant mais qui demande néanmoins énormément de temps et d’énergie.

ELLE. Cette collaboration permet également de faire un focus sur la broderie, qui connaît un véritable retour en grâce…

SR : Effectivement, comme c’est le cas avec la mode, les travaux manuels sont le récit d’un éternel recommencement (rires) ! Jusqu’à présent, la broderie avait cette image assez désuète, qui semblait se borner uniquement aux loisirs créatifs. Ces derniers mois, la pratique s’est considérablement élargie et de plus en plus d’artistes y ont recours dans leurs œuvres. C’est un loisir qui s’est démocratisé et qui participe à ce désir d’authenticité que les gens recherchent de plus en plus.

« Même les personnes impatientes peuvent être passionnées de broderie ! »

ELLE. Comment peut-on expliquer un tel phénomène autour de la broderie, qui génère notamment une vraie passion sur Instagram ?

SR : La broderie est un loisir accessible au plus grand monde et qui a le mérite d’être assez peu onéreux. Alors bien sûr, ceux qui sont déjà à l’aise avec une aiguille sont avantagés. Mais pour les novices, il ne faut pas avoir peur de se lancer. Il faut juste se poser la question du trait et du point. Après cela, la broderie vous tend les bras !

ELLE. Avez-vous des conseils pour ceux qui souhaiteraient se lancer dans la broderie ?

SR : Je leur dirais de ne surtout pas avoir d’appréhensions. On pourrait se dire que c’est impressionnant mais ce n’est pas le cas. Pour le reste, c’est comme pour les autres activités. Il faut prendre conscience de son niveau et ne pas partir d’emblée sur des choses trop compliquées. Dites-vous que votre réussite en broderie va dépendre de la manière dont vous allez apprivoiser la pratique. Et si vous êtes impatients, ne vous faites pas de soucis. C’est mon principal défaut et cela ne m’empêche pas d’adorer la broderie (rires) !

ELLE. Quels sont vos projets ?

SR : Je vais refaire mon site internet et travailler au lancement d’une collection de produits. Cela va concerner des nappes mais aussi des sets et chemins de tables. Outre la broderie, j’ai également une exposition de mes peintures et de mon travail en tant que designer de petit mobilier qui aura lieu en septembre, à Rome. J’essaie de pas m’enfermer et d’être assez polyvalente.

Nappe en lin brodée de Sarah Espeute pour Maison Le Tanneur (280€), à retrouver sur www.letanneur.com

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