Santé : comment lutter contre les remontées acides ?

Avec des sensations de brûlures qui remontent dans l’œsophage et des régurgitations acides, les reflux gastriques, sous toutes leurs formes, touchent 20 à 30 % de la population adulte au moins une fois par mois.

Les reflux gastro-œsophagiens (RGO) après les repas sont dus à une défaillance du sphincter inférieur qui, normalement, empêche la remontée du contenu de l’estomac dans l’œsophage. Or l’estomac produit des sucs gastriques (mélange d’enzymes et d’acide chlorhydrique) pour digérer les aliments. Lorsque le clapet dysfonctionne, ces derniers remontent dans l’œsophage, provoquant des brûlures désagréables. Voici les conseils d’un diététicien-nutritionniste.

Parole d’expert : Charles-Antoine Winter

Diététicien-nutritionniste à Redon, Ille-et-Vilaine, auteur du Grand livre de l’alimentation anti-reflux et de Mes petites recettes magiques anti-reflux (éd. Leduc.S). 

France Dimanche : Quels sont les symptômes des remontées acides ?

Charles-Antoine Winter : Il en existe plusieurs. D’abord des douleurs ou des brûlures, souvent ressenties au niveau des omoplates ou dans le dos. Une toux peut être déclenchée par l’irritation de la paroi. Mais aussi des troubles des cordes vocales avec enrouement de la voix, voire une atteinte de l’émail dentaire. Certaines personnes développeront également de l’asthme et des bronchites liés à ce reflux gastrique.

FD : Qu’est-ce qui ne fonctionne plus bien ?

CAW : En fait, le sphincter œsophagien qui sépare l’estomac de l’œsophage perd de son étanchéité ou de sa fonctionnalité. La physiologie de l’estomac peut également être modifiée par une hernie hiatale, par exemple. Et une mauvaise position en mangeant ou le fait d’avoir trop serré sa ceinture peuvent avoir une incidence en causant des soucis mécaniques. Cela provoque un gradient de pression dans l’estomac.

FD : Quelles sont les personnes touchées ?

CAW : Les fumeurs (la nicotine est facteur de relâchement du sphincter de l’œsophage), les individus en surpoids, les femmes enceintes, les personnes hyperstressées – le stress stimule le nerf vague, ce qui va entraîner une augmentation des spasmes gastriques –, les personnes âgées et, avec la perte d’efficacité de la barrière antireflux et/ou la prise de certains médicaments, celles qui sont constipées… On observe que cette pathologie touche un nombre croissant d’individus.

FD : Y a-t-il des études faites sur ce sujet ?

CAW : Oui, mais pas assez. La forme fréquente de la pathologie touche 7,8 % de la population. Mais celle-ci n’est pas pour autant jugée primordiale.

FD : Est-ce surtout dû à une alimentation mal adaptée ?

CAW : On sait que l’alimentation joue pour beaucoup. On découvre aujourd’hui que la qualité de la muqueuse intestinale et le type de microbiote qu’elle contient, tous deux influencés par le choix alimentaire, sont aussi importants. En fait, certaines personnes ont des remontées sans douleur ; cela dépend beaucoup de la qualité de leur microbiote.

FD : Dans un premier temps, comment le gérer ?

CAW : Il faut tout d’abord s’occuper de la partie mécanique : bien mâcher, s’assurer que l’on est assis droit en mangeant (une bonne posture à observer), ne pas trop boire pendant les repas mais plutôt boire entre chacun d’eux. Je conseille de tenir un journal alimentaire afin de noter quand les remontées surviennent et mener ainsi sa propre enquête.

FD : Vous dites qu’il ne faut pas s’allonger après le repas. Pourquoi ?

CAW : Tout simplement parce que nous sommes comme une bouteille : quand on s’allonge, le contenu gastrique va favoriser l’ouverture du sphincter œsophagien. La règle universelle est simple : attendre trois heures après le repas pour s’allonger, ceci afin de s’assurer que le vidage gastrique s’est bien fait !

FD : Quels sont les aliments à éviter ?

CAW : Le chocolat, le café si l’on est stressé, les piments et épices fortes. Il faut aussi limiter les aliments gras, ceux frits, les viennoiseries, la crème, la crème glacée, les fromages, les saucisses, le bacon, les croustilles… La tomate ne passe pas bien non plus.

FD : Haro aussi sur les boissons gazeuses ?

CAW : Oui, car elles font pression dans l’estomac. En même temps, elles contiennent des minéraux qui peuvent neutraliser cette acidité. Donc je conseille de dégazéifier l’eau gazeuse et de la consommer en fin de repas.

FD : Certains aliments sont-ils indiqués ?

CAW : La banane, riche en potassium et en fibres douces, la carotte, antioxydante et qui stimule le transit, et le gingembre qui facilite la digestion.

Et aussi…

La solution facile

Alternative aux pansements gastriques délivrés en pharmacie, le cataplasme à la banane est prôné par notre expert. Choisissez quatre bananes bien mûres, écrasez-les jusqu’à en faire de la bouillie.

Ajoutez-y 5 cuillerées à café d’argile verte pure en poudre, 5 cuillerées de miel d’acacia et le jus de 5 cm de gingembre frais. Mélangez le tout et conservez au frais. À consommer entre les repas ou après ceux-ci (jamais juste avant de manger).

Témoignage : “Régulièrement, quand je mange trop !”

Hélène, 92 ans, Paris

« J’ai remarqué que lorsque je mangeais trop ou bien des aliments trop gras, j’avais une digestion difficile. Et les brûlures au niveau de l’œsophage se ressentent quelques heures après le repas. Comme j’ai aussi tendance à m’allonger après le repas, cela ne va pas. Je crois qu’il faut que je mette deux oreillers sous la tête si je veux me reposer après le déjeuner… »

Alicia COMET

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