Santé : Bronchiolite, tous concernés !
Si les bébés sont les premiers touchés, les personnes fragiles ainsi que les seniors s’exposent à des risques aussi importants que la grippe et la pneumonie…
Tout commence avec un petit nez qui coule. Une situation assez banale pour la saison, mais qui peut vite s’aggraver. C’est ce que l’actrice Héloïse Martin, vedette du film Tamara, a ainsi subi avec Rose, sa fillette de 3 mois, hospitalisée le 8 novembre dernier. En cause : la bronchiolite du nourrisson, cette infection respiratoire des petites bronches due à un virus. D’après le ministère de la Santé et de la Prévention, habituellement, ce sont 30 % des enfants de moins de 2 ans qui sont affectés chaque année, et le pic a lieu au mois de décembre. Cette fois, il est estimé vers fin novembre et, selon le ministre François Braun, la France fait « face à des niveaux d’hospitalisation sans précédent depuis dix ans », au point que le plan national Orsan, qui chapeaute le plan blanc dans les hôpitaux, a été déclenché le 9 novembre avec ouverture de nouveaux lits et mobilisation de professionnels de santé. Sur fond de crise du secteur, une trentaine d’enfants ont déjà été transférés d’Île-de-France vers la province.
Attention aux personnes âgées
Le réseau Sentinelles a, quant à lui, observé dans son dernier bulletin que « le taux d’incidence des cas d’infection respiratoire aiguë (IRA) vus en consultation de médecine générale a été estimé à 225 cas pour 100 000 habitants, un taux en augmentation par rapport à la semaine précédente » de l’ordre de 10 %. Si les nourrissons sont les plus fragiles face au virus respiratoire syncytial (VRS) à l’origine de la bronchiolite, les adultes peuvent aussi, comme les enfants, être porteurs et vecteurs. Si elles sont atteintes, les personnes âgées, celles souffrant de problèmes pulmonaires, cardiovasculaires ou avec une immunité diminuée risquent de voir leur état de santé s’aggraver et évoluer vers une pneumonie.
D’où vient la bronchiolite ?
©Halfpoint
Il faut bien comprendre qu’il s’agit d’un « tableau clinique » regroupant différents symptômes qui peuvent, en réalité, avoir des origines différentes. Les trois principales sont : la grippe (seuls quelques cas pour le moment en France), le Covid et le VRS, qui est saisonnier et majoritairement mis en cause. Néanmoins, « lors du premier confinement, les bronchiolites étaient en réalité liées au Covid », indique le Dr Trivalle, de l’hôpital Paul-Brousse (94), qui ajoute que, lors de la première vague, les autres virus n’étaient pas apparus. Il existe aussi des bronchiolites non infectieuses et donc non contagieuses. Elles peuvent être liées à une maladie auto-immune, comme la polyarthrite rhumatoïde, ou à une exposition au tabac ou à des gaz et poussières toxiques.
Repérer les symptômes
©xavierarnau
Chez les bébés, le nez qui coule est le premier signe d’infection virale. Puis arrive la gêne respiratoire, la respiration sifflante, une toux grasse et productive, et la fièvre. Si la situation s’améliore spontanément au bout de 5 à 10 jours, la toux peut persister 2 à 4 semaines. Il faut consulter si la gêne devient trop importante, si le bébé boit et mange moins : une assistance respiratoire peut, notamment, être mise en place. Chez les adultes, l’infection passe assez inaperçue ou se présente sous la forme d’une rhinopharyngite, à traiter de manière classique. Des symptômes grippaux traditionnels peuvent apparaître : maux de tête, fièvre, douleurs musculaires, toux. Mais attention, si les choses évoluent favorablement au bout de quelques jours chez les adultes, les personnes à risque ou âgées doivent se surveiller et consulter en cas de doute.
Gestes barrières
Se laver précautionneusement les mains ainsi que celles des petits, porter un masque si vous ressentez des symptômes ou en présence d’un malade, de même que dans les lieux publics, tousser et éternuer dans son coude… autant de précautions à (re) prendre rapidement.
Vers une triple épidémie mondiale?
Cet été, l’Australie – alors en plein hiver austral – a connu une sévère épidémie de grippe saisonnière, un grand nombre d’enfants hospitalisés pour bronchiolite, sans oublier une présence constante du Covid.
Aux États-Unis, où l’on compte actuellement 270 000 nouveaux cas de coronavirus par semaine, les services hospitaliers sont saturés par ce même trio. La grippe commence maintenant à atteindre le Royaume-Uni, et le même type de scénario pourrait s’imposer en France…
Elles ont été touchées !
ISABELLE ADJANI
Avec ses gants gris et son masque qui lui couvrait la moitié du visage, l’actrice, qui vient d’incarner Diane de Poitiers dans la mini-série historique réalisée par Josée Dayan récemment diffusée sur France 2, est apparue affaiblie sur le plateau de C à vous lundi 7 novembre, sur France 5. D’une voix cassée, elle a expliqué que son apparence était due à « un petit soupçon de bronchiolite. Même si je ne suis plus un bébé, je me retrouve cortisonnée, codéinée pour passer l’émission ». Deux jours plus tard, elle se filmait sur Instagram, allongée sur son lit, son chat tigré dans les bras (lire également les Échos, page 12). Espérons que les symptômes soient désormais bien derrière elle.
ZHANG ZHANG
Pour la violoniste de l’orchestre philharmonique de Monte-Carlo, le mauvais souvenir remonte à plus de dix ans. « Je ne pouvais pas m’arrêter de tousser et, parfois, les crises étaient si intenses que je n’arrivais pas respirer. Mon médecin a posé le diagnostic, il m’a dit qu’il était très rare d’être atteint de la bronchiolite à l’âge adulte. J’étais sous Ventoline [un bronchodilatateur, ndlr] et inhalateur de cortisone, le pire était la crise soudaine de toux irrépressible où tout le corps était secoué, avec la sensation d’être incapable de respirer, d’être étouffée. C’était très stressant, même si je savais que la maladie en elle-même ne mettait pas ma vie en danger. » Depuis, la musicienne est guérie, mais elle a développé une allergie asthmatique qui est devenue presque chronique.
3 questions au Docteur Christophe Trivalle, gériatre à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (94)
France Dimanche : Si les nourrissons sont les premiers touchés par la bronchiolite, représentent-ils la seule population à risque ?
Dr Christophe Trivalle : Non, les personnes âgées peuvent aussi développer des pneumopathies graves avec ce virus. Il n’y a pas, en France, de réseau de surveillance du VRS comme on en a
concernant la grippe. Mais aux ÉtatsUnis, les chiffres de la mortalité liée au VRS sont proches de ceux de la grippe, et il peut y avoir des épidémies dans des hôpitaux ou des Ehpad, par exemple.
FD : Est-il possible de connaître l’origine d’une infection respiratoire ?
CT : Généralement, on ne fait pas de prélèvement. Pour les adultes, on traite les symptômes avec du paracétamol, voire avec certains autres médicaments s’il s’agit du Covid.
FD : La généralisation des tests PCR estelle une piste intéressante ?
CT : Oui. Dans notre établissement, nous avons déjà utilisé des tests PCR multiplex qui permettent de connaître précisément le virus (grippe A ou B, Covid, VRS ou autre) à l’origine de l’infection. Reste à savoir si diagnostiquer systématiquement a du sens… Dans le cas d’une multiplication des cas dans un Ehpad, il est possible qu’une enquête locale soit menée.
Julie BOUCHER
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