« Sans la nuit », la websérie qui donne à parole à ceux qui font la nuit

  • La websérie « Sans la nuit » de 20 épisodes sortira ce lundi sur Youtube et Facebook. 
  • Ce projet bénévole et solidaire donne la paroles aux femmes et aux hommes qui font la nuit à Marseille, invisible et muet depuis plus d’un an. 

Un long couloir sombre éclairé par quelques néons fluo et au bout une salle voûtée avec un long bar en enfilade. Malheureusement non, les discothèques n’ont pas rouvert, mais celle du Trolleybus, à
Marseille, a pu entendre résonner les voix de celles et ceux qui font
la nuit à Marseille le temps d’une petite matinée. C’est là qu’avait lieu la présentation en avant-première de la série web documentaire Sans la Nuit, réalisée bénévolement par Nicolas Debru.

« Depuis le début de la pandémie, des supporters ont organisé des maraudes, des chefs ont proposé des paniers aux étudiants ou aux soignants, des barmans ont mis à disposition leur bar pour des coiffeurs. Beaucoup de solidarité s’est mise en place, ce virus éloigne mais peut aussi beaucoup rapprocher. Je voulais mettre ma pierre à l’édifice à travers l’univers de la nuit. On n’en parle pas assez, la nuit est éteinte alors qu’elle sert à décompresser, à nous retrouver, à partager, se divertir, à beaucoup de choses. Sans oublier que c’est une part importante de l’économie », cadre Nicolas Debru.

« La vie est finie depuis un an »

A travers une websérie de 20 épisodes de deux à trois minutes, il a donné la parole à de nombreux acteurs de la nuit marseillaise comme le DJ et producteur FAZE, le rappeur Faf Larage, le chef Ludovic Turac, le supporter de l’OM René Malleville à travers trois interrogations : Comment trouvez-vous la nuit d’aujourd’hui ? Comment la nuit était-elle avant ? Et comment voyez-vous la nuit de demain ? Les 20 épisodes, diffusés sur Youtube et
Facebook, chaque jour à partir de ce lundi sont construits autour de témoignages, et d’images d’archives.

Parmi ces témoignages celui d’Anthony Pappalardo, directeur et associé du Trolleybus, les larmes aux yeux au moment d’évoquer sa situation. « Cet endroit qui m’a permis de me révéler en tant qu’homme est éteint depuis le 14 mars 2020. Dans tous les discours politiques, dans les médias, on a l’impression d’être les parents pauvres. Pratiquement jamais le mot discothèque n’est prononcé. Une grande partie des gens ont continué à travailler, nous c’est fini. Ça fait un an qu’on est muselé, la vie est finie depuis un an. Alors qu’on est un pan entier de l’économie avec deux milliards d’euros pour le secteur de la nuit », témoigne-t-il.

Anthony Pappalardo, eventeuse, témoigne dans la websérie « Sans la nuit ».

Emilie Perreti se définit comme « eventeuse », elle qui a quitté son job d’éducatrice pour se lancer dans cette activité un an avant le début de la pandémie. « C’est un concept difficile à définir, qui vient du terme influenceuse sauf que je n’ai rien à vendre à part moi et ma bonne humeur. On fait toujours ça à plusieurs et on vient mettre l’ambiance en soirée à travers mes compétences de barman, de restauratrice et de relation. Cette pandémie m’a coupé les ailes, j’allais confirmer ce que je venais de créer et j’en ressors super frustrée. On a pu avoir une bouffée d’oxygène d’un mois cet été mais c’est d’autant plus frustrant », relate-t-elle.

« On m’a enlevé ma raison de vivre »

Au point de se sentir « glisser ». « On est éteint, on a peur, on se voit partir, je me vois me perdre. J’ai même eu des problèmes de santé pas anodins au moment où ma vie était la plus saine et quelque part je me demande si ce n’est pas parce qu’on m’a enlevé ma raison de vivre. D’un coup, j’avais mes articulations tétanisées alors que je danse et que je suis physiquement dans l’action », confie Emilie.

Emilie Perreti, eventeuse, témoigne dans la websérie « Sans la nuit ».

Autant de témoignages forts et d’images d’archives qui redonnent terriblement envie de sortir la nuit dans un projet unique en France, et comme l’espère Nicolas Debru, qui fera des émules dans d’autres villes.

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