Sans coronavirus, « Skam France » fait souffler « un vent de liberté »

  • Les spectateurs de la saison 7 de Skam France sont mitigés quant au choix scénaristique d’un univers où le Covid19 est à peine présent mais s’accordent sur une nouvelle saison réussie.
  • Les fans continuent de s’identifier aux personnages de la saison 7, même parfois davantage qu’avant.
  • L’humour et les touches de légèreté du scénario, qui traite du déni de grosse de Tiffany Prigent, conquièrent le public.

Au cœur de l’ADN de Skam on trouve deux choses : son hyperréalisme et sa diffusion en temps réel fictif. C’est la force et l’originalité de ce programme qui, en tendant un miroir à ses jeunes téléspectateurs, ressemble à une série d’apprentissage. Pour cette septième saison, un duo de femmes à la tête de l’équipe de production,
Déborah Hassoun (nouvelle directrice de la collection) et
Shirley Monsarrat (nouvelle réalisatrice), a fait le pari de proposer un univers un peu différent, mêlant gravité et humour, dans un monde qui n’aurait pas été frappé de plein fouet par la crise du Covid19.

Après quatre semaines de diffusion, nous avons demandé aux fans de Skam ce qu’ils et elles pensaient de ces parti-pris.

« Une bouffée d’air frais »

Lors de la diffusion de la saison 6 au printemps dernier, pendant le confinement, vous aviez confié à 20 Minutes que Skam vous permettez de vous évader, d’« 
oublier un quotidien morbide ». Il semblerait que ça soit toujours le cas pour des spectateurs qui « en ont marre d’entendre parler de ça [du Covid19] » (Amélie, 22 ans), qui sont fatigués « des informations [qui] ne parlent que de pandémie et [les] dépriment » (Cindy, 25 ans).

Arrivés à saturation de la crise sanitaire, usés, les spectateurs de Skam parlent de la saison 7 comme d’un espace-temps qui leur appartient, leur redonne du souffle. Océane raconte qu’« étudiante, [elle est] le plus souvent chez [elle] et complètement isolée. La saison 7 de Skam France est [son] exutoire et [lui] permet de garder le moral ». Elle explique qu’« [elle vit] par procuration ce que peuvent vivre les personnages. Il est vrai que parfois cela [la] rend nostalgique et un peu triste, mais cela permet de garder aussi espoir ». Ce sentiment d’évasion, de participer à l’histoire des personnages, Valentin le souligne aussi. Loin de créer de la frustration, l’univers de Skam 7 apaise et donne de l’espoir : cela « permet penser à un monde meilleur sans pour autant que ce soit utopique » (Anthony 27 ans), Skam « nous donne du courage […] nous rappelle aussi qu’on va retrouver notre monde, ce n’est qu’une question de temps » (Margot, 20 ans).

Mais est-ce que Skam France a perdu sa dimension hyperréaliste ?

Tous les spectateurs ne s’accordent pas à ce sujet. Certains déplorent ce parti pris qui les éloigne trop du réel. C’est d’ailleurs le seul bémol pour Floriane (32 ans) qui trouve en effet dommage d’avoir laissé de côté la pandémie alors que la version Belge de Skam, par exemple, l’a intégrée, restant ainsi la plus réaliste et proche des spectateurs possible. « On perd le phénomène de série en temps réel » explique Floriane.

A l’inverse, pour Anthony (27 ans), « Skam n’est pas plus réaliste avant ou maintenant, c’est le temps réel qui fait que cette série est réalise ». Valentin estime aussi que la question du Covid19 « ne change pas totalement le concept de la série qui est en temps réel, chaque séance sort à une heure dans la vraie vie ». Pour Cindy (25 ans) aussi la série « reste réaliste, même sans Covid ». Le choix fait par l’équipe de production de Skam France ne semble donc pas poser problème aux fans bien que leurs avis divergent. Cependant, quelle que soit leur opinion, aucun ne boude le plaisir de regarder chaque nouveau clip…

« La Mif est un groupe d’amis avec qui je voudrais être » (Anthony, 27 ans)

Comme Floriane, les spectateurs ont été plusieurs à être déçus par la saison 6, pour diverses raisons, et à avoir hésité à reprendre avec la Mif pour la saison 7. Pourtant, les nouveaux héros de la saison 7 font l’unanimité, avec leur sens de l’humour et de la vanne décalée, dont toutefois certaines peuvent sembler parfois « trop limite » (Tiffany, 18 ans). « Juste une bande de jeunes qui vivent leur vie, ça me remonte le moral » explique Anna (32 ans).

En effet, au-delà d’offrir un espace récréatif et de distraction, la saison 7 de Skam est peut-être encore plus proche des spectateurs dans la manière que les personnages ont de faire face à leur quotidien comme nous l’explique Lucie (21 ans). « Il y a beaucoup de gens qui préfèrent rire de leur passé ou de leur vie chaotique, alors pourquoi pas ? On n’est pas obligé de toujours tout rendre dramatique » surenchérit Cindy (25 ans) dans son témoignage. Pour elle, « on retrouve l’esprit doux de Skam » que les fans avaient parfois la sensation d’avoir égaré en cours de route.

Pour autant, Déborah Hassoun et Shirley Monsarrat conservent l’équilibre entre la gravité du sujet de fond de la saison, le déni de grossesse de Tiffany, et l’impulsion plus légère qu’elles ont donné au scénario. L’humour, bien présent, est cependant savamment distillé comme l’explique Océane (23 ans) : « J’apprécie réellement les touches d’humour, cela permet d’aborder plus facilement le thème qu’est le déni de grossesse, j’aime beaucoup cet équilibre ». La jeune femme témoigne aussi de la réussite de la saison 7 et du succès des personnages auxquels les spectateurs continuent de s’identifier, desquels ils s’inspirent même, aussi : « L’autodérision et la résilience dont font preuve les héros de la Mif est inspirante, l’humour est vraiment la meilleure des armes ».

Alors, oui, plus que jamais, Skam remonte le moral des spectateurs, les aide à tenir. Le choix optimiste « du monde d’après » fait par l’équipe de Skam France saison 7 continue de plaire et renoue même avec ses dimensions les plus douces et légères, comme un baume apaisant, inspirant, un souffle de liberté. Fictif, mais presque réel.

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