Sally Buzbee, la première femme à la tête du "Washington Post"
Le quotidien, devenu célèbre en révélant au monde l’affaire du Watergate qui a fait tomber le président Nixon, a choisi Sally Buzbee, 55 ans, pour diriger sa rédaction de 1000 journalistes. À partir du 1er juin, date de son entrée en fonction, son titre en V.O. sera «executive editor».
Pour prendre la tête du quotidien, désormais propriété de l’un des hommes les plus riches de la planète, Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, le Post est allé chercher en dehors de la maison. Sally Buzbee a en effet réalisé toute sa carrière depuis ses débuts, en 1988, à l’agence de presse Associated Press (AP). Depuis 2017, elle dirigeait toute la partie «news» d’AP, une agence qui compte 2800 reporters.
L’expérience de Sally Buzbee à l’international a été un facteur important dans son choix, selon Fred Ryan, l’éditeur du Washington Post. Le Post a en effet annoncé son projet d’ouvrir un bureau à Londres et à Séoul, l’année prochaine, afin de permettre au journal d’assurer une couverture de l’actualité 24 heures sur 24. Le quotidien compte également ouvrir un bureau à Sydney (Australie) et à Bogota (Colombie). Le Post compte pas moins de 26 bureaux à travers tous les États-Unis. «Nous avons recherché un leader audacieux capable de manager notre rédaction et nos bureaux à l’étranger», a expliqué Jeff Ryan, l’éditeur, en plus de chercher un «world-class journalist». Ryan a décrit Sally Buzbee comme «un leader inspirant et une journaliste dans la meilleure tradition du Post.»
« Un honneur »
Sally Buzbee est la première personne pour diriger la rédaction qu’engage Jeff Bezos, le propriétaire du Washington Post, depuis son acquisition en 2013 pour 250 millions de dollars à la famille Graham, qui en a été propriétaire pendant quatre-vingts ans. Buzbee a noté que c’était un «honneur» d’être la première femme à ce poste. «J’ai toujours été consciente, dans ma carrière aussi bien que dans ma vie que j’autres avaient tracé la route pour moi. J’en suis très reconnaissante (…). Mon sentiment est que, quels que soient les progrès, ce n’est jamais assez.» La journaliste crée donc l’histoire en devenant une pionnière, la première femme depuis 1877 à diriger la rédaction. Mais, jusqu’à son acquisition par le fondateur d’Amazon, le vrai boss du Post était une femme, Katharine Graham, propriétaire du titre racheté par son père en 1933.
Grâce à Bezos, le Washington Post a réalisé d’importants investissements et est aujourd’hui un quotidien prospère dans un paysage économique très difficile pour la presse. Le Washington Post, dont le nombre de journalistes est passé de 580 à 1000 depuis son rachat, compte aujourd’hui 3 millions d’abonnés digitaux, un chiffre qui a triplé en cinq ans (loin, néanmoins, derrière le New York Times, son rival, qui en compte 7,5 millions). Mais le site du Post est lu chaque mois par 88 millions de visiteurs uniques, d’après ComScore digital, qui mesure l’audience digitale. La diffusion quotidienne payée est de 200.000 exemplaires en semaine et de 300.000 pour son édition du dimanche.
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