Sabrina Herlory, DG de M.A.C. Cosmetics France : "Être jeune et féminine a été un obstacle"
Interview.- Patience, humour et travail acharné. La directrice générale de M.A.C Cosmetics France s’est battue pour arriver là où elle est. Et s’engage aujourd’hui auprès pour la Fondation des femmes et la Maison des femmes de Saint-Denis.
Interview. – Le pitch de votre poste ?
Pour faire simple, je dirais : «Je dirige une marque de maquillage.» En réalité, je suis un animal hybride qui tente de faire le lien entre mes équipes, nos clients et notre communauté.
Des résultats à donner ici et maintenant ?
M.A.C fait partie des leaders du maquillage, avec une des plus importantes communautés digitales (23,8 millions d’abonnés Instagram, dont 752 000 pour la France, NDLR).
S’il faut remonter à l’origine ?
Je viens d’un monde où les hasards de la naissance font beaucoup. Ma mère n’a pas eu accès aux études supérieures. Elle a vu en moi une forme de facilité, de potentiel : chez moi, il n’y aurait pas de gâchis !
Un prof qui a tout déclenché ?
En troisième, la discussion de l’un d’eux avec mes parents : «Votre fille a les capacités de faire une classe prépa.» Dans pas mal l’univers, on sait très bien de quoi il s’agit. Moi, je n’en avais jamais entendu parler. Cinq ans plus tard, j’ai intégré HEC.
Un mentor ?
David Boynton, CEO de The Body Shop, qui m’a nommée DG de L’Occitane pour l’Angleterre en 2014. Il m’a tout appris. Il me disait : «Quand on sert des gens, on n’est pas prétentieux.» Ou encore : «Soyez parano ! Pour survivre, il faut croire qu’on va disparaître.»
Un obstacle sur la route ?
Être jeune et féminine. Cela demande de rassurer et de prouver davantage. J’ai vécu des scènes où l’on ne sollicitait pas mon point de vue sur des sujets où pourtant j’étais «sachante». J’ai toujours su que ce serait plus long et plus brutal pour moi que pour d’autres, mais je n’ai jamais voulu offrir une image plus lisse et travaillée. Pour avancer, il faut aussi pas mal de patience et d’humour !
Que vous reste-t-il à apprendre ?
Je dirais à peu près tout, surtout aujourd’hui où l’on ignore de quoi seront précisément faits nos métiers demain. C’est aussi valable pour les dirigeants. Dans l’ancien monde, les DG ne parlaient qu’à des DG. Aujourd’hui, tout est rebattu.
Que voudriez-vous transmettre ?
Quand je repère des gens qui pensent «ce n’est pas pour moi» ou s’autolimitent, je leur tends la main, leur fait savoir que tant qu’on n’a pas tenté ni échoué, on ne sait pas.
Une sortie de zone de confort ?
Mon activité associative. Je suis porte-parole de la Fondation des femmes, au board de l’association Toutes à l’école de Tina Kieffer au Cambodge et ambassadrice de la Maison des femmes de Saint-Denis, pour laquelle j’aide à lever des fonds, à mobiliser des talents. J’en sors galvanisée !
Un regard qui vous libère ?
Dans la vie, je suis entourée de vingtenaires très créatifs. La plupart travaille dans la tech. Ils me poussent à me remettre en question en permanence.
Une heure de réveil ?
Entre 7 heures et 7 h 15. J’ai des jumeaux de trois ans et demi, mais la chance d’être très aidée.
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