Revenge porn : que faire si l'on est victime de cyberharcèlement sexuel ?

De nouvelles violences et pratiques en ligne ont vu le jour avec l’avènement des réseaux sociaux. Parmi ces cyberviolences, on retrouve le revenge porn. Mais de quoi s’agit-il ? Comment agir quand on en est victime ? Comment cette pratique est-elle sanctionnée ? On fait le point.

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Le revenge porn, qui se traduit par « vengeance pornographique » en français, est un phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années avec l’apparition des réseaux sociaux. Cette pratique consiste à se venger d’une personne en rendant publics des contenus sexuellement explicites l’incluant dans le but de l’humilier, selon la plateforme e-Enfance. Ces images intimes peuvent être réalisées avec ou sans l’accord de l’intéressé(e). Elles sont diffusées en ligne sur internet, notamment sur les réseaux sociaux, sans l’autorisation de la personne qui apparaît sur les photos ou les vidéos.

« Il s’agit fréquemment de ‘retombées collatérales’ d’une séparation de couple mal vécue par l’une des parties. Il est important de préciser que cette notion couvre à la fois des images mais aussi des propos à caractère sexuel », peut-on lire sur le site e-Enfance. Les contenus à caractère sexuel sont, en général, partagés pour se venger mais ils peuvent aussi être utilisés pour menacer la victime, la forcer à donner de l’argent ou à effectuer des actes sexuels. Ces images peuvent également être vendues à des sites internet ou montrées à des proches.

Revenge porn : une pratique qui touche particulièrement les jeunes et les femmes

Bien que cette pratique puisse concerner tout le monde, elle est bien connue des jeunes. Selon l’étude #MoiJeune, réalisée en ligne le 17 février 2020 par 20 Minutes et OpinionWay, 89% des 18-30 avaient déjà entendu parler de revenge porn. Selon les résultats de ce sondage mené auprès de 540 personnes, 2% des jeunes sondés ont déclaré avoir été directement victimes de cette vengeance pornographique. Ces travaux ont également dévoilé que 26% des 18-30 ans ont déjà vu passer des images intimes.

Le revenge porn affecte également davantage les femmes. D’après l’étude #MoiJeune, 13% des femmes ont avoué avoir été touchées de près par cette pratique, contre 8% des hommes. « Les femmes représentent 90% des victimes de revenge porn », a indiqué la Fondation des Femmes sur son site.

Quelles sont les conséquences du revenge porn ?

La vengeance pornographique a de nombreuses répercussions. Des travaux australiens, publiés en 2017, ont souligné que 80% des victimes de revenge porn ont « fait état de niveaux élevés de détresse psychologique, ce qui correspond à une dépression modérée à sévère et/ou à un trouble anxieux ». D’après l’étude, 46% d’entre elles craignaient également pour leur sécurité.

Ces conséquences ont également été mises en avant par une étude parue en 2016 dans la revue Feminist Criminology. Ces recherches ont précisé que les personnes ayant été victimes de cette vengeance pornographique, avaient perdu confiance en elles, souffert de syndrome de stress post-traumatique, d’anxiété et de dépression. « Ces résultats révèlent la gravité du revenge porn, ses effets dévastateurs sur la santé mentale des survivantes et les similitudes entre le revenge porn et l’agression sexuelle », ont conclu les chercheurs. La Fondation des Femmes a également signalé que « l’impact psychologique de cette violence est tel que certaines victimes en sont venues à se suicider. »

Que faire quand on est victime de revenge porn ?

La plateforme e-Enfance préconise de ne pas rester seul face à cette situation et d’en parler à une personne de confiance, à savoir à un ami, une personne de sa famille ou un professeur par exemple. Autre conseil : appeler Net Écoute (0800 200 000) ou le 3020 pour obtenir de l’aide, et « porter plainte au commissariat ou à la gendarmerie, captures d’écrans à l’appui, et accompagné de l’un de ses parents ou d’un adulte, si vous êtes mineur », détaille la plateforme.

Le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports recommande d’adopter certains réflexes si l’on est victime de revenge porn. Il est conseillé de garder des preuves. Pour cela, il convient de prendre des captures d’écran des contenus diffusés sur internet et les réseaux sociaux. Il est également recommandé de bloquer et de signaler ensuite le profil ou le correspondant malveillant. Les images ou les propos compromettants doivent également être signalés.

Revenge porn : comment obtenir la suppression des contenus ?

Les victimes de revenge porn peuvent effectuer certaines démarches afin que les contenus à caractère sexuel l’incluant soient supprimés. Google a mis en place un formulaire que les victimes peuvent remplir pour demander le retrait (plus précisément le déréférencement) des images intimes publiées sans leur consentement des résultats du moteur de recherche. Une tierce personne est également autorisée à remplir ce document pour une victime de vengeance pornographique.

Google précise qu’il prend en compte l’intérêt pour le public et le caractère journalistique du contenu pour déterminer s’il doit être supprimé ou non. « Nous pouvons faire en sorte qu’une page ne s’affiche pas dans nos résultats de recherche, mais nous ne sommes pas en mesure de supprimer des contenus sur les sites qui les hébergent. Par conséquent, nous vous recommandons de commencer par contacter le propriétaire du site Web concerné pour lui demander de supprimer le contenu en question », spécifie Google.

Facebook et Instagram donnent également la possibilité aux victimes de demander le retrait des photos et vidéos intimes d’elles diffusées sans son autorisation. Pour cela, elles peuvent compléter « un formulaire de demande de suppression légale ». « Ce formulaire est réservé à la signalisation du contenu publié sur Facebook qui selon vous enfreint les lois en vigueur, vos droits juridiques personnels, ou lorsque vous souhaitez exercer votre droit à l’effacement », indiquent les deux réseaux sociaux.

Qu’en est-il de Twitter ? Sur cette plateforme, les victimes peuvent signaler les contenus inappropriés. Le réseau social explique qu’il examine le compte et/ou les tweets, les messages privés signalés après avoir reçu le signalement. « Si nous établissons que ces derniers enfreignent nos politiques, nous prendrons les mesures appropriées (allant de l’avertissement de l’utilisateur à la suspension définitive du compte) », détaille la plateforme.

Revenge porn : quelles sont les sanctions pour les auteurs de cette pratique ?

Depuis la loi du 7 octobre 2016, le revenge porn est qualifié de « délit ». Cette loi a renforcé les sanctions pénales dans les cas spécifiques de contenus à caractère sexuel. Cette législation indique que toute personne qui partage des documents ou enregistrements à caractère sexuel obtenus avec ou sans le consentement d’une personne, sans l’accord de l’intéressé(e), est punie. « Lorsque les délits (…) portent sur des paroles ou des images présentant un caractère sexuel prises dans un lieu public ou privé, les peines sont portées à deux ans d’emprisonnement et à 60 000 € d’amende », spécifie l’article 226-2-1 du code pénal.

Revenge porn : les conseils préventifs

La plateforme e-Enfance recommande dans un premier temps de « ne pas envoyer des images (photos, vidéos) de soi dénudées ou présentant un caractère sexuel (…) Et ce même à une personne de confiance ». Elle précise que le revenge porn peut être la conséquence d’une pratique appelée « sexting », qui se caractérise par l’envoi ou la réception de messages, photos ou vidéos à caractère sexuel par le biais des nouvelles technologies. La plateforme e-Enfance conseille aux adeptes de cette pratique de ne pas envoyer des contenus permettant de les reconnaître. « A minima ne pas faire apparaître son visage sur la photo ou la vidéo. Faire attention aux tatouages ou piercings particuliers ou autre élément du contexte ou du décor très identifiant », peut-on lire sur le site.

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