Res Turner, artiste azuréen engagé, sort un troisième album

  • Res Turner est un rappeur, improvisateur, slameur, graffeur, mais aussi un activiste.
  • Il intervient également dans le milieu scolaire pour animer des ateliers d’écriture mais aussi pour faire des « shows débats citoyens » où des discussions émanent à la suite de concerts avec les jeunes.
  • L’artiste a également réalisé une série documentaire où il va à la rencontre d’activistes afin « de donner du contenu en lien avec son album et continuer de faire réfléchir ».

Arrivé dans le rap par le graffiti, Res Turner, Lionel Bordas de son vrai nom, est un amoureux de la scène. En dix ans, il a été, entre autres, double champion du monde de la compétition rap « End of the weak », finaliste de La France a un incroyable talent, champion de France du battle « Redbull dernier mot ». Il a fait le tour du pays et de la planète mais depuis trois ans et demi, c’est à Saint-Jeannet, dans les
Alpes-Maritimes, qu’il s’est installé et où il y trouve sa tranquillité.

« J’avais besoin de me rapprocher de la nature », glisse l’artiste lorsqu’il évoque la richesse du paysage de la Côte d’Azur. L’environnement, c’est un des sujets qu’il aborde de manière engagée dans son troisième album Resist. Il est conscient d’être « à l’opposé du conventionnel et de ce qu’il se fait actuellement dans le domaine ». Que ce soit dans le fond ou dans la forme car son disque comporte dix-sept titres qui sont loin des « formats traditionnels de trois minutes ».

Un artiste actif

Si l’artiste a dû couper des passages entiers pour faire entrer ses textes dans un CD de 80 minutes, c’est parce que depuis une dizaine d’années, il s’informe « sur un tas de sujets » et il a « beaucoup de choses à dire ». De cette façon, en plus des messages à faire passer, il s’attache à la structure du texte et travaille ses paroles minutieusement, notamment en utilisant des figures de style comme les assonances.

Mais Res Turner ne fait pas que du rap, il use de son art pour les causes qu’il défend. Le sexisme, le harcèlement scolaire, les réfugiés ou en encore le spécisme. Des thèmes généralement peu abordés dans le domaine. « Dans le rap, on manque cruellement d’engagements réels, affirme-t-il. C’est dommage parce que pour moi, c’est indissociable. Les actions doivent suivre les paroles qu’on proclame. »

Il veut alors toucher le public, emmener au débat et à la réflexion. Parfois « un peu violentes », ses musiques peuvent « choquer » mais font aussi « passer à l’action ». L’artiste ose prendre des risques et a conscience des conséquences en s’engageant de cette manière. « Des personnes vont arrêter de venir me voir et d’écouter ma musique mais c’est impossible pour moi de ne pas parler de ces sujets. Il faut que j’écrive sur ces histoires, surtout si personne ne le fait ».

Un homme de parole

Il prend la parole et il la donne aussi. Pour Resist, il a convié des artistes locaux directement concernés par les sujets qu’il aborde comme Fanny Polly, Yass Sogo, Mas Kit et Meura. Et cette parole, il la propage également lors d’interventions en milieu scolaire.

Depuis cinq ans, Res Turner propose des « shows suivi de débats citoyens » pour échanger avec les élèves après l’écoute de ses textes. En effet, pour lui, la musique est « le meilleur outil de sensibilisation ». C’est avec ces jeunes qu’il s’est rendu compte « à quel point elle pouvait avoir un pouvoir ». Dès la fin des mesures restrictives, il remettra en place ces projets.  « C’est plus productif que des concerts pour véhiculer les messages que je porte dans mes textes, avoue l’artiste. C’est très important pour ces publics d’aller plus loin qu’une simple transmission d’information. »

Et du contenu, Res Turner en fournit. En parallèle de la sortie de Resist, il va diffuser une série documentaire sous forme d’interviews. Toujours pour faire le lien avec son album, il est allé à la rencontre d’activistes spécialisés dans la cause qu’ils défendent.

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À 38 ans et trois albums, il ne s’arrêtera pas là, il est déjà lancé dans un autre projet, toujours dans ses valeurs : « En combinant plusieurs façons d’agir, on peut arriver à un résultat qui aura encore plus d’impacts. »

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