Rencontre avec Joanne Palmaro, une "pasta lover" qui cuisine à l’intuition

Actrice, réalisatrice, mannequin, Joanne Palmaro est sur tous les fronts, surtout dès lors qu’il s’agit de l’Italie. Sa collaboration avec la boutique Eataly lui a donné l’occasion de laisser libre cours à son amour de la gastronomie. Interview de la pasta lover la plus en vogue du moment.

Joanne Palmaro multiplie les casquettes et les projets artistiques depuis plus de cinq ans. Niçoise de naissance, mais avant tout franco-italienne, l’actrice, réalisatrice, influenceuse et bientôt scénariste met un point d’honneur à faire graviter ses origines tout autour de son monde, dans chacun de ses gestes. Son grand amour pour l’Italie ne serait pas entier sans sa légendaire passion pour sa gastronomie. Et bien sûr pour les spaghettis de sa nonna («grand-mère», en italien) à savourer à toutes le sauces.

Pour aller plus loin, elle s’associe en mars 2021 à Eataly, le marché italien à Paris, avec qui elle créé une recette de pâtes, chaque mois, pendant un an. Aujourd’hui, Joanne Palmaro vit entre Rome et Paris mais préfère de loin profiter du farniente de sa maison hissée sur la côte amalfitaine. Rencontre à l’italienne.

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Madame Figaro. – Toute une année à inventer vos propres recettes… Que cela représente-t-il pour vous ?
Un rêve un peu fou ! L’opportunité de mettre un premier pas dans le monde de la cuisine, aussi. Mais je crois que c’est surtout un moyen de faire le pont entre mes origines. Pour moi, la France et l’Italie ont des cultures hyper complémentaires. A l’époque, on retrouvait cette fusion dans tout un tas de productions italo-françaises, au cinéma par exemple, ou dans la chanson… On s’aimait beaucoup et j’ai l’impression que cet amour s’est perdu avec le temps. J’aimerais qu’on s’entremêle à nouveau.

Comment vous viennent vos idées ?
Elles sont d’abord motivées par l’envie d’apporter ma touche à moi dans la cuisine italienne, je pense… Je ne vais pas m’amuser à refaire la carbonara ou la cacio e pepe, qui sont des recettes traditionnelles vues et revues. D’autant plus que les Italiens les font déjà hyper bien ! En revanche, j’ai voulu intégrer un peu de mon engagement écologique. Par exemple, en créant essentiellement des recettes végétariennes. J’avais envie de montrer aux gens qu’on pouvait faire des choses délicieuses avec peu d’ingrédients et des légumes de saison.

D’où vient cet amour pour les pâtes?
Alors là, c’est ma plus grande passion depuis que je suis toute petite. Une véritable madeleine de Proust depuis toujours, et en allant vivre en Italie, j’ai bien peur que cela se soit aggravé… D’abord, c’est quelque chose que je partage avec la nonna lors de déjeuners interminables où l’on cuisine toutes les deux en parlant pendant des heures. C’est elle qui m’a appris à cuisiner, tout part d’elle… En fait, les pâtes, c’est le symbole d’un grand amour et surtout d’un esprit très famille. En y réfléchissant, c’est même le prétexte d’une philosophie de vie, d’un amour du partage, d’union et de générosité. Soit exactement ce que je veux véhiculer dans ma vie aux gens qui m’entourent : l’art de vivre à l’italienne. Fellini ne disait-il pas que la vie était une combinaison de magie et de pâtes ?

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Comment définiriez-vous votre signature ?
Par mon italianisme bien sûr ! Mais pas que, je pioche aussi beaucoup dans mes voyages, dans mes rencontres… Je ne m’arrête pas à un style, je m’imprègne absolument de tout ce qui m’entoure. Je pars souvent aux États-Unis car mon frère vit à New-York, mais j’ai aussi vécu en Australie, et j’ai encore de la famille là bas. Alors quand j’y vais, j’adore m’inspirer de leur mode de vie très «à la cool». Ce sont vraiment des univers différents mais c’est beau à voir. Et justement, je pense que ce désir de vivre à un rythme très doux, très lent, c’est quelque chose que je recherche beaucoup dans ma vie, et donc dans ma cuisine.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Mon intuition. J’essaye d’utiliser mes sens au maximum. Mais aussi la simplicité. Quand je cuisine, je veux que ce soit le plus épuré possible. Alors ça passe par des ingrédients de base comme le parmesan, l’huile d’olive, l’ail, le citron… Un rien pour faire un tout ! Sinon, au quotidien, je suis très portée par le cinéma italien de l’époque moderne. Sophia Loren forcément, Claudia Cardinale, Marcello Mastroianni que j’adore…

Le confinement a-t-il changé votre rapport à la cuisine ?
Oui, il m’a donné du temps. J’ai pu énormément cuisiner pendant toute cette période, et en un sens, c’est ce qui m’a permis de travailler mes recettes et de les partager. J’ai eu de longues journées pour comprendre les produits que j’utilisais, pour créer des recettes, me tromper, recommencer, m’améliorer… J’avais toujours eu cette envie de pratiquer, et le confinement m’a aidé à la concrétiser de manière très simple.

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Votre recette de pâtes incontournable ?
Les pâtes au citron. Pour cette fraîcheur en bouche qui rappelle les journées de plage en été. Un plaisir immense à dévorer !

Celles qui vous plonge dans votre enfance en un clin d’oeil ?
Les meatballs de ma nonna bien sûr.

Votre ingrédient phare en cuisine ?
L’huile d’olive je pense… Non ! L’ail ! J’en mets absolument partout.

Votre péché mignon ?
Un énorme bol de spaghettis bien réconfortant.

Une routine pour lutter contre le stress ?
Marcher près de l’eau pour me régaler des paysages de la côte amalfitaine… Et cuisiner. C’est vraiment une méditation pour moi. L’un des rares moments où j’arrête de trop penser.

Vos bonnes adresses pour bien manger en Italie ?
On mange bien partout ! Mais quitte à choisir, il faut quand même absolument goûter au minestrone de la Latteria à Milan. Et si vous êtes de passage à Rome, ne loupez pas l’osso buco de Nino, la bolognese de Dal Bolognese et l’amatriciana de I Matriciano.

Vos films fétiches pour mettre en appétit ?
Le facteur de Michael Radford, Amarcord de Federico Fellini, Pain et chocolat de Franco Brusati, La grande bouffe de Marco Ferreri et Hier, aujourd’hui et demain, de Vittorio De Sica.

Quant à l’avenir, avez-vous des projets ?
Oh je bouillonne d’idées en ce moment. Peut-être écrire un jour un livre de recettes avec la nonna ? J’y pense de plus en plus… Pour garder une trace écrite, quelque chose d’elle, pour la vie. Sinon, continuer de cuisiner pour moi et pour les autres, avancer dans mes projets d’écriture de scénarios, recommencer à jouer… Si possible les trois en même temps ! Quand on regarde des films, il y a toujours des gens qui mangent, qui cuisinent et ça donne souvent des histoires très drôles. Dans Le Parrain par exemple, il y a une super recette de pâtes à la bolognaise. Francis Ford Coppola avait dit que si jamais le film faisait un flop, les spectateurs auraient au moins une bonne sauce de spaghettis ! Alors, de la même manière que je passe ma vie à jongler entre la France et l’Italie, à tenter de fusionner ces deux pays ensemble, j’aimerai intégrer le plus possible la cuisine au cinéma. Histoire d’associer tous les univers que j’aime tant entre eux.

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