Qui sont les sapiosexuels, ces personnes attirées par "l'intelligence" ?
- Un terme récemment popularisé qui divise
- Les obsédés du Q.I
- Sommes-nous tous sapiosexuels ?
« Sapiosexuelle », « attirée par l’intelligence ». C’est ainsi que l’actrice Sophie Marceau définit ses préférences amoureuses dans un article Libération paru le 10 mai 2023 et dans lequel la star de La Boom se livre sur sa vie intime.
« Sapio », pour l’adjectif « sapiens », « intelligent », « sage », ou « raisonnable », en latin. Un mot-valise qui définit celles et ceux qui assurent être intéressée.s sexuellement ou sentimentalement par l’intelligence du partenaire, et ce, avant tout autre critère.
Selon une étude menée en 2018 par des chercheurs de l’Université de Western Australie, 8% de la population mondiale se dit sapiosexuelle.
Un terme récemment popularisé qui divise
S’il semble impossible de tracer l’origine exacte du terme, on sait en revanche que sa popularisation remonte à novembre 2014, lorsque le site de rencontres OkCupid étoffe sa liste d’orientations sexuelles en proposant à ses utilisateurs les termes « asexuels », « queer », « non-binaire », « ne sait pas » et… « sapiosexuel ».
Les concurrents lui emboîtent le pas et démocratisent tour à tour le qualificatif… Jusqu’en 2017, quand une application américaine se lance sur ce seul créneau et créé l’application « Sapio ». « Les profils sont plus qu’un visage », prône alors Sapio, qui prend le contre-pied des applications de dating, où la décision de matcher se prend sur un ou deux selfie seulement.
Mais les contours de ce terme marketé reste flous. D’après le Manuel MD, « le sens ultime de ‘sapiosexualité’ dépend de l’intention de la personne qui utilise le mot. Cela peut suggérer une préférence générale pour les partenaires intelligents à un type de pansexualité dans laquelle l’intelligence l’emporte sur tout et rend le genre non pertinent ».
« La sapiosexualité est un terme relativement nouveau et n’est pas sans controverse. Certains ont fait valoir qu’il ne s’agit pas d’une orientation légitime mais d’un type d’attirance. Cependant, les personnes qui se décrivent comme sapiosexuelles suggèrent que l’intelligence est plus qu’une simple qualité qu’elles apprécient chez un partenaire – c’est le principal facteur qui motive leur attirance sexuelle, tout comme certains pourraient être attirés par un corps attrayant ou un beau visage », nuance VeryWellMind.
Les obsédés du Q.I
« It’s a match ! » Un échange virtuel, puis la rencontre, entre Sophie et l’homme « matché »… « Au premier rendez-vous, je ne peux pas m’empêcher de l’assommer de questions : que lit-il en ce moment ? Quel est son écrivain préféré ? Son genre littéraire favori ? S’il m’invite chez lui, poursuit-elle, je cours instinctivement vers la bibliothèque. Et ce que j’y découvre peut être aussi rédhibitoire qu’excitant », assume-t-elle.
L’ingénieure parisienne de 27 ans confie aussi cuisiner rapidement son rencard sur ses opinions politiques, ce qu’il pense de tel sujet sociétal… Puis les études et la profession, confesse-t-elle, à moitié honteuse. Elle veut tout de suite savoir, l’entendre en parler, « le sentir brillant et briller », s’emballe-t-elle.
« Ne sous-estimez pas le pouvoir de séduction d’un vocabulaire décent », écrit une internaute sur un groupe Facebook dédiés au « Sapio-Love », qui réunit une communauté de plusieurs milliers de membres. « Séduisez d’abord mon esprit », publie une autre. « Avoir une conversation profonde avec quelqu’un qui a un esprit brillant est une nouvelle façon de faire l’amour« , estime un troisième.
Sommes-nous tous sapiosexuels ?
Mais quel est le propos des sapiosexuels, au juste ? Les autres ne prendraient-ils pas en compte l’intellect de la personne ? Tous les autres ne s’intéresseraient qu’au physique ? Est-il si original que ça de trouver son partenaire intéressant ? L’intelligence n’est-elle pas une des premières qualités recherchées par tous ? Sophie le concède. Rien de révolutionnaire, finalement, selon elle.
De même, de quelle intelligence parle-t-on ? Du Q.I simplement, de la culture, du niveau d’études ou du prestige de celles-ci ? Quid de l’humour, de la répartie, de la curiosité, de la créativité ? Et selon quels critères évaluent-ils cette « intelligence » ? Et qui sont-ils pour pouvoir la détecter chez l’autre ? Tant de questions qui illustre le côté « snob », voire prétentieux, associé à la sapiosexualité.
L’étude menée par les chercheurs de l’Université de Western Australie démontre pourtant que les personnes qui se qualifiaient de sapiosexuelles n’ont pas un QI plus élevé que la moyenne.
Et à Chantal Bachelet-Pruneau, psycho-sexologue de nuancer, dans un article publié sur le site de la Société française de sexologie clinique : « pour certaines personnes, l’intellect peut être tout aussi érotique que le physique. Mais c’est surtout dans l’intelligence émotionnelle et dans l’effort à transmettre que va se nouer la relation. C’est une symbiose entre l’esprit, le corps et le cœur. L’un des trois n’est pas suffisant, il doit quand même y avoir un désir physique qui prévaut ».
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