Qu'est-ce que signifie la "grève de l'hétérosexualité" d'Olympe de G. ?

L’auteure, cinéaste et réalisatrice de podcasts érotiques connue sous le pseudonyme Olympe de G. tient son «journal de grève» sur Instagram depuis cinquante-trois jours. La liste de ses piquets de grève interroge avec acuité un certain schéma de couple. Explications.

Elle en est à son 53e jour de « grève » et nul ne sait, pas même elle, quand celle-ci s’arrêtera. Le 12 mars, sur son compte Instagram, l’auteure et réalisatrice féministe Olympe de G. a annoncé le début de sa «grève de l’hétérosexualité». Une démarche qu’elle a ensuite requalifiée plus précisément de «grève de l’hétéronormativité». Elle en explique l’évolution sur ses réseaux sociaux via son «journal de grève» où elle fait également part de ses doutes.

«Je souhaite renégocier les conditions de mes rapports amoureux hétérosexuels», explique Olympe de G. Des rapports qui, selon la créatrice des podcasts érotiques Voxxx, obéissent à un schéma de couple, à une hétéronormativité, qu’elle a donc décidé de refuser. Pourquoi ? «Je suis fatiguée, en colère, écrit-elle sur ses réseaux sociaux. Non pas contre les hommes que j’ai aimés. Mais contre le schéma de couple dans lequel on est formatés à se projeter ensemble. Je suis fatiguée, car être féministe et en couple hétérosexuel est épuisant.» Épuisée donc, de devoir militer en privé comme en public, comme un autre ramènerait du travail à la maison, mais avec la contrainte supplémentaire de devoir le faire «avec douceur» pour ne pas risquer la rupture.

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« Arrêter de porter la charge de la séduction »

Concrètement, Olympe de G. a décidé d’arrêter de faire ou de laisser faire tout ce qui l’empêche «d’être elle-même». «J’arrête de me contorsionner pour répondre aux attentes des hommes qui ont été, sont et seront dans ma vie», écrit-elle avant d’énumérer tous ses piquets de grève de façon exhaustive. Elle veut arrêter de «porter la charge sexuelle de la séduction amoureuse, de la santé sexuelle, de la contraception, de la créativité érotique» ; arrêter de «compenser par mon travail personnel de lecture, d’écoute de podcasts sur la communication non violente etc., le manque d’éducation des hommes sur la reconnaissance et l’expression de leurs émotions», ou encore arrêter de «me contenir pour ne pas faire peur, pour ne pas blesser, pour ne pas être perçue comme menaçante».

Réalisatrice de podcasts et de film pornographiques féministes, Olympe de G s’est lancée dans une grève de l’hétérosexualité.

Le prince charmant à la sauce féministe

À 38 ans, ce dont rêve Olympe de G., c’est d’un homme qu’elle n’a encore jamais connu mais qu’elle n’a pas renoncé à rencontrer. «Je n’ai jamais été en couple avec un homme qui s’intéresse profondément au féminisme, qui lit beaucoup pour désapprendre les biais et les stéréotypes sexistes, raconte l’auteure. Je n’ai jamais été en couple avec un homme qui ne soit pas sur la défensive quand on parle féminicides, culture du viol, charge mentale et charge sexuelle.» Elle insiste, pourtant, elle ne renonce pas à entretenir des relations hétérosexuelles. «Mais je décide d’arrêter net tout effort à la minute où je m’aperçois que la relation d’individu à individu est déséquilibrée.»

Avant elle, d’autres ont formulé et mis en œuvre ce rejet des normes hétérosexuelles. Virginie Despentes, auteure de King Kong Théorie, confiait en 2017 au Monde : «Sortir de l’hétérosexualité a été un énorme soulagement». Engagée dans une relation homosexuelle après être «tombée amoureuse d’une fille», elle se disait par ailleurs «libérée de la séduction hétérosexuelle et de ses diktats».

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