Quels étaient les plats préférés de Marguerite Duras ?

La plus asiatique des femmes de lettres françaises aimait se mettre aux fourneaux pour régaler ses amis.

Les embrassades, les élans de tendresse et les déclarations d’amour, très peu pour elle ! L’auteure de Hiroshima mon amour, Moderato Cantabile et de L’Amant a sa façon bien à elle de témoigner de l’affection à ses proches : elle leur prépare à manger. Peu élaborée, mais goûteuse, sa cuisine est conviviale et franche. Elle ne conçoit pas de mitonner des plats seulement pour elle-même : « Dans aucun cas on ne doit faire la cuisine pour soi seule, parce que je pense que c’est ça le chemin qui mène à l’installation définitive du désespoir. » Pour faire plaisir à ses amis, par appétence pour la vie matérielle, elle s’adonne volontiers à cette activité qu’elle estime aussi créatrice que l’écriture.

Ses petites manies

La romancière consigne les recettes qu’elle aime ou qu’elle invente dans un petit cahier rouge. Souvent imprécises ou incomplètes, elles s’accompagnent régulièrement d’anecdotes aussi savoureuses que les mets décrits ! Elle imagine les titres, s’inspirant de l’origine du plat mais aussi, le cas échéant, de la personne à qui elle emprunte la recette. Cela donne parfois des intitulés curieux, comme « boulettes à la russe, pour une promenade en mer » ou « boulettes Pojardsky soi-disant ». C’est une façon de jouer encore et toujours avec les mots, jusque dans sa cuisine.

Son lieu fétiche

L’écrivaine acquiert une maison de campagne à Neauphle-le-Château, dans les Yvelines, en 1958. Ce lieu tranquille, propice à l’écriture, servira aussi de décor à deux de ses films. Elle adore y recevoir ses amis. En début d’après-midi, pendant qu’ils se reposent ou se promènent, elle profite d’un moment de solitude pour concocter à leur attention une bonne soupe, avec les provisions achetées le matin même.

Son péché mignon

Née en Cochinchine (région au sud de l’actuel Vietnam), en 1914, l’écrivaine n’arrive à Paris qu’à 18 ans. De son enfance passée en Asie, elle conserve le goût des saveurs de la gastronomie vietnamienne. Elle dit avoir été élevée avec le thit-khô, un plat de porc caramélisé à la sauce nuoc-mâm. On retrouve ce condiment dans d’autres recettes qu’elle affectionne, comme la salade chinoise. Elle écrit à son sujet : « Si vous n’aimez pas le nuoc-mâm, ne faites pas le plat. Rien ne peut le remplacer. « 

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Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Histoire n°18 mars-avril 2021

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