Que vaut le chèque d’accompagnement psychologique pour les étudiants ?

Le 20 janvier dernier, les étudiants sont descendus dans la rue pour une bonne raison : la coupe était pleine. La solitude, le manque de moyens des facultés, la difficulté de suivre les cours en visioconférence ou la précarité de certains (ceux qui par exemple ont perdu leurs jobs étudiants) sont autant de motifs que ces jeunes ont mis en avant ces dernières semaines pour exhorter le gouvernement à changer les choses. 

En réponse à ces demandes, et depuis le 1er février, un “parcours de soin” a été mis en place pour les étudiants. L’intention du gouvernement étant d’aider ceux qui se trouvent en état de détresse psychologique. Il était grand temps.

Car, depuis le début de l’année scolaire, les universités françaises sont vides et les étudiants manifestent de plus en plus leur exaspération et leur fatigue extrême face à une situation qu’ils ne supportent plus. Les autorités de santé s’inquiètent de plus en plus de l’état de leur santé mentale, entre isolement et dépression. Et tout ça n’est pas prêt de s’arranger, Emmanuel Macron ayant déclaré au début du mois de janvier qu’un « retour à la normale ne peut être envisageable au deuxième semestre« .

Chèque d’accompagnement psychologique, qui concerne-t-il ?

Lors de son déplacement à l’université Paris Saclay en janvier dernier, le président de la République annonçait donc la création d’un « chèque psy » qui “devait permettre à tous les jeunes d’accéder beaucoup plus facilement, et avec une prise en charge, à un professionnel – psychologue ou psychiatre.” 

Destiné à tous les étudiants de l’enseignement supérieur, qu’ils soient boursiers ou non, quelle que soit leur situation financière ou celle de leurs parents. “Tous les étudiants qui en expriment le besoin pourront suivre un parcours de soin adapté,” a confirmé Frédérique Vidal, Ministre de l’enseignement supérieur au micro de BFMTV le 1er février. 

Comment ça marche ?

“C’est un chèque virtuel si on peut dire”, précisait encore Frédérique Vidal à BFMTV. Ce “chèque virtuel” équivaut à trois séances de quarante-cinq minutes, auprès d’un professionnel.

Comment se le procurer, donc ? Les étudiants qui souhaitent avoir accès à une prise en charge psychologique devront tout d’abord se rapprocher d’un médecin généraliste qui se chargera de la prescription. Pour ce faire, les étudiants sont invités à se rapprocher des services de santé de leur université et de choisir un médecin proposé par ceux-ci ou sur une liste de professionnels de santé ayant passé des conventions avec eux. Par la suite, les étudiants seront invités à prendre rendez-vous avec les psychologues disponibles sur une liste fournie également par les services de santé. 

Il n’y aura aucun frais à débourser et la prise en charge sera faite en amont et tous les rendez-vous peuvent, bien évidemment, être effectués en téléconsultation. 

Une « vaste blague » ?

Ça c’est la théorie. Tout cela paraît effectivement merveilleux pour les étudiants qui attendaient une main tendue de la part des autorités. Cependant, la psychologue et psychanalyste @Lapsyrévoltée soulève, sur Twitter, les inconvénients importants liés à cette démarche. En effet, la consultation avec le médecin généraliste sera-t-elle elle-aussi prise en charge ? Ce n’est pas précisé. De plus, elle souligne les peurs des étudiants : « Certains me rapportent aujourd’hui que leur généraliste, c’est leur médecin de famille et qu’ils ne se sentent pas d’aborder ces problèmes avec lui par peur que ça filtre du côté des parents. » 

Mais ça ne s’arrête pas là. Le chèque prévoit un suivi de trois séances, ce qui, pour @Lapsyrévoltée, est une aberration. Car « 3 séances c’est fait pour faire du dépistage. Pas plus, il ne faut pas se voiler la face. En 3 séances, je peux me faire une idée du problème et évaluer le risque suicidaire ou de décompensation immédiat, pas soigner, pas soulager. Et encore, ça c’est si le courant passe avec le psy sur lequel vous tombez. »

En conclusion ? « Le chèque psy c’est du dépistage de masse de risque immédiat, à aucun moment c’est de l’accès aux soins ou de la volonté d’aider, d’accompagner ou de soulager », assène la psychologue sur Twitter, qui considère cette mesure comme une insulte de plus faite aux professionnels du domaine. 

Les aides de la fac

Pour rappel, en parallèle de ce parcours de soin exceptionnel, il existe, au sein des facultés, les BAPU*, Bureaux d’aide psychologique universitaires. Ce sont des centres de consultation destinés à tous les étudiants qui voudraient recevoir une aide psychologique. Les consultations sont entièrement prises en charge par la Sécurité sociale et les mutuelles. 

*https://www.soutien-etudiant.info/

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