Procès d'Assa Traoré pour diffamation : Elle dénonce racisme et criminalisation des victimes

Plus qu’un procès où Assa Traoré peut prendre la parole pour rendre justice à son frère, elle dénonce le racisme systémique et la criminalisation des victimes.

Aux États-Unis, c’est Georges Floyd qui est le symbole de la lutte contre le racisme systémique. Même si racisme aux USA et racisme en France n’ont ni la même histoire ni la même signification, Adama Traoré est lui aussi devenu une figure importante de la lutte. Sa mort faisant d’ailleurs écho à celle de Georges Floyd, écrasé sous le poids des gendarmes. C’est sa soeur, Assa Traoré, qui a porté sa cause devant les tribunaux et dans la rue. À travers une tribune publiée en 2019 intitulée « J’accuse », en référence à celle d’Émile Zola lors de l’affaire Dreyfus, elle écrit : « J’accuse les gendarmes d’avoir tué mon frère en l’écrasant avec le poids de leurs corps. » C’est pour cette raison que la militante comparait aujourd’hui devant le Tribunal de Grande Instance de Paris pour « diffamation ». Assa Traoré est déterminée à se battre contre le racisme systémique et la criminalisation des victimes.

«J’accuse les gendarmes d’avoir tué mon frère en l’écrasant du poids de mon corps. ».Pour avoir nommé ces hommes, Assa Traoré est poursuivie. Le procès a lieu aujourd’hui et demain (07/05) où un rassemblement sera organisé à 14h devant le TGI de Paris. #justicepourAdama https://t.co/QmXsRxlPew

« Les jeunes noirs ou arabes doivent courir, c’est l’héritage d’une représentation de corps plus forts et menaçants, on peut les écraser, en faire ce qu’on veut », explique Youcef Brakni, membre du comité « La vérité pour Adama », qui estime que le problème « remonte à l’esclavage ». Des mots qui choquent, mais qui amènent à réfléchir sur le racisme systémique en France. « La question est de savoir pourquoi un citoyen est ressorti mort de son interpellation », lance t-il. Concernant la criminalisation des victimes, Samir Baaloudj Elyes, l’ex-militant du Mouvement de l’Immigration de la Banlieue, rappelle qu’avant même l’autopsie d’Adama, la presse parlait déjà de cocaïne, puis de maladie, pour justifier la mort du jeune de 24 ans. Assa Traoré le répète, elle ne regrette en rien sa tribune, et souligne le manque de sérieux des différentes enquêtes menées : « Si la justice française avait investigué, je n’aurais pas été obligée d’écrire ce texte. » Elle l’a assumé « pleinement, à 1 000 % », et ce, tout au long de son procès, qui se termine aujourd’hui. Désormais, Assa Traoré incarne ce combat dans l’Hexagone, mais aussi outre-atlantique où elle a été honorée à plusieurs reprises.

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