Problèmes de peau, fatigue… Comment écouter ses hormones pour retrouver son équilibre

Mode de vie, nutrition, gestes cosmétiques, yoga, écologie du corps…, écouter ses hormones et comprendre notre organisme pour retrouver l’harmonie.

Accompagner les tempêtes hormonales

Selon un sondage réalisé par l’ifop en 2019, 70 % des Françaises disent être impactées par leur cycle hormonal. Humeur contrariée, fatigue, douleurs, manifestations cutanées…, la liste des symptômes se révèle aussi longue que variable selon les personnes. Une réalité qui se fait de plus en plus entendre, tandis que la parole se libère autour des moments-clés de la vie féminine, assez tabous, tels le syndrome prémenstruel ou la ménopause… «Il y a une prise en compte plus importante des problématiques qui rythment la vie des femmes et leur quotidien. Tout cela étant principalement lié aux hormones», analyse Caroline de Blignières, cofondatrice de la marque MiYé.

La faute, donc, à cette balance œstrogène/progestérone, qui détermine le «climat» hormonal de chacune. Comme l’expliquent le Dr Vincent Renaud et la nutritionniste Véronique Liesse dans leur ouvrage Hormones, arrêtez de vous gâcher la vie ! (1). Les réactions des femmes oscillent entre résignation et volonté de gommer les conséquences négatives des troubles hormonaux. Un schéma de plus en plus rejeté par certaines à la suite du scandale des pilules de troisième et quatrième générations. Et les risques qu’elles faisaient encourir à celles qui la prenaient religieusement, parfois dès l’âge de 14-16 ans. En 2016, elles n’étaient plus que 36,5 % à y avoir recours, le désamour augmentant après 35 ans. Peut-être aussi pour vivre plus naturellement leur cycle et laisser leur corps s’exprimer.

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«Il ne faut pas avoir peur d’affronter ses sensations. Ni masquer sa physiologie. L’idée est de comprendre ce qui se passe vraiment dans notre organisme», explique Caroline de Blignières, qui en a fait son credo. Accepter pour mieux accompagner ces tempêtes hormonales que peuvent représenter la puberté et la ménopause par exemple. Mais aussi ces fluctuations permanentes que l’on peut subir de manière plus ou moins agréable. «Ce sont des phases où le corps prend ses marques, et dans 90 % des cas s’ensuit un retour à la normale. Il faut lui faire confiance : le corps a les moyens de revenir naturellement à son état d’équilibre. Sauf, bien sûr, si on est dans le cas d’une pathologie» rajoute-t-elle.

Une beauté hormono-dépendante ?

Parce que la peau s’impose comme un organe très impacté par ces changements hormonaux, certaines marques ont décidé de prendre les cycles en compte. Pionnière en la matière, Typology a lancé, en juin 2019, un coffret baptisé Woman, comprenant quatre sérums à utiliser successivement. «Selon le moment du mois, l’aspect de la peau diffère, explique Clara Croux, cheffe de produits chez Typology. Lors de la semaine des règles, le taux d’œstrogènes augmente dans le corps, la peau a tendance à s’assécher, d’où un sérum hydratant et apaisant. Alors que pendant la semaine quatre, elle sera à l’inverse visiblement grasse avec la possible apparition de boutons. D’où un effet matifiant et anti-imperfections.»

Un concept qui a su trouver sa clientèle, principalement dans la cible des 30-40 ans. Mais adapter ses soins a-t-il une véritable incidence ? «On pourra effectivement opter pour des produits moins gras la dernière semaine de son cycle. Cependant, si on souffre d’acné hormonale, une simple solution cosmétique ne va pas révolutionner les choses», avertit la dermatologue Laurence Netter. Si pour elle cela relève surtout de l’argument marketing, on peut se montrer plus à l’écoute de sa peau et adapter sa routine en fonction. Pour les fondatrices de MiYé, cela passe également par une sélection plus exigeante, notamment en privilégiant des produits «bios, naturels, sans perturbateurs endocriniens».

Rééquilibrer son assiette

Lorsque l’on sait que 75 % de l’équilibre hormonal dépendrait étroitement du mode de vie, il semble intéressant de se tourner du côté de l’alimentation. Car, si elle ne va pas forcément booster les hormones, une carence peut en revanche en faire chuter la production. Dans 28 jours en pleine forme (2), Nicole Jardim, qui souffre de déséquilibres hormonaux, et Megan Hallett, atteinte du SOPK (syndrome des ovaires polykystiques), veulent permettre aux femmes d’être les cheffes d’orchestre de leur propre organisme. Notamment en appliquant le Cycle Syncing, une méthode imaginée par la nutritionniste américaine Alisa Vitti : soit synchroniser son mode de vie avec la période du cycle menstruel. Pour ce faire, les deux auteures proposent des recettes végétariennes à privilégier selon la phase folliculaire, ovulatoire, lutéale ou menstruelle.

Pour la micronutritionniste et diététicienne Véronique Liesse : «L’idéal reste de garder une alimentation variée. Sinon, on risque de créer des troubles alimentaires. On peut en revanche combler ponctuellement des carences à certaines périodes.» Ainsi, elle conseille aux femmes qui souffrent de rétention d’eau un apport en magnésium. Pour la peau sèche, les huiles de bourrache et d’onagre sous forme de compléments alimentaires apporteront des oméga-6. La nutritionniste souligne également l’intérêt de la phytothérapie, telle l’efficacité de la bardane en cas d’acné ou du gattilier, bienvenu au moment de la préménopause.

Adapter son activité sportive

En parallèle, l’importance de l’exercice physique n’est plus à démontrer. Là aussi, l’adapter à la période du cycle peut être bénéfique. Notamment en ralentissant au moment de la phase lutéale, quand le corps exprime une grande fatigue, ou en s’autorisant une pratique plus dynamique dans la phase ovulatoire. Le yoga, parfait pour réduire son stress, s’impose comme l’une des disciplines les mieux adaptées. C’est ce qu’a compris Charlotte Muller, qui enseigne le Fertility Yoga et le yoga des hormones depuis 2018. Souffrant aussi du SOPK, cette ancienne juriste a changé de vie alors qu’elle enchaînait les échecs dans un éprouvant parcours de PMA. C’est là qu’elle découvre une étude d’une psychologue américaine, Alice Domar, qui démontrait une hausse du taux de réussite des FIV pour les femmes pratiquant cette discipline. Charlotte Muller se forme alors à différents types de pratiques pour répondre aux problématiques féminines.

«Comprendre son cycle permet de réguler son corps, ses manifestations, mais aussi de maîtriser ses douleurs», affirme la professeure de yoga. Car si elle compte parmi ses élèves des femmes qui cherchent à être enceintes, «60 % souffrent d’endométriose et y trouvent un moyen de mieux vivre avec». Il y a aussi celles qui viennent juste avant leurs règles pour gérer symptômes et douleurs grâce à des positions douces, sans torsion ni compression. Des cours à suivre en fonction du moment de son cycle (avant ou après l’ovulation) ne visant pas la musculation mais la compréhension de son corps, qui est la clé pour mieux vivre avec ses hormones, quel que soit son âge.

La ménopause en douce

Et si on visait un bien-être global et pas seulement la question de l’anti-âge ? Lierac revisite sa gamme Arkeskin (lancée en 1996) en version in & out, enrichie d’un complément alimentaire à base de safran, pour viser notamment les troubles de sommeil.

Côté peau, la marque se fonde sur le principe de la chronobiologie, avec des soins qui répondent au rythme circadien. «L’idée est d’envisager un traitement jour/nuit, puisque la ménopause marque la fin du fonctionnement des cycles mensuels», précise Patricia Manissier, directrice Recherche et Développement. Une approche également privilégiée par la marque Vichy dans sa gamme Neovadiol, avec sa crème nuit enrichie en calcium fortifiant, en cire d’abeille nutritive et en sucres végétaux tonifiants.

(1) Véronique Liesse, Hormones, arrêtez de vous gâcher la vie !, aux éditions Leduc.s, 318 p., 18,00€.

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