Probiotiques vaginaux : quand et pourquoi doit-on les utiliser ?

Ces nouveaux compléments alimentaires se veulent les meilleurs amis du microbiote de notre zone intime. Simple argument marketing ou vraie utilité ? On fait le point.

Avec le Dr Odile Bagot, gynécologue.

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Les probiotiques vaginaux présentent un intérêt quand…

  • On fait des mycoses à répétition. Après la ménopause, la flore vaginale est moins riche en lactobacilles, qui se nourrissent des œstrogènes et des sucres présents dans les sécrétions vaginales. Or ces « bonnes » bactéries préviennent le développement des germes pathogènes. On est donc plus vulnérable aux mycoses causées par le champignon candida albicans. D’après les études, ajouter un probiotique type Lactobacillus rhamnosus au traitement antifongique classique permet de diminuer de près de 50 % le nombre de récidives en 6 mois. On préconise une cure d’attaque de 7 à 14 jours, puis une prise pendant 7 à 15 jours par mois en entretien. Comme les lactobacilles seuls peuvent avoir du mal à survivre dans le vagin en l’absence d’œstrogènes, il existe aussi des gélules vaginales qui associent ces derniers à des probiotiques (Trophigil, sur ordonnance et remboursé, mais contre-indiqué en cas d’antécédent de cancer hormonal).
  • On a un problème de vaginoses. Celles-ci, liées à un déséquilibre de la flore, causent des pertes malodorantes et parfois des démangeaisons : le germe gardnerella prolifère. Elles sont plus fréquentes en (péri)ménopause car le PH vaginal augmente. Une étude a montré que les femmes qui prenaient le probiotique lactobacillus crispatus (Physioflor) pendant 4 mois après leur traitement avaient deux fois moins de récidives de vaginose bactérienne que celles du groupe placebo. Les souches l.gasseri et l.rhamnosus diminuent également les récidives. Pour réduire l’acidité du PH en périménopause, vous pouvez aussi vous tourner vers le combo acide lactique + prébiotiques (ces sucres type polysaccharides viennent nourrir les lactobacilles encore présents dans la flore vaginale). Sous forme de gel local (Physioflore AC Iprad ; Intima Gyn’expert Protect ; Gel Intilac Saugella…), à appliquer 5 à 7 jours par mois.
  • On a suivi un traitement antibiotique. Les médicaments qui soignent une infection, par exemple à streptocoque, détruisent au passage d’autres bactéries, notamment les lactobacilles. La flore vaginale se trouve perturbée, ce qui peut favoriser l’apparition de mycoses. Pour éviter d’entrer dans le cercle vicieux infection/traitement/infection, vous pouvez, en fin de prescription, enchaîner avec un probiotique local qui associe plusieurs souches de lactobacilles, pendant 3 mois.

Mais ils n’ont pas fait leurs preuves pour…

  • Améliorer la sécheresse vaginale. Malheureusement, c’est une question d’hormones ; le manque d’œstrogènes diminue les sécrétions qui lubrifient naturellement le vagin. Par conséquent, des probiotiques ne résoudront pas ce problème. Mieux vaut se tourner vers des œstrogènes locaux ou s’ils sont contre-indiqués (en cas d’antécédents de cancer hormonal notamment), utiliser des gels à base d’acide hyaluronique pour retrouver plus de confort.
  • Prévenir les cystites. Là encore, après la ménopause, c’est la carence en œstrogènes qui favorise les cystites à répétition, car elle rend la muqueuse de la vessie plus vulnérable aux infections. Le traitement de choix pour s’en prémunir reste donc les hormones par voie locale quand c’est possible, les probiotiques seuls ayant une action trop limitée. Mais ils demeurent intéressants pour renforcer la flore après un éventuel traitement antibiotique prescrit pour l’infection urinaire.
  • Atténuer les douleurs de règles. Vos règles ont toujours été douloureuses, ou elles le deviennent davantage à l’approche de la ménopause (ça arrive) ? Il n’existe à ce jour aucune étude scientifique qui prouve que les compléments peuvent atténuer ces désagréments. Ni d’ailleurs les autres symptômes associés aux fluctuations hormonales à l’approche de la ménopause, comme les règles qui deviennent plus irrégulières et/ou abondantes.

Est-ce que ça peut booster ma libido ?

En théorie non, ça n’a rien à voir. Mais retrouver une vulve en bonne santé, avec moins d’irritations, de démangeaisons, donc plus de confort lors des rapports sexuels peut contribuer à redonner l’envie.

Et en cas de mauvaises odeurs, ça aide ?

C’est possible, car des pertes qui deviennent subitement très odorantes sont le plus souvent liées à une vaginose. Or, s’ils ne les soignent pas, les probiotiques, et surtout les prébiotiques qui abaissent le pH vaginal, peuvent agir en prévention (voir plus haut).

Et si je refuse d’insérer des substances dans mon vagin ?

Les probiotiques par voie locale, gélules ou capsules à introduire directement dans le vagin, semblent un peu plus efficaces que par voie orale. Pour celles qui ne sont pas à l’aise avec ce geste, il existe des tampons imprégnés, à mettre pendant les derniers jours des règles tant qu’on les a. Vous pouvez également essayer une cure sous forme de comprimés ou gélules (ils passent par le tube digestif et le rectum avant de coloniser le vagin) même si l’action prend davantage de temps à se manifester.

Merci au Dr Odile Bagot, gynécologue, autrice de Vagin & Cie, on vous dit tout (Mango).

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