"Prenez le TGV" : une voyageuse amputée "humiliée" et forcée d'ôter ses prothèses à l'aéroport d'Orly
Une passagère handicapée prévoit de déposer une plainte après avoir été victime, assure-t-elle dans France 3 Corse, d’actes dégradants de la part de plusieurs agents de l’aéroport d’Orly.
Toussainte Dominici, voyageuse amputée des deux jambes et porteuse de prothèses, dit avoir été confrontée à des « violences verbales » de la part d’employés chargés des contrôles de sécurité avant l’embarquement de son avion pour Bastia (Corse) le dimanche 5 février 2023.
Passages répétés à travers le portique
Selon le média régional, qui publie son témoignage jeudi 9 février, la femme qui se déplace en fauteuil roulant aurait été contrainte de repasser à plusieurs reprises dans le portique détecteur de métaux lors de son passage à la sécurité, car celui-ci ne cessait de sonner à son passage : « L’agent m’a demandé de passer le portique et ça a sonné, puisque mes prothèses sont en fer. Il m’a donc fait passer de nouveau, mais bien sûr cela sonnait encore. »
Le groupe Aéroports de Paris (ADP), qui gère celui d’Orly, a admis que protocole n’impose pas « les passages successifs sous le portique auxquels a dû se soumettre la passagère ». Pourtant, la situation aurait commencé à se tendre, à mesure que le sonneries retentissaient. Ainsi, assure Toussainte Dominici, agacée, elle aurait lancé qu’ils pouvaient retenter « 10 000 fois » mais que « cela sonnera toujours ». Une remarque qui aurait visiblement envenimé la situation, raconte-t-elle. « Il m’a dit de la fermer », témoigne la passagère.
Je me suis sentie nue, humiliée.
À la suite de cette première altercation, une collègue aurait été appelée en renfort, et celle-ci l’aurait « également agressée verbalement ». « Ils ont été jusqu’à me dire : ne prenez plus d’avion mais le TGV », s’indigne la voyageuse corse.
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La voyageuse dépouillée de ses prothèses en public
Finalement, les agents lui auraient demandé de retirer ses prothèses. « Devant tout le monde », regrette la voyageuse qui dit s’être sentie « nue » et « humiliée ». Une fois ses prothèses sur le tapis, son corps a été passé au détecteur de métaux portable. Là encore le ADP a assuré qu’il n’était pas prévu par les procédures de sécurité « le fait d’ôter ses prothèses et leur passage aux rayons X ».
L’expérience a profondément heurté Toussainte Dominici qui confie avoir « pleuré » une fois dans l’avion. « Que pensaient-ils qu’il y avait, une kalachnikov ? », a-t-elle ironisé auprès de France 3.
Le groupe Aéroports de Paris, qui affirme « comprendre combien l’expérience a pu être dégradante », a reconnu une « attitude inappropriée et agressive » et de fait, « inacceptable » de la part d’au moins l’un de ses agents contre qui il promet des sanctions. La direction a également précisé que la victime serait rapidement contactée afin de recevoir « ses plus sincères excuses ».
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