Pourquoi moins de 1% des pères ont recours au congé parental ?

Malgré une réforme en 2015, les pères restent réticents au congé parental. Une attitude qui s’explique selon une étude par le faible montant de l’indemnisation proposée, mais pas seulement.

Le congé parental boudé par les pères ? Selon une étude de l’Observatoire français des conjectures économiques (OFCE) publiée mercredi, les pères de famille seraient moins de 1% à opter pour ce dispositif consistant à suspendre ou à diminuer son temps de travail à la naissance de son enfant (à ne pas confondre avec le congé de maternité ou de paternité). Un chiffre décevant si l’on regarde la réforme en vigueur depuis cinq ans, qui ambitionnait de porter ce taux à 25%. Un échec qui s’expliquerait par plusieurs facteurs, selon les auteurs de l’étude.  

Le taux de recours des pères au congé parental « n’a presque pas augmenté » avec la réforme de 2015, passant de 0,5% à 0,8% pour un congé à plein temps (contre près de 14% pour les mères), constatent les auteurs de l’OFCE. Le congé à temps partiel lui, ne séduit que 0,9% des pères d’un enfant, contre 13,2% des mères, et seulement 1,8% des pères de deux enfants ou plus. 

Depuis début 2015, le congé parental ne dure plus que deux ans, au lieu de trois auparavant, pour les familles ayant au moins deux enfants, sauf si les parents se le partagent. Par exemple, la mère peut s’arrêter de travailler deux ans, et le père prendre le relais la troisième année. Une nouvelle possibilité qui ne semble pas séduire les foyers français. 

Indemnisation trop faible et « effet de genre » 

Selon les auteurs, l’échec de la réforme de 2015 est largement imputable au faible montant de l’indemnisation proposée : 399 euros par mois pour un congé à temps plein, quelle que soit la rémunération antérieure. 

Toutefois, cet aspect n’explique pas tout. L’étude révèle que même les pères qui travaillaient déjà à temps partiel avant la naissance de leur enfant et n’auraient donc rien à perdre à demander un congé partiel, y recourent peu : seuls 30% des pères dans cette situation demandent l’indemnité, contre 75% des mères dans la même situation. 

Pour Hélène Périvier, qui a écrit l’étude avec Grégory Verdugo, ce constat suggère « un effet genré du congé parental ». Peut-être que certains pères connaissent mal leurs droits ou que d’autres estiment que ce congé « est une affaire de femme », ou bien ils sont « dissuadés » parce qu’ils constatent que leurs collègues masculins n’y recourent pas, supposent les auteurs. 

Le gouvernement en « réflexion » sur une nouvelle réforme  

Pour parvenir à davantage de parité, l’étude préconise une « réforme plus ambitieuse », qui passerait par « une indemnisation calculée en proportion du salaire passé », comme en Scandinavie ou en Allemagne. 

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« Mais cela ne suffira probablement pas », estiment les auteurs, qui suggèrent une « campagne d’information et de sensibilisation » pour « réduire le biais de genre qui affecte ce dispositif ». 

Le gouvernement mène actuellement une « réflexion » sur une éventuelle réforme du congé parental, a indiqué à l’AFP le cabinet du secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles Adrien Taquet. 

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