Pourquoi mangeons-nous davantage entre amis ou en famille ?

Êtes-vous déjà ressortis le ventre (bien trop) rempli d’un repas convivial entre amis ou d’un déjeuner dominical en famille ? Et si cela est sûrement dû aux bons petits plats de votre grand-mère — et de ses injonctions à vous resservir — d’autres mécanismes sociaux et psychologiques entrent en jeu. D’après des chercheurs de l’Université de Birmingham (Angleterre), il s’agirait d’un phénomène très ancien, déjà connu sous le nom de « facilitation sociale« .

Une question d’image

Des études antérieures ont déjà montré qu’au restaurant, les clients mangeaient 29 à 48 % plus de nourriture quand ils étaient en bonne compagnie que seuls. Un fait à nouveau confirmé par l’équipe de scientifiques, à travers la méta-analyse de 42 études existantes sur l’impact de la « restauration sociale » sur l’apport alimentaire.

Leurs résultats, publiés dans The American Journal of Clinical Nutrition en octobre 2019, ont mis entre lumière de nouveaux facteurs. Par exemple, les femmes avaient tendance à consommer de plus petites portions devant les hommes. Les personnes en surpoids aussi, de peur d’être vus comme de « gros mangeurs ».

Les gens veulent transmettre des impressions positives à des étrangers. La sélection de petites portions peut être un moyen de le faire et c’est peut-être pour cette raison que la facilitation sociale de l’alimentation est moins prononcée parmi les groupes d’étrangers, explique dans un communiqué Helen Ruddock, responsable de la recherche à la faculté de psychologie de l’Université de Birmingham.

De précédentes recherches suggéraient déjà que nous choisissons ce que nous mangeons — et la quantité que nous mangeons — en fonction de l’image que nous voulons dégager.

Depuis l’époque des chasseurs-cueilleurs

Alors pourquoi mangeons-nous plus avec nos amis et nos familles ? Les chercheurs émettent l’hypothèse d’un lien avec la façon dont nos ancêtres se protégeaient des périodes d’insécurité alimentaire. Alors qu’un grand nombre n’a plus de problème à accéder à un repas, ce mécanisme de survie perdurerait quand même aujourd’hui.

Car à l’époque, les anciens chasseurs-cueilleurs partageaient les aliments. Un individu qui concurrençait ses pairs pour obtenir des ressources, et mangeait ainsi plus, était mis à l’écart (ostracisme), ce qui réduisait finalement ses chances de survie. Nous ne sommes d’ailleurs pas la seule espèce à se confronter à ce processus, puisqu’il a été observé chez les poulets ou les rongeurs.

Plus simplement encore, les scientifiques mettent en avant des facteurs évidents : se sustenter avec d’autres est plus agréable que seul et est perçu comme une « récompense accrue ». Les normes sociales permettent également de « trop manger » en groupe, alors que cela serait vécu négativement de le faire « en solo ». Enfin, partager ce moment entre amis ou en famille renforce indéniablement les liens sociaux.

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