Pourquoi ce collier Art déco de la prochaine vente Christie's Paris affole-t-il les collectionneurs ?
Zoom sur ce trésor joaillier signé Jean Fouquet, qui n’avait pas refait surface depuis les années 1980. On le retrouve cette saison en tête d’affiche de la prochaine vente bijoux de Christie’s Paris.
C’est la loi de l’offre et de la demande. Poussés par une cote toujours ascendante, les bijoux de René Boivin ou de Suzanne Belperron trônent bien souvent en tête d’affiche des ventes parisiennes. C’était sans compter le long travail d’investigation mené par la maison Christie’s Paris et sa directrice du département joaillier, Violaine d’Astorg, pour surprendre et proposer des parures toujours plus rares.
Sous son marteau le 21 juin, pour une vente qui se tiendra à nouveau en tout digital, l’on retrouvera donc bien évidemment un temps fort de la joaillerie française, mais celui-ci aura une saveur toute particulière à ses yeux. Et elle n’est pas la seule car nombreux étaient les passionnés à s’avouer émus face à ce collier de Jean Fouquet qu’elle a présenté dernièrement en avant-première à Genève.
Valeur sûre
Violaine d’Astorg, directrice du département joaillerie Christie’s Paris.
À cela deux raisons. Il y a l’allure et l’histoire même de ce bijou bien sûr, mais aussi le mystère qui l’entoure car personne ne l’avait vu depuis sa dernière exposition aux Arts décoratifs dans les années 1980 et la couverture de la bible de l’Art déco, l’ouvrage de référence rédigé à la même époque par Sylvie Raulet. Depuis, cette parure rare jouait aux belles endormies, nichée dans le secret d’une collection privée. Tous les amateurs de joaillerie la connaissait et l’admirait régulièrement en cover du livre phare, mais plus personne ne l’avait vu depuis plus de trente ans. Jusqu’à son grand retour dans la lumière de Christie’s Paris.
Mais c’est tout autant son auteur que sa signature visuelle atypique qui confère à cette pièce toute sa valeur. «Il y a tant de choses à raconter autour de ce bijou», s’enthousiasme Violaine d’Astorg. «Il faut commencer par ce que l’on voit : d’abord cette spirale mécanique en argent, puis ces cylindres imbriqués avant que le regard ne se pose sur cette aigue-marine spectaculaire de 90 carats posée sur un contraste d’or et de laque. Tout y est, on a le mat, le poli et cet aspect industriel qui a fait le sel de l’Art déco. C’est la pure synthèse du manifeste esthétique prôné à l’époque par Jean Fouquet, membre et fer de lance de l’Union des artistes modernes».
Ce sont eux qui ont façonné cette période qui n’en finit plus aujourd’hui de fasciner par son avant-garde radicale. Cette pièce raconte donc en filigrane le rejet d’une époque, l’ébauche d’une autre et les critiques que ces bijoux n’ont pas manqué de susciter alors. Mais qu’importe pour Jean Fouquet car seul importait alors la clarté du propos. «Je ne le répèterai jamais assez, un bijou se doit d’être composé d’une masse visible de loin», martelait-il alors, rejetant la fioriture pour un accord parfait entre des matériaux purs. Aujourd’hui estimé au plus bas à 350.000 euros, ce collier, étendard de sa vision, risque fortement de battre un record à la clôture de la vente. Et peut-être enfin dépasser le million et le prix de 921.500 dollars atteints en 2017 à New York par un bracelet Art déco, signé lui par son père Georges Fouquet et le célèbre affichiste et dessinateur Cassandre.
Collier Art déco en or jaune et argent, aigue-marine rectangulaire de 90 carats, laque noire, Jean Fouquet, circa 1925. Estimation : 350.000-450.000 €. Renseignements sur Christies.com
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