Post-partum : "Il faut libérer la parole pour mieux vivre cette période compliquée"
Briser le tabou sur le post-partum. C’est l’objectif d’Illana Weizman, auteure « Ceci est notre post-partum. Défaire les mythes et les tabous pour s’émanciper ». Et pour cause : cette étape est marquée par des manifestations physiques et psychologiques difficiles à vivre, mais dont on ne parle pas.
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Nausées, brûlures d’estomac, fatigue… On parle beaucoup des désagréments de la grossesse, mais quid de ce qu’il se passe après l’accouchement ? Cette période post-partum est elle aussi rythmée par des manifestations bien spécifiques, pourtant passées sous silence. Chez 10 à 20% des jeunes mamans, l’après accouchement est aussi marqué par une dépression.
C’est ce qu’a vécu Illana Weizman, à l’origine du mouvement #monpostpartum sur les réseaux sociaux et auteure du livre Ceci est notre post-partum. Défaire les mythes et les tabous pour s’émanciper (éd. Marabout). Après la naissance de son fils, cette sociologue explique avoir « sombré ». Pour déculpabiliser les autres femmes et libérer la parole sur le post-partum, elle témoigne.
Post-partum : un véritable impact sur la santé mentale
Le post-partum est tout d’abord marqué par des manifestations physiques. Le symptôme le plus courant ? Les pertes de sang, appelées lochies. Elles durent en moyenne deux semaines, mais peuvent s’étendre sur une plus longue période chez certaines femmes. « Moi j’ai eu des saignements pendant 6 semaines. Des saignements extrêmement abondants : je changeais mes protections pendant la nuit, je tachais mes draps, j’étais assise sur les toilettes et j’ai des souvenirs où le sang coulait en continu pendant plusieurs minutes », se souvient Illana Weizman.
Cette période est également marquée par des contractions utérines, que l’on appelle les tranchées ou encore une incontinence urinaire. Mais ce n’est pas tout : le post-partum a aussi un impact sur la santé mentale des jeunes mamans.
« C’est un système qui nous met dans cette situation, on n’a pas à s’en vouloir »
Huit mois après son accouchement, Illana Weizman explique avoir vécu une dépression post-partum. « J’avais des moments où je pouvais pleurer pendant 10, 15, 20 minutes sans m’arrêter », se rappelle-t-elle.
Parce que ce sujet est encore tabou, elle s’est auto-censurée et n’a parlé de son mal-être à personne, pensant qu’elle était la seule à vivre ça et qu’elle allait être jugée. « J’ai vécu mon post-partum comme si j’étais défaillante. C’était moi qui avait un problème, c’était moi qui ne savait pas gérer, c’était moi qui n’était pas une assez bonne mère », raconte-t-elle.
Aujourd’hui, elle veut dire aux femmes « que ce n’est pas le cas, que c’est un système qui nous met dans cette situation-là et qu’on n’a pas à s’en vouloir ».
Post-partum : « Parler, ça soigne »
Pour sortir ce qu’elle qualifie de « cercle infernal », Illana Weizman a fait une thérapie. « Parler, ça soigne », assure-t-elle.
C’est la raison pour laquelle elle se confie sur son expérience du post-partum. « Si je parle à une amie de ce que je vis, peu importe qu’elle soit déjà mère, qu’elle ne veuille pas être mère, qu’un jour elle devienne mère, elle va se rappeler de ça (…) et elle va se sentir légitime dans son ressenti. Individuellement, on peut avoir un effet domino entre nous pour libérer la parole et mieux vivre cette période compliquée », explique-t-elle.
Pour faire évoluer les mentalités et lever le tabou, Illana Weizman milite également pour que les professionnels de santé soient formés à la problématique du post-partum, mais aussi pour un congé co-parent égal au congé maternité.
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