Plomb, cadmium, mercure… Les effets des métaux lourds sur la santé

  • Les risques liés au plomb
  • Les dangers du mercure
  • Le cas du cadmium
  • Un test pour détecter la présence de métaux lourds dans l’organisme

L’appellation « métal lourd » n’a pas réellement de fondement scientifique. On considère généralement que les métaux lourds sont caractérisés par une masse volumique supérieure à 5 g/cm3.

Cette classification regroupe à la fois des éléments indispensables à l’organisme – comme le fer, le zinc ou encore le cuivre, les fameux « oligo-élements » – et des métaux non essentiels et toxiques à faible dose. Parmi ces polluants, trois représentent un risque pour notre santé : le plomb, le mercure et le cadmium

Les risques liés au plomb 

Malgré des normes plus strictes depuis quelques années, le plomb est encore très présent dans notre environnement, notamment dans les peintures de maisons anciennes et dans les vieilles plomberies. « En France, la teneur maximale acceptée dans l’eau du robinet est de 10 microgrammes par litre (μg/L) », détaille le Dr Pierre Souvet, cardiologue et président de l’Association Santé Environnement France. « Le principal risque d’une intoxication au plomb est le saturnisme, une maladie responsable de troubles neurologiques« .

Selon l’Assurance maladie, les répercussions d’un saturnisme sont importantes chez les enfants : ralentissement de la croissance, difficultés d’apprentissage, troubles du langage, de la motricité, du comportement, de l’humeur… Les plus petits sont donc particulièrement fragiles, tout comme les femmes enceintes puisque le métal traverse la barrière placentaire pour atteindre le bébé.

Chez l’adulte, une trop forte exposition au plomb peut aussi avoir des conséquences néfastes : hypertension artérielle, atteinte de la motricité fine, maladie rénale, troubles de la fertilité chez l’homme.

Pour poser un diagnostic de saturnisme, il faut que la concentration maximale de plomb dans le sang (plombémie) dépasse 50 µg/L. D’après les chiffres de l’Inserm, environ 2 % des 1-6 ans présentent une telle plombémie. Des taux même inférieurs restent toxiques chez les jeunes enfants.

Comment s’en protéger ?

L’organisme finit par éliminer lui-même le plomb, même si cela prend du temps. Rien de spécial à faire pour accélérer le processus. En revanche, plusieurs mesures s’avèrent utiles pour réduire l’exposition.

L’Assurance maladie recommande, si votre habitation a été construite avant 1949, de ne pas laisser les enfants toucher la peinture, surtout si celle-ci s’écaille. Si vous devez engager des rénovations, notamment un ponçage des peintures, veillez à vous protéger avec des masques filtrants et à bien aérer les pièces.

En cas de doute sur la présence de plomb dans vos canalisations, vous pouvez faire réaliser une analyse. Si vous êtes propriétaire, c’est à vous ou au syndicat de copropriétaires d’effectuer la démarche. Si vous êtes locataire, vous devrez vous adresser à votre propriétaire. 

Dans le cas où les résultats sont en dessous de 10 μg/L, vous pouvez consommer l’eau sans risque. Si le taux dépasse ce seuil, il faudra envisager de changer les canalisations. Avant que les travaux ne soient réalisés, il est préférable que les enfants ne boivent l’eau du robinet. Les adultes peuvent la consommer, à condition de laisser la couler quelques minutes avant de la boire.

Enfin, la fumée de tabac expose à l’inhalation de plomb. Attention également au tabagisme passif.

Les dangers du mercure

Il est présent dans la nature sous forme de méthylmercure, sa forme la plus toxique. Son origine peut être naturelle ou bien industrielle (rejets dans l’environnement). « À la fois perturbateur endocrinien, toxique pour le système nerveux central et périphérique, responsable de troubles thyroïdiens, le mercure se retrouve surtout dans les poissons de fin de chaîne tels que le thon et l’espadon« , poursuit Dr Souvet.

Et aussi dans les anciens « plombages » dentaires, qui ne portent pas bien leur nom puisqu’ils sont réalisés avec du mercure et non du plomb ! Le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a également classé le méthylmercure comme « cancérogène possible » pour les humains.

Selon le programme national de bio-surveillance Esteban, l’imprégnation au mercure touche 100 % des enfants et 99,6 % des adultes en France. Il est naturellement éliminé de l’organisme – principalement par voie urinaire ou fécale -, mais y persiste tout de même très longtemps. Sa demi-vie, soit le temps mis pour perdre la moitié de son activité physiologique, est estimée entre 70 et 80 jours.

Comment s’en protéger ?

Si vous avez encore d’anciens plombages de caries de couleur métallique, vous pouvez prendre rendez-vous chez un dentiste pour les remplacer par des matériaux composites. Ces derniers sont dépourvus de mercure.

Côté alimentation, le Dr Pierre Souvet recommande de « limiter les gros poissons et de privilégiez les plus petits : anchois, sardines, maquereaux, harengs… » Si vous voulez manger du thon ou de l’espadon, consommez-en avec modération. Pour les femmes enceintes ou allaitantes et pour les enfants de moins de 3 ans en revanche, mieux vaut faire une croix dessus.

Dernier conseil du président de l’ASEF : faites le plein de sélénium ! « Il peut limiter la toxicité du mercure dans l’organisme. »

Le cas du cadmium

« Cancérigène certain pour les voies respiratoires et perturbateur endocrinien, le cadmium est un vrai problème dans notre pays. 100 % de la population est imprégnée, de manière nettement supérieure aux autres pays similaires », alerte le Dr Souvet. Qui va même plus loin : « Il pourrait aussi exister un lien entre le cadmium et le cancer du pancréas ». Ce cancer, de très mauvais pronostic, explose en France.

L’exposition au cadmium se fait principalement par le tabac et par voie alimentaire, via les coquillages et les céréales. Ce métal, très présent dans certaines roches, se retrouve en très grandes quantités dans les engrais phosphatés employés dans l’agriculture traditionnelle en France. La cause ? « Nos engrais sont fabriquées à partir de minerais provenant notamment d’Afrique du Nord. Or, ces derniers sont très riches cadmium », explique le spécialiste.

Comment s’en protéger ?

À cette question, le Dr Souvet répond sans hésiter : « Manger bio, surtout pour les céréales et surtout pour les enfants. » Passer à une alimentation 100 % biologique est à la fois très difficile – tous les aliments n’existent pas en version bio -, mais aussi très onéreux. Manger bio à 50 % est déjà une très bonne alternative pour se préserver des méfaits des engrais et donc du cadmium.

L’arrêt du tabac est aussi un moyen de prévention contre les dangers du cadmium. 

Un test pour détecter la présence de métaux lourds dans l’organisme

Les métaux lourds pouvant se retrouver dans les cheveux, leur examen donne des indications quant à une éventuelle exposition. « Comme les cheveux poussent en moyenne d’un centimètre par mois, la zone où le métal est détectée permet de connaître approximativement le moment de l’exposition », indique le Dr Souvet, qui y voit un complément utile aux prélèvements d’urines et de sang.

« Généralement, les médecins ne prescrivent pas de test capillaire, à moins qu’il y ait une suspicion de pollution dans une région par exemple. Pour diagnostiquer une sur-exposition à un métal lourd, les dosages sanguins ou urinaires seront privilégiés. »

Si vous souhaitez assouvir votre curiosité, ces tests capillaires peuvent être employés à titre personnel. Il vous faudra vous procurer un kit sur Internet, réaliser le prélèvement et le renvoyer au laboratoire pour analyse. Ce type de test n’est pas remboursés par l’Assurance maladie ni par les mutuelles.

Si vous pensez avoir été exposé.e à des composés qui pourraient mettre votre santé en danger, il est préférable d’en parler directement à votre médecin traitant.

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