Piocher dans son assurance-vie, c’est facile

Contrairement aux idées reçues, on peut récupérer tout ou partie de son épargne placée sur un contrat d’assurance à tout moment. Quatre façons de procéder.

Restez informée

« Dès qu’on le souhaite, on peut effectuer sans frais des retraits – on parle de « rachats ». Il suffit de contacter son conseiller ou d’écrire à l’assureur pour lui demander de virer la somme. Ou de réaliser l’opération en ligne depuis son espace client », rappelle Jean Malhomme, directeur épargne et prévoyance AXA France. On peut aussi programmer des rachats partiels réguliers (virements mensuels ou trimestriels). Seule restriction ? Certains contrats prévoient des montants minimums de rachat ou un solde plancher à laisser sur le contrat.

Assurance-vie : quelle fiscalité pour les retraits partiels ?

Tout retrait est constitué d’une part de capital et d’une part d’intérêts (seule cette dernière est taxée). Quelque soit la date des versements, après 8 ans de détention, on bénéficie d’une exonération jusqu’à 4 600 € d’intérêts retirés par an (9 200 € pour un couple), ce qui permet de racheter des sommes bien supérieures sans fiscalité. Au delà de ce montant, on peut au choix déclarer ses gains avec ses revenus (à privilégier quand on est pas ou peu imposé) ou opter pour un prélèvement forfaitaire (35 % avant 4 ans de détention, 15% entre 4 et 8 ans, 7,5 % après 8 ans), sachant que les prélèvements sociaux de 17,2 % s’ajoutent dans les deux cas. Nouveauté ? Pour les retraits correspondants à des versements d’après le 27 septembre 2017, les gains ne sont plus taxés qu’à 30 %, prélèvements sociaux inclus, lors d’un rachat avant 8 ans (on peut toujours opter pour l’impôt sur le revenu si on est moins imposé). Après 8 ans, la ponction s’élève à 24,70 % (prélèvements sociaux inclus) si le cumul des versements sur tous les contrats ne dépasse pas 150 000 € (sinon la taxation reste de 30 %, prélèvements sociaux inclus).

Solliciter une avance remboursable

Besoin ponctuel de trésorerie ? Plutôt que d’effectuer un retrait fiscalisé, demandez une « avance » : ce prêt, facturé 1 à 3 % d’intérêts annuels et accordé pour trois ans maximum, est moins cher qu’un crédit conso et laisse votre épargne fructifier (l’assureur peut prêter 50 à 80 % des fonds placés sur le contrat). Et il n’y a aucune fiscalité puisqu’il s’agit d’un crédit. Sauf si vous ne remboursez pas : l’avance est alors taxée postérieurement comme un retrait.

Convertir son capital en rente

Vous ne souhaitez pas transmettre votre épargne ni la récupérer d’un coup, mais aimeriez arrondir vos fins de mois d’un montant garanti jusqu’à la fin de vos jours ? Alors vous pouvez convertir votre capital en rente viagère. Attention, l’opération est irréversible, et constitue un pari sur votre espérance de vie (si vous vivez longtemps, vous percevrez plus que l’épargne accumulée, mais dans le cas inverse, vos ayants droit ne recevront pas le solde). Le montant de la rente dépend du sexe et de l’âge : avec 100 000 € sur son contrat, Liliane, née en 1945, obtient par exemple 530 € par mois en 2020 (le montant peut légèrement varier selon les assureurs). On peut aussi opter pour une rente réversible au conjoint en cas de décès, mais les mensualités sont moindres.

La rente subit l’impôt sur le revenu et les prélèvements sociaux, mais seulement pour une fraction de son montant, qui décroît avec l’âge (50 % entre 50 et 59 ans, 40 % entre 60 et 69 ans, 30 % après 70 ans).

Vider et clôturer son contrat

À tout moment, on peut demander le rachat total de son assurance-vie. Très rarement, des pénalités sont prévues (5 % maximum). La fiscalité sera la même que pour un retrait partiel. Sur un contrat de plus de 8 ans, fractionnez le rachat sur 2 ans pour bénéficier 2 fois de l’abattement de 4 600 €.

Les conseils de l’expert

« Si vous prévoyez des rentrées financières (vente d’un bien, indemnités de départ en retraite, héritage, etc.), sollicitez plutôt une avance : vous économiserez en impôts, surtout si votre contrat n’a pas atteint 8 ans. Pensez-y aussi si vous avez déjà ou si vous approchez des 70 ans : il serait dommage de procéder à des retraits pour refaire ensuite des versements, car les primes versées après 70 ans sont davantage taxées en cas de transmission aux bénéficiaires. »

Merci à Jean Malhomme, directeur épargne et prévoyance AXA France.

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