Phobie d’impulsion : comment se libérer de ce trouble handicapant ?
La phobie d’impulsion est un trouble obsessionnel compulsif (TOC) caractérisé par la peur de commettre (ou d’avoir commis) des violences.
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Phobie d’impulsion : de quoi s’agit-il exactement ?
Définition. La phobie d’impulsion se définit comme la peur irrationnelle de perdre le contrôle de soi-même et de faire du mal à autrui. « Les patients qui souffrent de phobie d’impulsion craignent de commettre des violences (surtout physiques ou sexuelles) sur une personne faible comme une personne âgée ou un enfant » explique le Dr. Monique Rey, médecin psychiatre.
» En présence d’un couteau de cuisine, une personne atteinte de phobie d’impulsion pourra, par exemple, être terrifiée à l’idée de le prendre et de poignarder quelqu’un. Dans la rue, elle pourra avoir très peur de bousculer quelqu’un et d’être à l’origine d’une blessure grave. En voiture, elle pourra craindre de renverser un piéton. Entre amis, elle pourra avoir peur de commettre une agression sexuelle sur un enfant ou sur un adulte » développe la spécialiste.
À savoir. La phobie d’impulsion n’entre pas vraiment dans la grande famille des » phobies » (arachnophobie, trypophobie, bélénophobie…) : « la phobie est très situationnelle : tant que l’objet de la phobie n’est pas présent, le patient va bien. Et lorsque l’objet est présent, le patient réagit par la fuite ou par l’évitement » analyse le Dr. Monique Rey.
» A contrario, dans le cas de la phobie d’impulsion, la personne vit en permanence avec une pensée intrusive : » je vais faire du mal à quelqu’un « . Elle met en place des rituels de vérification visuelle pour (essayer) de calmer l’anxiété : par exemple, elle pourra refaire un trajet en voiture pour s’assurer qu’elle n’a renversé personne lors de son premier passage. C’est la définition d’un trouble obsessionnel compulsif (TOC). » En effet, dans certains cas, la personne atteinte de phobie d’impulsion n’a pas seulement peur de » faire du mal » , mais aussi d’ » avoir fait du mal « .
Et aussi. La phobie d’impulsion constitue, selon le Dr. Rey, « le plus irrationnel des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) « . Elle serait toutefois assez fréquente dans la population : selon l’Inserm, 2 % des Français sont concernés par un trouble obsessionnel compulsif : parmi eux, ¼ souffriraient spécifiquement de phobie d’impulsion.
Phobie d’impulsion : comment est-elle prise en charge ?
Attention ! On l’a dit : les personnes souffrant d’une phobie d’impulsion ont tendance à mettre en place des » rituels de vérification » pour vérifier qu’ils n’ont fait de mal à personne : « il est préférable de ne pas encourager et de ne pas participer à ces rituels qui, contrairement à une idée reçue très répandue, contribuent à aggraver le TOC » recommande le Dr. Monique Rey.
- La thérapie cognitive et comportementale (TCC)
Cette thérapie brève vise à travailler sur deux éléments : le sens donné aux choses par le patient (c’est la partie cognitive) et son comportement face aux choses en question (c’est la partie comportementale).
En cas de phobie d’impulsion, la thérapie cognitive et comportementale (TCC) débute par une phase d’auto-observation : « on demande au patient de noter toutes les fois où le TOC se manifeste, son degré d’anxiété, mais aussi d’observer ses pensées pour identifier les » pensées intrusives » à l’origine de la peur » développe le médecin psychiatre. L’objectif ? Savoir reconnaître les » pensées TOC » ( » je suis un monstre / je vais faire du mal à cette personne / je suis dangereux… « ) pour ne plus y adhérer.
Étape suivante : « le patient est exposé très progressivement aux situations qui lui génèrent de l’anxiété : par exemple, le médecin peut proposer une promenade au cours de laquelle le patient n’a pas le droit de se retourner pour vérifier qu’il n’a bousculé personne. Peu à peu, le patient devient en capacité de faire ce travail seul. «
- Les médicaments
Outre la thérapie cognitive et comportementale (TCC), le médecin psychiatre pourra prescrire des médicaments antidépresseurs qui agissent sur la sérotonine ( » à dose plus importante que pour la dépression » précise le Dr. Rey) afin d’apaiser les symptômes de la phobie d’impulsion.
Dans certains cas, une stimulation électromagnétique transcrânienne (SMT) pourra être proposée : « il s’agit d’une onde électromagnétique qui descend peu profondément dans le cerveau et qui vient travailler sur certaines connexions cérébrales défectueuses en cas de TOC » explique le médecin psychiatre. Dans les cas les plus sévères, une opération chirurgicale peut être envisagée – « la même que celle qui est réalisée dans le cas de la maladie de Parkinson » précise le Dr. Rey.
Merci au Dr. Monique Rey, médecin psychiatre et spécialiste des TOC à la clinique Lyon Lumière (69).
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