Philippe Besson et l’amour maternel
Dans un film documentaire consacré à Marguerite Duras, l’auteure attablée chez elle expliquait que la femme est « un prolétariat ». « La maison lui appartient de la même façon qu’au prolétaire les instruments de travail », exposait-elle alors.
Son dernier roman, Philippe Besson le place très justement sous l’égide de Duras et de La vie matérielle, dont il cite quelques lignes en exergue. La maison est en effet le lieu et le motif de ce texte intitulé Le dernier enfant*.
Dans la peau d’une mère
Ici, l’écrivain d’une cinquantaine d’années se glisse dans la peau d’une femme à peine plus âgée, une mère qui voit son fils le plus jeune quitter le foyer et traverse ce que les Anglo-saxons appellent l’empty nest syndrome (syndrome du nid vide).
Il dit le sentiment de tristesse qui engloutit celle qui ne trouve alors plus de sens à sa vie. Et, dans le même temps, parle à toutes celles qui ont traversé ce passage obligé et errent dans des chambres où ne restent que des posters et des pièces pleines de souvenirs. Le dernier fils a quitté le pavillon pour une ville de province où il est parti étudier. Elle ne s’occupera plus de son linge, de savoir à quelle heure il rentre ni où il se trouve. Pire, peut-être vivra-t-il la maison « comme un hôtel » les rares fois où il y passera à nouveau ?
Au fil des pages, Besson sait faire monter l’angoisse, de plus en plus étouffante. La mère est ce prolétaire qui a toujours ses instruments de travail mais l’usine tourne à vide. Inutile, impuissante, presque démembrée.
*Le Dernier enfant, Philippe Besson, Julliard, 208 pages, 19 euros
- Sarah Biasini : « J’ai toujours eu besoin de rendre ma mère la plus proche de moi possible »
- Ivan Jablonka : « Il y a mille manières d’être un homme »
Source: Lire L’Article Complet