Pharmaciens : une profession à risques !

En France, en 2022, un pharmacien était agressé chaque jour. Cette dérive ne cesse de s’accentuer depuis. En cause, le trafic de médicaments…

Cela a commencé par des menaces, des incivilités, des injures, surtout après le confinement en 2020 où les pharmaciens ont polarisé l’agressivité de toute une population à bout de nerf.

Obligés de vacciner dans les officines et de délivrer des médicaments en même temps, ces professionnels ont été la cible de nombreuses agressions, principalement verbales. Depuis lors, la situation s’est sensiblement dégradée pour une raison majeure : l’émergence de trafics de médicaments de grande valeur financière, particulièrement les anticancéreux et les antidiabétiques, dont certains peuvent valoir au-delà de 4 000 euros la boîte !

Nouvelle délinquance

Parfaitement organisés, des réseaux criminels qui contactent leurs complices sur la messagerie Télégram Messenger délivrent de fausses ordonnances (parfois remplies par de vrais médecins corrompus) de ces médicaments qui valent de l’or. Les boîtes sont ensuite revendues sur le marché international principalement en Asie, avec une préférence pour la Chine.

Selon les dernières constatations de la gendarmerie et de la police, les cerveaux de ces réseaux criminels sont les mêmes que ceux du trafic de drogue. Ces astucieux délinquants ont en effet vite compris que les sanctions pénales concernant les trafics de médicaments sont moins lourdes que celles sanctionnant le trafic de drogue.

Commissaire, que faire pour sauver nos pharmaciens, ces professionnels de proximité dont nous avons tant besoin ?

17 % : C’est le pourcentage en hausse du nombre d’agressions des pharmaciens en 2022 par rapport à 2019 (Source : Conseil national de l’ordre des pharmaciens).

Mon avis : des cibles vulnérables !

Le fait que les pharmaciens soient ainsi attaqués s’inscrit dans la lignée des agressions des personnels de santé que sont les médecins, les infirmiers ou le personnel hospitalier. Cette violence s’est accrue depuis la crise du Covid qui a exacerbé la sensibilité de bien des patients avec les délais d’attente pour les vaccinations, des ruptures de médicaments de plus en plus nombreuses. À cela s’ajoutent les trafics de médicaments, qu’ils soient le fait de drogués ou de trafiquants affiliés à des réseaux mafieux.

Face à ces fléaux, j’ai connu des pharmaciens qui, vu l’importance de leurs officines, s’étaient dotés de systèmes de vidéosurveillance et d’agents de sécurité. Sur le secteur que je commandais, il y avait notamment deux « points sensibles » : la pharmacie de la place de Clichy dans le XVIIe arrondissement, et celle des Champs-Élysées dans le VIIIe, qui s’étaient équipées de vidéos face à la hausse des agressions.

Il faudrait que toutes les officines, cibles très vulnérables, soient dotées d’une vidéosurveillance connectée à une alarme anti-agression, elle-même reliée au service de police local, comme c’est le cas pour les joailleries.

Il faudrait aussi que l’Ordre des pharmaciens réfléchisse à une procédure spécifique de contrôle et de délivrance de ces médicaments coûteux, hors les comptoirs des pharmacies.

Enfin, il faut impérativement que les magistrats appliquent les peines avec rigueur, ce qu’ils ne font pas aujourd’hui. À partir de là, ces peines pourraient même être aggravées dès lors qu’il s’agit de professions médicales.

Commissaire Vénère

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