Pfizer, Moderna : les vaccins à ARN messager protègent-ils contre les variants de la Covid-19 ?

Les sérums anti-Covid Pfizer/BioNTech et Moderna ont un point commun : il s’agit de vaccins à ARN messager. Cette technologie est-elle efficace pour lutter contre les variants du Sars-CoV-2 ? On fait le point.

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La propagation des variants du Sars-CoV-2 à travers le monde continue de susciter l’inquiétude, car ces derniers sont plus contagieux, mais pourraient aussi remettre en question l’efficacité des vaccins. En France, le variant britannique représente désormais 81,5 % des contaminations. Les variants brésilien et sud-africain représentent 5,4 % des nouveaux cas de Covid-19.

Si la campagne de vaccination s’intensifie dans l’Hexagone, avec près de 16 millions de premières doses de sérum anti-Covid injectées, la question de l’efficacité des vaccins, et notamment de ceux à ARN messager, sur ces mutations continue de se poser. Et pour cause : la majorité des premières doses ont été réalisées avec le sérum Pfizer/BioNTech.

Le vaccin Pfizer/BioNTech représente ainsi 66,4 % des premières injections réalisées en France. Le sérum Moderna, quant à lui, représente 7,8% des premières doses administrées. Ces deux sérums ont un point commun : il s’agit de vaccins à ARN messager, une technologie qui pour objectif de faire produire par l’organisme les fragments d’agents infectieux pour déclencher la réponse immunitaire.

Vaccins à ARN messager : moins efficaces face aux variants brésilien et sud-africain ?

Ces sérums nous protègent-ils contre les variants du Sars-Cov-2 ? Une étude parue dans la revue Cell s’est intéressée à l’efficacité des vaccins à ARN messagers sur les mutations du coronavirus. Pour ce faire, les chercheurs ont prélevé les sérums, autrement dit la partie liquide du sang, de 99 patients vaccinés après une, puis deux doses de vaccin Pfizer/BioNTech et Moderna.

Les auteurs de ces travaux ont révélé que ces vaccins à ARN messager conféraient une bonne protection contre la souche historique du Sars-CoV-2 et contre le variant britannique. Quid des autres variants ? « Nous avons constaté que les nouvelles souches décrites pour la première fois en Afrique du Sud étaient 20 à 40 fois plus résistantes à la neutralisation, et que les deux souches décrites pour la première fois au Brésil et au Japon étaient cinq à sept fois plus résistantes, par rapport au virus original », a expliqué Alejandro B. Balazs, professeur adjoint de médecine à la Harvard Medical School, chercheur adjoint au département de médecine du Massachusetts General Hospital de Boston et co-auteur de l’étude. Lorsque des virus sont moins sensibles à l’immunité conférée par la vaccination, on parle alors d' »échappement vaccinal ».

Des conclusions qui vont dans le sens de précédents travaux menés par l’Institut Pasteur sur le vaccin Pfizer/BioNTech. Les résultats révélaient qu’une semaine après la seconde dose, le vaccin était efficace à 80 % contre la souche originelle du Sars-CoV-2 et le variant anglais. En revanche, son efficacité passait à 60 % face au variant sud-africain.

De son côté, la Haute Autorité de Santé (HAS) « recommande à ce stade, de continuer à privilégier l’accès aux vaccins pour lesquels on dispose de données en faveur du maintien d’un niveau élevé d’efficacité contre le variant dit ‘sud-africain’ », parmi lesquels elle cite les sérums Pfizer/BioNTech et Moderna.

Covid-19 : Pfizer et Moderna adaptent leurs vaccins

Faut-il s’inquiéter de la potentielle baisse d’efficacité des vaccins à ARN messager lorsqu’ils sont confrontés aux variants brésilien et sud-africain ? Dans The Conversation, Anne Goffard, virologue au CHU de Lille, souligne les limites des travaux parue dans la revue Cell : « Cette étude, très rigoureusement menée, reste une étude ‘in vitro’ ; elle ne permet pas de tirer de conclusions quant aux conséquences cliniques de ces résultats obtenus sur des cellules en culture », indique-t-elle.

Autre aspect à prendre en compte : les vaccins basés sur cette technologie disposent d’un avantage non négligeable, car ils ont plus rapides à mettre au point, et donc à modifier. « Il y a des formats plus rapidement et plus facilement adaptables. Clairement, ce sont les ARN messagers« , expliquait en mars dernier à l’AFP Sylvie Van der Werf, virologue à l’Institut Pasteur.

Actuellement, les laboratoires Pfizer et BioNtech testent ainsi l’efficacité d’une troisième dose de son vaccin contre les mutations du virus. De son côté, Moderna évalue notamment la nécessité de rappels spécifiques pour conférer une meilleure protection contre le variant sud-africain.

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