Peut-on picoler après s'être fait vacciner? Et autres questions pas si anodines
D’abord, quelques éléments à avoir en tête avant une prise de rendez-vous le jour pour le lendemain. En cas d’infection avec fièvre (sinusite, otite, abcès, etc.), il est préférable d’attendre quelques jours. En effet, le système immunitaire est occupé par ailleurs et pourrait moins bien répondre au vaccin.
Par ailleurs, au moindre symptôme évocateur du Covid-19, il faut se faire tester. Non seulement cela vous évitera de contaminer les autres personnes présentes dans le centre de vaccination si vous êtes positif, mais vous devrez aussi attendre trois à six mois avant de vous faire vacciner.
Il vaut également mieux éviter les coups de soleil juste avant ou les jours qui suivent la vaccination: on le sait peu mais ce type de brûlure mobilise beaucoup le système immunitaire.
Le cycle menstruel ne semble pas avoir d’influence particulière sur l’efficacité du vaccin et ce même s’il y a une élimination de tissus macrophages pendant les règles. Reste que si celles-ci sont douloureuses et nécessitent la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), il peut être préférable d’attendre –comme nous le signalons plus bas. Certaines personnes ont rapporté un dérèglement du cycle après vaccination: il est possible que cela n’ait rien à voir avec la vaccination, il est aussi possible que ce soit lié à l’inflammation temporaire causée par la réaction immunitaire. Il n’y a vraisemblablement pas d’inquiétude à avoir si cela n’a lieu que sur un seul cycle. Dans tous les cas, cela ne signifie en aucun cas que le vaccin a une quelconque influence sur la fertilité.
Avant l’injection
Quelques jours avant l’injection, il est préférable d’éviter tout ce qui (sur-)stimule le système immunitaire comme les baignades en eau froide ou le sport à très haute intensité quand on n’en est pas coutumier. Les activités qui affaiblissent le système immunitaire sont à éviter: nuits à travailler, à binge-watcher des séries ou à faire la fête engendrant un manque de sommeil, excès d’alcool, etc.
Afin de ne pas nuire à l’efficacité du vaccin, les médicaments qui altèrent l’immunité sont aussi à éviter dans les jours qui précèdent l’injection. Il s’agit notamment des AINS –comme l’ibuprofène (Advil, Spifen, Nurofen) ou son cousin le flurbiprofène (Antadys, souvent donné pour les règles douloureuses) ainsi que la cortisone. Si vous êtes jusqu’au-boutiste et que vous voulez ne mettre aucun mini-obstacle à votre système immunitaire, vous pouvez aussi limiter la cortisone en local (eczéma, psoriasis, etc.) ou en spray (rhinite allergique, polypes, etc.).
En revanche, la prise d’antihistaminiques ne pose pas de problème: pas la peine de transformer votre nez en chou-fleur en arrêtant votre allié contre le pollen en ce moment!
Bien évidemment, si vous prenez régulièrement des traitements pour une maladie chronique liée au système immunitaire, parlez-en à votre médecin afin d’adapter ponctuellement la prescription. Tous les autres traitements doivent absolument être maintenus.
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Parlons paperasse maintenant. La carte vitale est le must-have au centre de vaccination, ou à défaut une attestation avec votre numéro de sécurité sociale, qui sera utile pour accéder à votre dossier vaccinal. Pas d’espèces, de carnet de chèques, de carte bleue, de mutuelle: vous n’aurez rien à régler.
Si vous avez déjà eu le Covid, prévoyez d’apporter les résultats de votre test PCR positif, c’est important parce qu’avoir déjà contracté la maladie vous exempte d’une seconde dose de vaccin (hors vaccin Janssen qui ne nécessite de toute façon qu’une seule dose.) La raison est simple: une première infection équivaut à un premier shot, il n’y a donc pas lieu de faire deux injections.
L’injection
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Pour le look, come as you are, même s’il est toujours préférable de porter un haut qui permet de découvrir le deltoïde ou qui le laisse découvert. Cela permettra un gain de temps précieux pour les personnels soignants et les autres aspirants à la vaccination. Évidemment –mais est-il vraiment utile de le rappeler?– le masque est de rigueur.
Sur place, tout va très vite et c’est à peine si on sent l’injection. Le seul conseil à donner est de bien choisir le bras piqué. Pro tip: on pense souvent au bras avec lequel on n’écrit pas, mais la bonne idée, c’est davantage de choisir le bras sur lequel on ne dort pas! Après la piqûre, on vous remettra un certificat de vaccination avec un QR code que vous pouvez scanner pour l’ajouter dans l’application TousAntiCovid si vous l’utilisez. En toute logique, il est recommandé d’éviter de partager ledit QR code sur les réseaux sociaux. Une personne mal intentionnée pourrait le récupérer –et vos données personnelles avec– et l’utiliser à des fins de fraude.
Tout de suite après l’injection, il convient d’attendre quinze minutes dans une salle prévue à cet effet. Le but est de rester sous surveillance pendant ce court laps de temps où une réaction anaphylactique –extrêmement rare– peut survenir.
Et voilà, c’est fait. À moins que vous n’ayez déjà contracté le Covid ou que vous soyez vacciné avec le vaccin Janssen, vous devrez revenir sous trois à six semaines selon les centres pour un second shot (ou douze semaines pour le vaccin AstraZeneca, réservé aux plus de 55 ans).
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Après l’injection, déception: vous ne capterez pas la 5G et n’attirerez pas les métaux. En revanche, il est fréquent d’avoir mal là où on a été piqué –ça ressemble généralement à une plus ou moins grosse courbature et c’est tout à fait normal. Cela peut être lié à une micro-lésion du muscle puisque l’injection se fait en intramusculaire et/ou à une réaction immunitaire de l’organisme (c’est quand même ça que vous êtes venu chercher!). En effet, le vaccin trompe le système immunitaire en lui faisant croire (à tort) qu’il est envahi par le virus. Alors, l’organisme envoie des globules blancs pour repousser l’intrus, ce qui peut expliquer la douleur. Vous pouvez évidemment continuer à vous servir de votre bras. Pour vous soulager, vous pouvez y appliquer une compresse fraîche.
Puisque le vaccin feint l’attaque virale et que l’organisme met en place des défenses en réaction, il est aussi possible de ressentir quelque chose qui ressemble à un syndrome grippal –ou à une bonne gueule de bois. Ce n’est pas du tout inquiétant et il n’y a rien d’autre à faire que de bien s’hydrater, se reposer et éventuellement prendre un peu de paracétamol. C’est la raison pour laquelle certaines personnes préfèrent se faire vacciner la veille d’un jour de congé.
Il est aussi possible d’avoir les ganglions qui gonflent un peu: pas de panique, cela va rentrer dans l’ordre; et de surréagir à des piqûres d’abeille ou de moustique sans que cela ne porte à conséquence pour autant.
Notez bien que ces effets indésirables ne sont pas systématiques et que ne rien ressentir ne signifie pas que le vaccin n’a pas fonctionné.
Après l’injection
Venons-en enfin à la question que l’on se pose tous: est-ce que oui ou non on peut picoler pour fêter ça? Alors… ce n’est pas une très bonne idée dans la mesure où la consommation d’alcool nuit au système immunitaire. Bien sûr, une bière ne ruinera pas un an de recherche pharmaceutique, cinq mois d’attente et quarante-deux touches F5 brisées… mais il faut éviter une consommation excessive.
En fait, on en sait assez peu à propos de l’impact de la consommation d’alcool sur l’immunité mais une chose est largement établie: une consommation excessive altère la réponse immunitaire et augmente la sensibilité aux infections bactériennes et virales. Elle empêche les cellules immunitaires de se rendre sur les sites d’infection et de s’acquitter de leurs fonctions, comme détruire les virus, les bactéries et les cellules infectées; et elle permet aux agents pathogènes d’envahir les cellules plus facilement. Autre argument en faveur d’une consommation très modérée: l’alcool –et l’éventuelle gueule de bois qui va avec– peut accentuer les effets indésirables du vaccin, tels que la fièvre ou la sensation de malaise.
Évidemment, les drogues ne sont pas une bonne idée non plus et notamment la MDMA/ecstasy, qui a tendance à déshydrater –ce qui, sur un syndrome grippal éventuel, n’est pas vraiment recommandé.
Par contre, il n’y a aucune contre-indication à se faire une bonne bouffe. Des troubles digestifs bénins ont été décrits en post-vaccination mais il n’existe pas de données pour savoir s’il s’agit d’une simple corrélation ou s’il y a bel et bien un lien de causalité avec la vaccination.
Le sport avec modération ou toute autre activité physique ne présente aucun risque, il faut juste tenir compte d’une fatigue éventuelle qui pourrait diminuer la réponse immunitaire. Si vous êtes sportif, pas de raison d’arrêter votre entraînement habituel toutefois.
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Et le masque alors? Eh bien, il faut garder en tête que le vaccin n’est pleinement efficace que quinze jours après la dernière injection et quatre semaines après la dose unique du vaccin Janssen. Entre-temps, il est donc nécessaire de continuer de se protéger et de protéger les autres. Et ensuite? Dans l’espace public, les terrasses, les cinémas, les salles d’attente, les transports, etc. on reste masqué. En revanche, on peut scientifiquement s’autoriser à le retirer lorsque l’on est dans une pièce où toutes les personnes sont vaccinées.
Concernant enfin les mesures d’isolement et de testing, selon la Direction générale de la Santé (DGS), même après avoir complété son schéma vaccinal, on demeure cas contact si on a côtoyé une personne positive et il convient donc de s’isoler: «En l’absence de données consolidées et donc de “risque zéro”, il est impératif de poursuivre, à ce stade et par mesure de précaution, le contact tracing (et donc l’isolement des cas contact)», a précisé la DGS sollicitée par LCI. En effet, même si les premières études indiquent un effet positif et notable de la vaccination sur la transmission, le principe de précaution reste de mise. Il en va de même pour le test en cas de symptômes car en l’état actuel des connaissances, la seule chose certaine est que le vaccin empêche de développer une forme grave du Covid.
L’autrice de cet article a été vaccinée samedi 15 mai. Elle a passé son dimanche avec une bonne impression de gueule de bois et des douleurs au bras qui ont disparu dès le lendemain.
Merci au Dr Michaël Rochoy, médecin généraliste et au Dr Stéphane Korsia-Meffre, rédacteur médical, enseignant en Département universitaire de Médecine générale et vétérinaire, pour leurs précisions.
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