Peut-on faire une prise de sang de grossesse sans ordonnance ?

Les neufs mois de grossesse sont rythmées par les consultations, les échographies, mais aussi les prises de sang. Quelles sont-elles et peuvent-elles être réalisées sans ordonnance ? On fait le point avec Nicolas Dutriaux, sage-femme.

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Depuis quelques temps, vous avez un projet de bébé. Qu’il s’agisse du premier ou que vous souhaitiez agrandir la famille, vous attendez cet événement avec impatience. Bonne nouvelle : vous venez de faire un test de grossesse et le résultat est positif. Puisque vous êtes bel et bien enceinte, c’est désormais le moment de prendre rendez-vous avec votre médecin ou votre sage-femme afin d’entamer votre suivi de grossesse.

La prise de sang de grossesse n’est utile que dans certains cas

Dans certains cas, le professionnel de santé peut prescrire une prise de sang pour confirmer la grossesse. L’objectif ? Doser la bêta-HCG, l’hormone produite par le placenta qui signe le début de la grossesse. Elle est détectable dans le sang dès le dixième jour de la grossesse.

Il s’agit de la même hormone que celle qui est recherchée dans les tests urinaires vendus en pharmacie. C’est pourquoi cette prise de sang n’est pas obligatoire et n’est utile que dans certains cas. « Une prise de sang après un test urinaire de grossesse positif ne doit être réalisée que si un doute subsiste sur le résultat du test urinaire, en cas de suspicion ou d’antécédent de grossesse extra-utérine ou encore de fausse-couche. Le reste du temps, il faut aussi apprendre à faire confiance aux signaux envoyés par son corps ! », explique Nicolas Dutriaux, sage-femme.

Si la prise de sang n’est pas toujours nécessaire, c’est également parce que les tests de grossesse sont fiables. Mais pour ce faire, ils doivent être réalisés au bon moment. « Quand un test est réalisé trop tôt, il peut donner un résultat faux négatif. En revanche, il n’existe pas de faux positif : si le test indique un résultat positif, c’est qu’il y a une grossesse », précise Nicolas Dutriaux.

Prise de sang de grossesse : l’ordonnance est-elle obligatoire ?

La prise de sang de grossesse peut être réalisée à n’importe quel moment de la journée et il n’est pas nécessaire d’être à jeun. L’ordonnance n’est pas obligatoire non plus : il est possible de se présenter au laboratoire sans ce document, mais le prélèvement ne sera alors pas remboursé par la Sécurité sociale. Si vous n’avez pas d’ordonnance, il conviendra donc de régler l’examen, soit 18 euros environ.

Grossesse : la liste des autres prises de sang à réaliser si vous êtes enceinte

Cette première prise de sang de grossesse ne sera pas la dernière ! Au cours des neuf prochains mois, il convient d’en réaliser plusieurs. Si certaines sont dites obligatoires, d’autres sont quant à elles obligatoirement proposées. Toutes peuvent être réalisées avec ou sans ordonnance. Mais dans le second cas de figure, elles ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale. « Historiquement, les prestations sociales étaient soumises au respect des examens dits obligatoires. Depuis la loi du 4 mars 2002, et le rappel que tout patient-e ne peut être soumis à un examen médical sans consentement et information, les examens dits ‘obligatoires’ ne sont en fait de notre côté qu’obligatoire à proposer car dans tous les cas, votre corps vous appartient. Les prestations sociales ne sont donc plus soumises ‘au respect’ du bon suivi de ces examens », précise Nicolas Dutriaux.

Parmi les prises de sang obligatoires au cours de la grossesse, on retrouve :

  • le dépistage de la rubéole. Elle permet de s’assurer que la future maman a une immunité vaccinale suffisante pour éviter tout risque de contamination au début de la grossesse, car cette maladie est dangereuse pendant le premier trimestre de la grossesse. Si un doute existe quant à l’immunité et que le carnet de santé de la future maman ne permet pas de s’assurer que les deux doses du vaccin ROR ont été faites, un suivi mensuel sera proposé jusqu’à 5 mois de grossesse.
  • le dépistage de la toxoplasmose. Un suivi mensuel est ensuite proposé aux futures mamans non immunisées. « Il faut relativiser cela car désormais, la majorité des femmes ne sont pas immunisées, les chats ne l’étant plus eux-mêmes puisqu’ils mangent des boites et des croquettes surcuites où le toxoplasme n’a aucune chance de survie », ajoute Nicolas Dutriaux.
  • la vérification du groupe sanguin et du rhésus. Si la future maman est rhésus négatif, un prélèvement sanguin lui sera proposé afin d’évaluer le rhésus du bébé. S’il est rhésus positif, une injection d’anti-D sera proposée à la maman au 3ème trimestre et après la naissance. Et pour cause : l’éventuel passage des globules rouges du bébé dans le sang de la future maman créerait une réaction immunitaire problématique lors des grossesses suivantes si le futur bébé est lui aussi rhésus positif. Cette injection neutralise donc ces globules rouges. C’est pour cette raison qu’une recherche des agglutinines irrégulières (RAI) est réalisée au 1er trimestre, à 6 mois et en fin de grossesse. Elle a pour objectif de vérifier l’absence de tout anticorps dirigé vers les groupes sanguins des globules rouges ou des plaquettes qui pourraient compliquer la grossesse, le suivi du nouveau-né à sa naissance ou qui nécessiterait une vigilance accrue en cas de transfusion sanguine pour la maman à l’accouchement.
  • la sérologie de l’hépatite B. Si la future maman est porteuse chronique du virus de l’hépatite B, cela permet de proposer une séro-vaccination au nouveau-né afin de lui éviter la transmission de l’hépatite B. « La recherche d’un contact avec l’hépatite C n’est recommandée que sur facteur de risque, mais elle est souvent faite pour permettre aux femmes qui ne savaient pas qu’elles étaient porteuses de bénéficier d’un suivi adapté tout au long de leur vie », ajoute Nicolas Dutriaux.
  • le dépistage de la syphilis. Cette maladie est plus rare de nos jours, mais cela permet de traiter cette infection sexuellement transmissible souvent totalement asymptomatique.
  • la numération formule sanguine (NFS). Cet examen est obligatoire au sixième mois de grossesse mais est souvent proposé plus tôt. L’objectif ? Identifier une éventuelle anémie dès le début de grossesse afin d’adapter les conseils alimentaires en les complétant si besoin par un apport en fer supplémentaire. « Au premier trimestre, la NFS est complétée ou substituée par un dosage de la réserve en fer fin d’évaluer le potentiel des réserves pour les 9 mois à venir et anticiper toute anémie en fin de grossesse », ajoute Nicolas Dutriaux.

Pendant la grossesse, d’autres prises de sang ne sont pas obligatoires mais sont obligatoirement proposées. Parmi elles, on retrouve :

  • le dépistage du VIH
  • le dépistage des trisomies. « Cet examen est basé sur un calcul de risque : 1 risque de trisomie sur X chances que l’enfant à naître ne soit pas atteint par la trisomie 21. A partir d’un risque dit intermédiaire d’un sur 1.000, un second prélèvement est proposé pour rechercher de faibles quantités d’ADN du bébé dans le sang. L’objectif est d’éviter au maximum les amniocentèses désormais réservées à des cas particuliers et donc de réduire le risque de fausse-couche », ajoute Nicolas Dutriaux.

Il existe également un cas particulier : le dépistage du cytomégalovirus (CMV). Ce virus appartenant à la famille de l’herpès est à l’origine d’une infection dangereuse chez la femme enceinte. « Son dépistage n’est pas officiellement recommandé, mais certains professionnels de santé militent pour qu’il soit demandé au premier trimestre de la grossesse, car il existe désormais des traitements prometteurs », explique Nicolas Dutriaux. Problème : immunité ne veut pas forcément dire absence de risque car une seconde rencontre avec le virus peut parfois avoir plus de conséquences que la première. Il convient donc de maintenir les « gestes barrières » avec les enfants : ne pas manger avec les mêmes couverts ni dans la même assiette, se laver les mains après avoir mouché son enfant ou encore à la sortie des WC.

Dans certains cas particuliers, d’autres éléments peuvent être recherchés (suivi rénal, hépatique, autres virus…).

Merci à Nicolas Dutriaux, sage-femme à Herblay (Val-d’Oise) et membre du Collège National des Sages-Femmes de France (CNSF) – Commissions exercices et pratiques professionnelles.

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