Peut-on encore s’offrir une piscine sans culpabiliser ?
- Piscine et économies d’eau : que dit la loi ?
- Petite piscine en dur, le compromis idéal ?
- La piscine démontable, la plus gourmande en eau
- Pour un usage responsable de la piscine
C’est un cercle vicieux à vous rendre fou : plus il fait chaud, plus il fait sec et plus il devient crucial de limiter nos consommations d’eau. Mais paradoxalement, plus ces mêmes températures s’élèvent et plus nos envies de piscine deviennent irrésistibles. Alors doit-on forcément trancher entre la raison et le cœur ? Et peut-on encore céder aux sirènes de la baignade à domicile sans passer pour un monstre d’égoïsme qui se moque de la planète ? La réponse, plus nuancée qu’il n’y paraît, dépend de nombreux facteurs.
Piscine et économies d’eau : que dit la loi ?
Si le gouvernement affirme s’interroger sur la liberté de construire de nouvelles piscines individuelles à l’avenir, il n’existe pour l’instant aucune interdiction au niveau national (hormis celle de remplir son bassin en cas d’alerte sécheresse de niveau 2). Néanmoins, une dizaine de communes (principalement dans le Var) ont instauré des moratoires prohibant toute nouvelle construction sur leur sol (pour une période moyenne de 5 ans). Et nul doute que d’autres décisions de ce type suivront à mesure que les épisodes de sécheresse se multiplieront dans les années à venir. En attendant, ces incertitudes font d’ores-et-déjà trembler le marché immobilier qui ne sait plus si posséder une piscine sera un avantage ou un poids dans les prochaines années. Mais pour lors – sauf à vivre dans une des communes concernées par les arrêtés en question – construire ou non une piscine reste une décision qui vous appartient. À condition bien sûr de respecter les démarches légales qui imposent une déclaration préalable de travaux en mairie pour les bassins de plus de 10 m2 et l’obtention d’un permis de construire pour ceux de plus de 100 m2. Mais bonne nouvelle : les piscines de moins de 10 m2 ne nécessitent aucune démarche. Un avantage qui est loin d’être le seul à plaider en leur faveur, surtout lorsqu’il s’agit d’économiser l’eau.
Petite piscine en dur, le compromis idéal ?
Impossible d’évoquer la consommation en eau d’un bassin sans commencer par s’interroger sur son volume. Car même si les piscines individuelles de format olympique restent rares, des différences majeures subsistent selon leurs dimensions. Mais d’abord a-t-on foncièrement besoin d’un bassin de 10 mètres de long par 5 mètres de large lorsqu’il existe des systèmes efficaces de nage à contre-courant ? Et est-il indispensable de plonger par 3 mètres de fond pour se rafraîchir durablement ? Opter pour un petit modèle permet de satisfaire la plupart des fonctions d’une piscine sans recourir à de phénoménales quantités d’eau.
Photo : Piscine sur un toit terrasse avec vue sur les gratte-ciel de la De´fense
Pour preuve, les deux projets illustrant notre article (et réalisés par Piscinelle sur un toit à La Défense et dans un jardin bordelais) qui présentent des surfaces de seulement 6,7 et 4,88 m2. Avec respectivement moins de 8 et 6 mètres cubes d’eau, leur premier remplissage équivaut à peine à la moitié de la consommation annuelle d’un WC (estimée à 15 m3). Et sachant qu’un bassin nécessite d’être réapprovisionné à hauteur d’un tiers de son volume chaque année, la consommation en eau de ces modèles dépasse donc à peine les 2 mètres cubes. Alors question : à raison de 10 litres par passage, vaut-il mieux prendre deux douches supplémentaires chaque jour (multipliées par le nombre d’habitants) pour se rafraichir lors des périodes de canicule (de plus en plus longues et fréquentes) ou opter pour une petite piscine ? Réponse (pour une famille de 4) : au-delà de 25 jours à ce régime, une piscine est plus économique en eau (et diablement plus agréable et efficace) pour se mettre au frais.
La piscine démontable, la plus gourmande en eau
Quelles que soit leurs dimensions, les piscines montées moins de trois mois (pour la saison) ne nécessitent pas la moindre autorisation. Faciles à installer et relativement peu chères, leur format peut même rivaliser avec celui d’un bassin traditionnel. Des arguments alléchants qui ont de quoi faire douter mais qu’il faut relativiser. En rappelant d’abord que la durée de vie de ces structures démontables n’est absolument pas comparable avec celle d’une piscine en dur et que leur intégration esthétique est rarement un succès. Mais surtout qu’une telle solution impose de vider chaque année l’intégralité de son bassin pour le remplir à nouveau la suivante. Un gaspillage inacceptable qui souligne justement l’intérêt d’entretenir scrupuleusement sa piscine et la précieuse eau qu’elle contient.
Pour un usage responsable de la piscine
Une fois rempli et bien entretenu, un bassin n’a en théorie plus jamais besoin d’être vidé (sauf si des travaux structurels s’imposaient). Avec un système de filtration efficace (limitant les ajouts chimiques), un aspirateur et un nettoyage quotidien de sa surface, l’eau stockée est destinée à y rester. Mais si une couverture ou un abri sont indispensables pour la protéger tout l’hiver, leur utilité vaut aussi en saison pour limiter son évaporation. Particulièrement pertinente lors de périodes d’inutilisation prolongées, cette précaution certes contraignante (mais sécuritaire et automatisable) permettrait de réduire de moitié l’eau nécessaire au remplissage annuel de la piscine. Déroulée quotidiennement sur un modèle de petit format, une couverture serait donc susceptible de limiter sa consommation annuelle à seulement un mètre cube. Autant d’arguments qui plaident d’ailleurs en faveur de la rénovation des vieux bassins dont l’eau doit être régulièrement remplacée pour cause de filtration obsolète. Car plus encore que la quantité d’eau monopolisée pour remplir une piscine, ce sont surtout les soins qu’on lui prodigue pour la conserver qui comptent. D’ailleurs toutes ces subtilités démontrent que – pour le moment – la vraie question à se poser ne se réduit pas à « piscine ou pas piscine ? » mais plutôt à « quelle piscine ? ».
Photo : Mini piscine Bordeaux avec pierre de travertin et liner vert argile
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