Perfluorés : comment éviter ces substances chimiques nocives ?

Ces substances chimiques nocives que nous connaissons mal s’invitent pourtant partout autour de nous. Nos conseils pour faire place nette.

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On aimerait bien éviter certaines familles, surtout celles qui ont la fâcheuse manie de s’incruster. Parmi elles, celle des substances chimiques de synthèse, appelées composés perfluoroalkylés, ou PFAS de leur petit nom, et qui appartiennent à une tribu plus vaste encore, les composés perfluorés ou PFC. Ces PFAS ont droit de cité dans nos poêles antiadhésives, les emballages alimentaires, les vêtements imperméables, des tapis et meubles, certains produits de bricolage… Partout, en somme. Une omniprésence qui pose problème car nombre de ces ingrédients sont nocifs pour l’environnement et notre santé.

Les premiers rejetons des PFAS sont nés dans les éprouvettes des laboratoires au milieu du XXe siècle. Aujourd’hui, ils constituent toute une dynastie avec des dizaines de descendants aux prénoms tous plus originaux les uns que les autres. Les plus célèbres s’appellent sulfonate de perfluorooctane, acide perfluorohexane sulfonique, acide perfluorooctanoïque et acide perfluorononanoïque, et portent les charmants diminutifs de PFOS, PFHxS, PFOA et PFNA. Les PFAS sont une famille brillante, aux multiples qualités. Ils résistent à des chaleurs infernales. Ils ne craignent ni l’eau ni les graisses. Ils ne tremblent même pas devant les acides. Ils font la fierté de leurs géniteurs chimistes. Voilà pourquoi ils se retrouvent dans d’innombrables objets du quotidien.

Malheureusement, ils ont les défauts de leurs qualités, explique Bruno Le Bizec, directeur du Laboratoire d’étude des résidus et contaminants dans les aliments (Laberca) : « Ces molécules sont particulièrement stables, peu biodégradables, ce qui les prédispose à une longue persistance dans l’environnement. Par les rejets industriels passés ou le ruissellement de décharges, les sols se sont pollués et, dans leur sillage, les nappes phréatiques. Les PFAS ont progressivement envahi l’environnement, puis l’être humain et la plupart des espèces animales en tête de chaîne trophique. »

Au four et au moulin

Selon le scientifique, nous y sommes aussi confrontés par l’ingestion d’eau, de poussières et d’air contaminés, ainsi que par le contact de la peau avec les textiles imprégnés. Mais l’alimentation constitue la principale source d’exposition. Dans l’ordre décroissant de contribution à la contamination, citons les poissons et fruits de mer, les œufs et produits dérivés, la viande et, dans une moindre mesure, les fruits. Une étude* qui recherchait la présence de 17 composés perfluorés, dont des PFAS, chez près d’un millier de personnes a révélé que 7 étaient détectés à plus de 40 % chez les adultes et 6 chez les enfants. Deux substances, le PFOA et le PFOS, étaient même présentes chez 100 % des individus. Ces deux trublions sont d’ailleurs classés comme polluants organiques persistants (POP).

L’exposition régulière et la persistance des PFAS font que ces molécules s’accumulent dans nos organismes. Et elles finissent toujours par se manifester de manière déplaisante. « Augmentation du poids du foie ou des reins, troubles du métabolisme lipidique [taux de cholestérol plus élevé notamment, ndlr] et diminution de la concentration des hormones thyroïdiennes », détaille Bruno Le Bizec. Il ajoute que chez la souris, « l’effet le plus sensible est une altération du développement des glandes mammaires, après exposition des mères en fin de gestation ou de la progéniture in utero ou par lactation ». Il alerte par ailleurs sur les résultats d’une étude de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), qui révèle que PFOA et PFOS réduisent l’efficacité des vaccins et la résistance aux infections. D’autres effets délétères sont également suspectés : cancer du sein, hypertension pendant la grossesse, augmentation du risque de fausse couche, réduction de la quantité et de la mobilité des spermatozoïdes… Le film Dark Waters, sorti début 2020, qui s’appuie sur des faits réels, témoigne lui aussi des risques. Il traite du lien entre la pollution au PFOA d’un bout de campagne aux États-Unis par l’industriel DuPont et les cancers de la population locale.

Allez hop, du balai !

Un tel constat ne peut qu’inviter à une vigilance accrue. D’autant que l’on a les moyens d’éviter ces infréquentables, notamment en veillant aux produits que l’on achète. À la cuisine, remplacez les ustensiles aux revêtements antiadhésifs par des poêles en Inox ou en acier et des cocottes en fonte, même si cela signifie plus de matières grasses pour cuisiner et davantage d’huile de coude pour les nettoyer. Oubliez les tapis et meubles traités « antitaches ». Et réduisez les passages au fast-food. 46 % des emballages alimentaires et 20 % des cartons pour frites et boissons contiennent des PFAS, a relevé une étude conduite dans ces restaurants aux États-Unis. Enfin, éliminez de la salle de bains les produits contenant du PTFE (autre composé perfluoré présent notamment dans les dentifrices). Bref, il va falloir se montrer un peu plus sélectifs avec les intrus que nous laissons entrer chez nous. •

* Publiée en 2019 par Santé publique France.

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